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Lunalilo

Lunalilo
Illustration.
Portrait du roi Lunalilo, peint par Eiler Jurgensen.
Titre
Roi d'Hawaï

(1 an et 26 jours)
Couronnement
Premier ministre Paul Nahaolelua
Prédécesseur Kamehameha V
Successeur David Kalākaua
Biographie
Dynastie Maison de Kamehameha
Nom de naissance William Charles Lunalilo
Date de naissance
Lieu de naissance Pohukaina, Honolulu, Hawaï
Date de décès (à 39 ans)
Lieu de décès Waikīkī, Honolulu, Hawaï
Père Charles Kanaina
Mère Kekāuluohi
Conjoint Victoria Kamāmalu (1857-1858)
Miriam Auhea Kekāuluohi Crowningburg (1859-1874)
Religion Protestantisme

Lunalilo
Monarques d'Hawaï

Lunalilo, né sous le nom de William Charles Lunalilo le à Honolulu (Hawaï) où il est mort le , fut le sixième monarque du royaume d'Hawaï de 1873 à sa mort.

Fils de la reine Kekāuluohi et petit-fils de la reine douairière Kalākua Kaheiheimālie, il accède au trône après les décès successifs de ses cousins les rois Kamehameha IV et Kamehameha V. Son avènement au pouvoir est confirmé par un référendum qui met un terme à la crise de succession provoquée à la suite du décès de Kamehameha V et au refus de ses sœurs de porter la couronne. Sous son règne, l'armée est dissoute après une révolte de caserne en septembre 1873 qui avait pour objectif de mené un coup d'État contre le pouvoir royal. Très populaire, tant auprès de ses sujets que chez les hommes d’affaires étrangers, Lunalilo obtient le surnom de « roi du peuple ». Il meurt sans descendance quinze mois seulement après sa montée sur le trône, provoquant une nouvelle crise de succession. De nouveau, les grands du royaume se réunirent pour élire un roi qui saurait les guider après l'extinction de la première lignée royale. À la fin d’une longue campagne politique opposant la reine Emma, veuve du roi Kamehameha IV, au prince David Kalakaua, au cours de laquelle les deux rivaux multiplièrent les outrages à l’un comme à l’autre, c’est ce dernier qui obtient le plus de soutiens de la part de la noblesse. En 1874, Kalakaua monte officiellement sur le trône, succède à Lunalilo et par la même occasion fonde la dynastie des Kalakaua qui tient le pouvoir jusqu’à la chute de la monarchie hawaïenne.

Lunalilo est le dernier souverain apparenté à la lignée directe de Kamehameha Ier.

Les premières années

Naissance

Photographie du jeune prince Lunalilo.

William Charles Lunalilo est né le 31 janvier 1835 dans une maison à deux étages en brique de corail, une zone connue sous le nom de Pohukaina à Honolulu, qui fait maintenant partie du parc du palais Iolani. Lunalilo se traduit par Luna (haut) lilo (perdu) ou « si haut qu'il est perdu de vue » dans la langue hawaïenne.

Famille

Sa mère était Kekāuluohi, ancienne épouse du roi Kamehameha Ier d'Hawaï, et son père était le noble Charles Kanaina[1], membre du Conseil privé et de la Chambre des nobles ainsi que l'ami personnel du roi Kamehameha II. Par les liens familiaux, Lunalilo était le petit-neveu de Kamehameha Ier par le sang ainsi que son beau-fils par mariage de celui-ci avec sa mère. Sa grand-mère maternelle était Kalākua Kaheiheimālie, elle-même épouse du roi Kamehameha et reine douairière d'Hawaï. Par cette dernière, Lunalilo est le cousin direct des futurs rois Kamehameha IV et Kamehameha V ainsi que des princesses Ruth Keelikolani, Bernice Pauahi[2] et Victoria Kamāmalu.

Éducation

Lunalilo est déclaré éligible au trône en tant que descendant direct apparenté au roi Kamehameha Ier par un décret royal du roi Kamehameha III. Ce dernier l'envoie à la Chief's Children's School (plus tard appelée Royal School) qui désigne l'école des princes et enfants royaux[3]. Ainsi, le jeune Lunalilo apprend à parler hawaïen et anglais et acquis une maîtrise de la littérature britannique.

À partir de 1848, à l'âge de treize ans, il était encore l'un des plus grands propriétaires terriens après le roi, héritant des terres et des biens personnels donnés à sa mère et à sa grand-mère par le roi Kamehameha. En 1850, Lunalilo cède une autre grande quantité de terres au gouvernement réduisant ses possessions à 43 lots.

Le prince Lunalilo en uniforme.

Affectueusement connu sous le nom de « Prince Bill », il était l'un des membres de la famille royale (avec Kalakaua et Liliʻuokalani) à écrire de la musique. Il a composé le premier hymne national d'Hawaï, " E Ola Ke Ali'i Ke Akua ", qui était la version hawaïenne de " God Save The King "[4]. Il a écrit la chanson en quinze minutes lors d'un concours organisé par l'éditeur de journaux Henry Whitney en 1862 pour l'anniversaire du roi Kamehameha IV. Lunalilo remporte brillamment le concours.

À l'âge adulte, il siège au Conseil privé d'État, le conseil consultatif du monarque, de 1863 à 1865, pendant le règne de son cousin le roi Kamehameha V. Il siège également à la Chambre des nobles, la chambre haute de la législature, traditionnellement réservée aux princes, de 1863 à 1872[5].

Relations et unions

Premier mariage

Lunalilo est fiancé à sa cousine la princesse Victoria Kamāmalu, un choix populaire parmi le peuple hawaïen, à l'exception des frères de Victoria. Ils ont tous deux refusé qu'elle l'épouse mais le mariage, planifié dès l'enfance par leurs parents respectifs, a finalement eu lieu en 1857. Mais peu de temps après, le frère de la princesse, le roi Kamehameha IV, s'opposa à Lunalilo et le mariage est donc annulé sous ordre du monarque[6]. La raison officielle en était que le roi, craignant les ambitions du prince David Kalakaua, voulait favoriser un rapprochement entre la dynastie des Kamehameha et celle des Kalakaua[7]. Ainsi, Victoria devrait épouser le prince Kalakaua et Lunalilo la sœur de ce dernier, la future Liliʻuokalani. Mais les plans du roi furent perturbés lorsque Kalakaua refusa de se lié à Victoria, lui préférant Kapiʻolani. Après avoir envisagé un remariage entre Victoria et Lunalilo, les deux ex-mariés renoncèrent à ce projet, menant chacun une vie différente.

Après Victoria, Lunalilo courtisa brièvement la main de Liliʻuokalani, mais les fiançailles furent rompues sur les conseils du frère de celle-ci, le prince Kalakaua. Lili'uokalani épouse finalement John Owen Dominis.

Second mariage

Miriam Auhea Kekāuluohi Crowningburg, seconde épouse de Lunalilo.

Après le mariage annulé et les fiançailles rompues, Lunalilo se trouve une autre épouse potentielle en la personne de sa cousine éloignée, Miriam Auhea Kekāuluohi Crowningburg. La grand-mère de Miriam Auhea était la demi-sœur de Kekāuluohi, la mère de Lunalilo. Le mariage se déroule en 1859, deux ans après son premier mariage avec la princesse Victoria. Ils n'ont qu'un seul enfant : une fille Lydia Kalola, décédée le 21 novembre 1859, seulement quelques mois après sa naissance. Après la mort de Lunalilo au cours de son court règne, Auhea est considérée par certains comme une héritière potentielle[8] ayant elle-même un droit au trône[9] mais elle renonce en faveur de la reine Emma[10]. Veuve, Auhea se remarie avec Paul Kamai avec lequel elle a un fils Albert Edward Kameeiamoku Kamai, qui meurt jeune.

Durant son règne, Lunalilo prit comme maîtresse Eliza Meek (1832-1888).

Roi d'Hawaï

Crise de succession et désignation

Dans les dernières années des règnes successifs de Kamehameha IV et son frère Kamehameha V, plusieurs membres de la famille royale et héritiers présomptifs meurent. Le roi Kamehameha V se retrouve ainsi contraint de désigner une autre de ses sœurs, Bernice Pauahi, comme héritière, mais cette dernière est très réticente. Sur son lit de mort en 1872, le roi affirme de nouveau sa volonté de voir Pauahi lui succéder. Mais, décontenancée, cette dernière lui répond finalement : "Non, non, pas à moi, ne pense pas à moi. Je n'en ai pas besoin." Le roi insista mais elle refusa de nouveau le trône : "Oh non, ne pense pas à moi. Il y en a d'autres."[11] Kamehameha V mourut une heure plus tard et fut inhumé au Mausolée royal[12]. Le refus de Pauahi d'accepter laissa Hawaï sans roi.

Cette situation força la noblesse hawaïenne à élire un nouveau roi parmi les cousins et autres princes apparentés à la lignée directe des Kamehameha. Lié à la famille royale, Lunalilo est l'un des principaux prétendants au trône avec le prince David Kalakaua, cousin éloigné des Kamehameha. En tant que prétendant au trône, Lunalilo voulait amender la constitution pour rendre le gouvernement plus démocratique en supprimant les conditions de propriété pour voter. Il a été décidé qu'il y aurait une élection populaire sous forme de référendum pour donner au peuple une chance de faire entendre sa voix en confirmant le choix de Lunalilo comme souverain. Le vote est organisé le 1er janvier 1873 et se solde par une victoire à l'unanimité pour la reconnaissance de Lunalilo en tant que nouveau roi.

Photographie du roi Lunalilo (1873).

Lors de la cérémonie de couronnement de Lunalilo, tenue le 9 janvier 1873 à l'Église Kawaiaha'o, une foule nombreuse fut présente pour observée de l'extérieur.

Changements constitutionnels

Lorsque Lunalilo monte sur le trône, un énorme changement dans la politique du gouvernement se fait dès le départ. Son prédécesseur, Kamehameha V, avait passé son règne à augmenter ses pouvoirs tout en diminuant celui des parlementaires tout en tentant de restaurer la monarchie absolue de son grand-père, le roi Kamehameha Ier. Lunalilo, cependant, a passé son règne à essayer de rendre le gouvernement hawaïen plus démocratique renouant ainsi avec l'ancienne Constitution, suspendue par Kamehameha V. Le nouveau roi a ainsi commencé par écrire à la législature, recommandant que la constitution soit amendée. Il désire ainsi annuler certains changements que son prédécesseur avait apportés lors de la promulgation de la Constitution de 1864.

Par exemple, la législature du Royaume avant 1864 se réunissait dans deux chambres : la Chambre des nobles et la Chambre des représentants. Les membres de la Chambre des Nobles étaient nommés par le Roi et les Représentants étaient élus au suffrage universel. Lunalilo a servi dans la Chambre des nobles de 1863 à 1872. Sous le règne de Kamehameha V, les deux chambres de la législature ont été combinées en une seule. Lunalilo a souhaité restaurer le pouvoir législatif bicaméral. Il voulait également ajouter une disposition à la constitution qui obligeait le roi à inclure une explication écrite pour accompagner tout veto du souverain. Il voulait que les ministres soient entendus à la Chambre des représentants.

Politique économique et étrangère

Le roi voulait également améliorer la situation économique d'Hawaï. Le royaume était dans une dépression économique, avec le déclin rapide de l'industrie baleinière. Des groupes commerciaux ont demandé au roi d'examiner le sucre pour améliorer l'économie et ont recommandé qu'un traité soit conclu avec les États-Unis pour permettre au sucre hawaïen d'entrer dans le pays en franchise d'impôt. Pour conclure un tel traité, beaucoup pensaient que le Royaume devrait offrir la région de Pearl Harbor aux Américains en échange. Il y avait beaucoup de controverse à ce sujet, à la fois avec le public et au sein de la législature. Lorsque Lunalilo a vu cette opposition, il a abandonné la proposition.

Opposition et répression

Photographie du roi Lunalilo, par J. J. Williams.

Pendant le règne de Lunalilo, une mutinerie a eu lieu au sein de l'armée hawaïenne. Certains membres de l'armée se sont révoltés contre le maître instructeur et l'adjudant général. Le roi a interrogé les troupes impliquées dans la mutinerie et les a persuadés de déposer les armes. À la suite de cela, il a dissous l'armée. À partir de ce moment-là, le royaume n'avait plus de forces armées jusqu'à ce que le successeur de Lunalilo les rétablissent.

Mort et succession

Le roi Lunalilo avait de mauvaises habitudes de santé notamment son alcoolisme. Vers août 1873, le roi contracte un rhume sévère qui se développe en tuberculose pulmonaire. Dans l'espoir de retrouver sa santé, il déménage à Kailua-Kona. Quelques mois plus tard, le 3 février 1874, il meurt de la tuberculose à l'âge de 39 ans, à Haimoeipo, sa résidence privée de Honolulu. Son règne n'a duré qu'un an et vingt-cinq jours.

Comme son prédécesseur, Lunalilo n'a pas désigné d'héritier au trône. Il a été dit qu'il avait l'intention que la reine Emma lui succède, mais qu'il est décédé avant qu'une proclamation formelle puisse être faite. En fin de compte, le prince Kalakaua est élu pour succéder à Lunalilo en tant que roi.

Ascendance

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
16. Alapainui
 
 
 
 
 
 
 
8. Keaweʻopala
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17. Keaka
 
 
 
 
 
 
 
4. Eia Kalaiku'ahulu
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18.
 
 
 
 
 
 
 
9. Moana Wahine
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19.
 
 
 
 
 
 
 
2. Charles Kanaina
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20. Keōua
 
 
 
 
 
 
 
10. Kamehameha I d'Hawaï
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
21. Kekuʻiapoiwa
 
 
 
 
 
 
 
5. Kauwa Palila
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
22. Kumukoa
 
 
 
 
 
 
 
11. Kalolaa-kumukoa
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
23. Kaulahoa
 
 
 
 
 
 
 
1. Lunalilo d'Hawaï
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
24. Prince Keʻeaumoku Nui de l'Île d'Hawaï
 
 
 
 
 
 
 
12. Aliʻi Nui Keōua Kalanikupuapaʻikalaninui de Kohala
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
25. Aliʻi Nui Kamakaʻimoku di Oʻahu
 
 
 
 
 
 
 
6. Kalaʻimamahu
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
26. Aliʻi Nui Haʻae de Kohala
 
 
 
 
 
 
 
13. Aliʻi Nui Kamakaeheikuli
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
27. Aliʻi Nui Kalelemauliokalani
 
 
 
 
 
 
 
3. Kekāuluohi
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
28. Aliʻi Nui Keawepoepoe de l'Île d'Hawaï
 
 
 
 
 
 
 
14. Keeaumoku Pāpaiahiahi
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29. Aliʻi Nui Kūmaʻaikū
 
 
 
 
 
 
 
7. Kalākua Kaheiheimālie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
30. Aliʻi Nui Kekaulikenuiahumanu de Maui
 
 
 
 
 
 
 
15. Aliʻi Nui Namahanaʻi Kaleleokalani de Maui
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
31. Aliʻi Nui Haʻaloʻu de Kohala
 
 
 
 
 
 

Références

  1. Louis de Freycinet, Marion Kelly, Hawaii in 1819: A Narrative Account, Dept. of Anthropology, Bernice Pauahi Bishop Museum, (lire en ligne)
  2. Liliʻuokalani (Queen of Hawaii), Hawaii's Story by Hawaii's Queen, Liliuokalani, Lee and Shepard, reprinted by Kessinger Publishing, LLC, (1re éd. 1898) (ISBN 0-935180-85-0, lire en ligne)
  3. « Princes and Chiefs eligible to be Rulers », The Polynesian, Honolulu, vol. 1, no 9,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  4. English version by Makua Laiana, « E Ola Ke Ali'i Ke Akua » [archive du ], sur Hawaiian Music and Hula Archives, Kaiulani Kanoa-Martin (consulté le )
  5. « Lunalilo office record », sur state archives digital collections, state of Hawaii (consulté le )
  6. « Alekoki » [archive du ], Huapala.org (consulté le )
  7. Silva
  8. Kapiikauinamoku 1956a
  9. Kapiikauinamoku 1956b
  10. Kapiikauinamoku 1955a
  11. George S. Kanahele, Pauahi: The Kamehameha Legacy, Honolulu, Kamehameha Schools Press, (1re éd. 1986), 110–118 p. (ISBN 978-0-87336-005-0, OCLC 173653971, lire en ligne)
  12. David "Kawika" Parker, Tales of Our Hawaiʻi, Honolulu, Alu Like, Inc, (OCLC 309392477, lire en ligne [archive du ]), « Crypts of the Ali`i The Last Refuge of the Hawaiian Royalty », p. 27

Annexes

Bibliographie

  • (en) Robert D. Craig, « Lunalilo, William Charles (1835-1874) », dans Historical Dictionary of Polynesia, Rowman & Littlefield, , 440 p. (lire en ligne), p. 153-154

Liens externes

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