Le métro de Lisbonne (en portugais : Metropolitano de Lisboa) est le principal réseau de transport en commun de la capitale du Portugal. Ouvert en 1959, il comporte 4 lignes, 56 stations et 46,5 km de voies[1]. Le métro de Lisbonne se caractérise par la décoration soignée de ses stations les plus récentes. Il a transporté 140 millions de passagers en 2014[2].
Historique
Commencement
Le métro de Lisbonne est entré en exploitation le . Il s'agit alors d'une ligne en Y : deux branches partant au nord de Sete Rios (aujourd'hui Jardim Zoológico) et Entre Campos se réunissent à Rotunda (aujourd'hui Marquês de Pombal) et courent sous l'Avenida da Liberdade en direction du terminus commun Restauradores, situé en centre-ville. Par la suite le tronçon Sud est prolongée jusqu'à Rossio (1963), Socorro (aujourd'hui Martim Moniz) (1966), Anjos (1966) et finalement Alvalade (1972). Pour ce faire, la ligne effectue un virage prononcé après la station Restauradores et prend une direction Nord Est, quittant le centre-ville en passant sous la Rua da Palma. Ce tracé est lié à la technique de construction en tranchée qui privilégie un tracé suivant les larges avenues et délaisse la vieille ville aux rues étroites.
Malgré les moyens financiers réduits de l'époque, dès le début de l'édification du réseau, l'aspect esthétique des stations est soigné. Le responsable du projet demande à l'architecte Francisco Keil do Amaral, qui vient d'achever la réalisation du premier terminal de l'aéroport de Lisbonne, de faire une proposition de station prototype. Le design résultant est appliqué sans changement majeur jusqu'à la construction de la station Alvalade en 1972 : la décoration est en partie constituée de fresques peintes selon la technique de l'Azulejo, qui avait été développé par l'artiste Maria Keil.
À cause des guerres coloniales portugaises, de problèmes politiques et d'une politique isolationniste, la construction du réseau du métro marque une pause de 1973 à 1982.
1959
1963
1966
1972
Extension et scission de la ligne unique
Après la chute de la dictature de Salazar déclenchée par la Révolution des œillets de 1974 et la fin des guerres coloniales qui s'ensuit, l'économie du Portugal commence à se développer. L'entrée du Portugal dans la CEE en 1986, fournit des moyens financiers importants pour agrandir le réseau.
En 1988 deux nouveaux tronçons en souterrain sont inaugurés. Le premier de Sete Rios à Colégio Militar / Luz et le second de Entre Campos à Cidade Universitária qui dessert l'université.
La décoration des nouvelles stations est particulièrement soignée avec la participation des artistes Silva Rolando Sá Nogueira, Júlio Pomar, Manuel Cargaleiro et Maria Helena Vieira.
En 1993 la jonction des deux branches Nord à la nouvelle station Campo Grande donne au réseau la forme d'un 6. Cette jonction permet, en 1995, de modifier la structure du réseau et de scinder la ligne en deux lignes indépendantes :
Deux prolongements sont inaugurés en 1997 : la ligne bleue jusqu'à Carnide et Pontinha, et la ligne jaune jusqu'à la station Rato.
1988
1993
1995
Création des lignes verte et rouge
Dans le cadre de l'Expo '98 une nouvelle ligne est construite pour desservir le Parque das Nações, lieu de l'exposition. En préparation de son ouverture, le réseau est complètement restructuré : la branche Est de la ligne bleue est scindée du reste de la ligne avant d'être prolongée de Baixa-Chiado jusqu'à Cais do Sodré, formant ainsi la ligne verte et mettant fin à la forme en V du réseau.
Le développement du réseau se poursuit dans les années 2000 en mettant la priorité sur la desserte par des lignes en surface des zones résidentielles du nord.
En la ligne jaune est prolongée jusqu'à Odivelas. La même année, la ligne bleue atteint Amadora Este au nord, avant d'être prolongée jusqu'à Santa Apolónia. Ce nouveau tronçon est inauguré le , après 11 ans de travaux et de multiples difficultés.
Le est inauguré le tronçon de la ligne rouge reliant les stations Alameda et São Sebastião, créant ainsi une connexion entre toutes les lignes du réseau. La ligne est ensuite prolongée jusqu'à l'aéroport par un nouveau tronçon de 3,3 km inauguré le . La ligne rouge a été prolongée de la station Oriente à Aeroporto. Le voyage depuis Saldanha ne prend ainsi plus que 16 minutes[3].
Le , la ligne bleue fut étendue à la station Reboleira après 3 ans de travaux, interrompus durant 4 ans à cause de la crise économique dont a souffert le Portugal au début des années 2010. La nouvelle station permet de relier le métro et les trains de la ligne régionale de Sintra.
2002
2007
Réseau
Le métro de Lisbonne comporte 56 stations et 46,5 km de voies. La circulation des rames commence à 6h30 aux terminus des lignes et s'achève à 1 heure du matin. Les lignes sont officiellement nommées d'après leurs couleurs. Autrefois, elles avaient des noms imagés que l'on retrouve encore aujourd'hui dans les logos et sur les panneaux d'information. De nombreux locaux utilisent encore les anciens noms[4].
Constituant la seule ligne du réseau avant les scissions de 1995 et 1998, elle en est aujourd'hui la plus longue. Elle permet de relier la Gare de Santa Apolónia, terminus de la ligne du nord, à Reboleira, située sur la ligne de Sintra, en passant par le centre-ville.
Les travaux du prolongement de Amadora Este à Reboleira, dernier en date, ont commencé en 2009 mais ont été suspendus en , alors que le projet allait encore bon train[5], du fait de la crise économique qui a touché le Portugal au début des années 2010. Le gros de l’œuvre était pourtant déjà terminé, et il ne manquait plus que les grilles d'entrée, l'éclairage et les rails[6]. Les travaux ont repris en [7] et, après un ultime report de la date d'ouverture de fin 2015 au deuxième trimestre 2016, la station est entrée en service le .
Née de la scission de la ligne bleue entre Rotunda et Campo Grande, la ligne relie aujourd'hui le quartier de Campo do Ourique à la ville d'Odivelas, en banlieue nord de Lisbonne. Elle est en correspondance avec plusieurs lignes de trains régionaux et nationaux à la gare d'Entre Campos.
Issue d'une deuxième scission de la ligne bleue, elle est aujourd'hui la ligne la plus courte du réseau. Reliant la gare de Cais do Sodré au quartier de Telheiras, elle est également en correspondance avec les trains régionaux à la gare de Roma - Areeiro, située entre les stations du même nom.
Dernière née du réseau, il s'agit de la première ligne construite en tant que telle depuis la première ligne du réseau, en 1959. Elle permet aujourd'hui de relier les trois autres lignes du réseau au Parque das Nações et à l'aéroport. Elle est en correspondance avec les trains nationaux et régionaux de la gare de Oriente
Construite dans le cadre de l'Expo '98 organisée autour du thème des océans pour célébrer les 500 du voyage aux Indes de Vasco de Gama (le premier à les atteindre en contournant l'Afrique), elle prend le nom de ligne de l'Orient et le compas comme emblème.
Projets de développement
Extensions de lignes
Fusion des lignes verte et jaune
Le , le gouvernement portugais et l'entreprise Metro de Lisboa ont présenté le Plan de Développement Opérationnel du Réseau de Métro de Lisbonne[8]. Il prévoit le bouclage du chaînon manquant entre Rato et Cais do Sodré, par la construction de 1,9 km de tunnels et des stations intermédiaires Estrela et Santos. Cette nouvelle liaison entraînera le remaniement des lignes verte et jaune : la ligne verte reprendra le tronçon entre Campo Grande et Rato et deviendra une ligne circulaire, tandis que la ligne jaune reprendra le petit tronçon actuellement vert entre Campo Grande et Telheiras. La mise en service de cette modification majeure est calculée pour 2022, pour un coût estimé de 216 millions d'euros, et entraînerait une hausse de fréquentation du réseau de 7,9 millions de passagers par an sur le réseau seulement grâce aux deux nouvelles stations.
Prolongement de la ligne rouge
Un autre prolongement est prévu. Celui-ci prolonge la ligne rouge de 4 km et prévoit la construction de trois nouvelles stations, au-delà de São Sebastião : Amoreiras, Campo de Ourique, Infante Santo et Alcântara. Cette dernière station sera aérienne, au-dessus de la vallée homonyme. Ce prolongement est prévu à horizon 2026[9].
Adaptation des stations
D'autres modifications mineures sont planifiées pour les stations déjà existantes : agrandissement des quais de la station Arroios, dernière station de la ligne verte sans quais de 105m, afin de permettre l'utilisation de rames à 6 voitures ; petites modifications à Areeiro, Colégio Militar/Luz, Olivais et Baixa-Chiado ; construction d'un corridor de 300 mètres entre la Rue Dom João V et la station Rato pour relier le quartier de Amoreiras à celle-ci.
Matériel roulant
Toutes les rames du métro de Lisbonne font environ 2,70 mètres de large. Les rames, qui comportent jusqu'à 6 voitures, circulent sur des voies à l'écartement normal et sont alimentées en électricité (750 volts) par troisième rail. Les 320 voitures en circulation sont de 6 types différents, dont 2 types ont déjá été radiés du service, toutes fabriquées par Sorefame avec moteurs Siemens, sauf les prototypes du modèle ML7.
Parc actuel
Désignation
N° de série
Nombre de rames
Configuration
Type de voitures
Circulation en UM
Vitesse maximale
Mise en service
Evolutions
ML90
201 à 257
19
M-R-M
Indépendantes
2 unités maximum
72 km/h
1992-1996
ML95
301 à 414
38
1997-1998
Nouvelle chaine de traction et nouvelle décoration intérieure
ML97
501 à 554
18
Articulées
1999
Nouveau système d'information aux voyageurs
ML99
601 à 711
37
2000-2002
Matériel radié
Désignation
N° de série
Nombre de rames
Configuration
Type de voitures
Circulation en UM
Vitesse maximale
Mise en service
Retrait
ML7
1 à 70
35
M-M
Indépendantes
2 unités maximum
60 km/h
1959-1970
ML79
101 à 154
27
3 unités maximum
72 km/h
1984-1989
M = Motrice, R = Remorque, UM = Unités Multiples (2 ou trains accrochés pour n'en former plus qu'un seul)
En 2021, Siemens Mobility et Stadler ont reçu un contrat de 114,5 millions d'euros, pour équiper le métro d'un système de signalisation Trainguard MT CBTC, sur les lignes de métro bleues , jaunes et vertes et mettront à jour les systèmes actuels. Cette technologie embarquée CBTC sera intégrée dans 70 trains de la flotte existante ainsi que dans les 14 nouveaux trains Stadler, qui proposent une conception modulaire, simplifiant ainsi les travaux de maintenance. Les corps en acier inoxydable rendent les véhicules ferroviaires à la fois légers et robustes. Trois portes doubles par côté et par voiture permettent aux passagers de monter et descendre rapidement. Ils seront également équipés du système CBTC GoA2 [A 1] avec une possibilité de mise à niveau CBTC GoA4, pour la conduite automatique des rames [10].
Notes
↑Grade-of-Automation 2 (GoA2), dans ce système, les trains circulent automatiquement de gare en gare mais un chauffeur est dans la cabine: fermeture des portes, situations d'urgence