Léon Pignon est né le . Licencié en droit, il entre à l’École coloniale en 1928. C’est une des grandes écoles de la République chargé de former les futurs administrateurs coloniaux, dont le concours d’accès est particulièrement difficile. Il en sort major en 1931.
En 1936, il est rappelé en France pour être affecté à la direction des Affaires politiques du ministère des Colonies.
Mobilisé comme lieutenant en 1939, il est chargé de recruter, au Sénégal, puis de former une compagnie de tirailleurs sénégalais. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre. Fait prisonnier sur la Somme en , il est rapatrié en .
Pignon est affecté à sa demande au bureau des colonies d'Alger après avoir refusé le poste de chef de cabinet de l’amiral Platon, alors secrétaire d'État aux Colonies du maréchal Pétain.
Après l’installation du GPRF à Paris, Léon Pignon est nommé directeur de la section Indochine au service politique du ministère des Colonies.
Il demande à être envoyé en Indochine, toujours sous contrôle japonais. Il rejoint le Yunnan, en Chine, où se trouve une mission de la DGER sous la direction du commandant Jean Sainteny. Il est alors chargé des contacts entre Français et troupes Việt Minh dans une période où la priorité est la guerre contre les Japonais.
Conseiller de Jean Sainteny, il participe à la préparation et la signature des accords du 6 mars 1946. Il soutient alors la politique de négociation avec Hô Chi Minh parce qu’il n’y a guère d’autres interlocuteurs.
Il devient commissaire fédéral politique de l'Indochine d' à , donc pendant la période d’espoir qui suit les accords du , jusqu'au déclenchement de la guerre d'Indochine. Jugé trop proche de l'amiral Thierry d'Argenlieu, il est éloigné par le nouveau haut commissaire Bollaert.
Pignon est envoyé au Cambodge où il devient Commissaire de la République de à . Il apparaît trop « compromis » dans le déclenchement de la guerre aux yeux du nouveau Haut Commissaire pour être maintenu au Viêt-Nam.
Léon Pignon est nommé le Haut-Commissaire sur proposition de Coste-Floret, ministre MRP de la France d’Outre-mer.
Haut-commissaire d’ à , il mène les préparatifs et la signature des accords de l’Élysée en , puis de leur difficile application dans les mois qui suivent. C'est l'homme de la solution Bao Dai, tentative française pour contrer le gouvernement d'Ho Chi Minh.
En , Léon Pignon écrivit que la torture était contraire à tout ce que les Français essayaient de faire en Indochine au nom d' « une valeur essentiellement humaine et de civilisation », et devait donc être stoppée[2].
Avec le désastre militaire de la Route Coloniale 4 en 1950, c’est toute la politique française en Indochine qui se trouve compromise. Léon Pignon jugé, parmi d'autres, responsable de cet échec est rappelé en France. Il laisse la place au général de Lattre de Tassigny en , qui cumulera les fonctions de Haut Commissaire et de commandant en chef du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, en remplacement du général Carpentier.
Haut fonctionnaire, il mène encore différentes missions outre-mer ainsi qu'à l'ONU.
↑(en) « Torture, French » [« Torture, Français »], Le dictionnaire de la Guerre d'Indochine, Faculté des sciences humaines, Université du Québec à Montréal, Canada (consulté le ).
Daniel Varga, "Léon Pignon : De la solution Bao Dai à l’implication des États-Unis dans la Guerre d’Indochine" Outre-mers , N° 364-365
Daniel Varga, " Paul Mus et Léon Pignon à Hanoi au printemps 1947 : Deux conceptions de l’avenir du Vietnam", in Paul Mus, un sage regard, dirigé par Christopher Goscha et David Chandler, édité par Les Indes Savantes, 2006, tiré du colloque Paul Mus tenu à Lyon en 2004
La politique française en Indochine (1947-50) : Histoire d’une décolonisation manquée. Thèse soutenue par Daniel Varga à l’Université de Provence,