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Manuscrit de Susanne van Soldt

Manuscrit de
Susanne van Soldt
Image illustrative de l’article Manuscrit de Susanne van Soldt
Jeune fille jouant du virginal (1548)
Catharina van Hemessen
musée Wallraf Richartz (Cologne)

Bibliothèque British Library (Londres)
Ms. Mus. Add. 29485
Format Musique notée sur 27 feuillets reliés dans un volume de 28,5 × 21 cm
Datation Vers 1599

Le Manuscrit de Susanne van Soldt (British Library, Ms. Mus. Add. 29485) est un recueil manuscrit d'œuvres pour clavecin ou autres instruments à clavier, datant de la deuxième moitié du XVIe siècle.

Il s'agit de la seule source connue de musique néerlandaise pour clavier antérieure à Jan Pieterszoon Sweelinck et l'une des sources les plus importantes pour la musique de clavier de l'époque. Il contient trente-trois œuvres : arrangements de chansons profanes, de danses et de psaumes, populaires au XVIe siècle. Le manuscrit a été acquis par la British Library en 1873.

Susanne van Soldt

Le recueil est composé vers 1599 pour Susanne van Soldt, née le . Elle est donc âgée d'environ treize ans à la date indiquée.

Selon le récit conventionnel d'Alan Curtis, Susanne van Soldt est la fille de Hans van Soldt, né vers 1555, un riche marchand protestant d'Anvers. Après le sac d'Anvers par les Espagnols en 1576, Hans van Soldt se réfugie probablement à Londres, où Susanne naît et est baptisée, à l'église néerlandaise d'Austin Friars (en), le . Peu après 1605, Hans van Soldt quitte Londres avec sa famille pour Amsterdam où il apparaît en tant qu'actionnaire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en 1609. Aucune trace de Susanne n'est retrouvée, mais une de ses sœurs (ou une cousine), baptisée à Londres en 1588, vit à Amsterdam au début du XVIIe siècle[1].

Cependant, il y a au moins trois Johannes (ou ses variantes Hans, Jan et John) à Londres à cette période et la famille van Solt/Soldt est enregistrée dans plus de douze variantes de ce nom. Selon la chronique familiale, qui commence par Paulus van Solt né en 1514, Susanne van Soldt est la fille de Johannes van Paulusz Solt/Soldt (Hans de Oude), né le à Anvers, et d'Elizabeth Rombouts. En 1604, Susanne épouse Pieter Loos à Amsterdam. Elle meurt fin peu après la naissance de son troisième enfant et est enterrée au Zuiderkerk à Amsterdam. Son oncle, Jacques/Jacob van Solt/Soldt, est un peintre néerlandais connu pour ses paysages italiens. Le neveu de Susanne, Paulus van Solt/Soldt, connu aussi sous le nom de Paolo van Soldi, est un marin néerlandais dont le journal est cité dans les livres d'histoire des explorations maritimes de l'Asie et de l'Australie. Le père de Susanne, Hans De Oude (Hans le vieux) et son frère, Hans de Jonge (Hans le jeune) sont associés comme marchands de tableaux avec des artistes de renom. Les connexions de la famille avec le monde de l'art sont détaillées dans Art at auction in 17th century Amsterdam (2002) de John Michael Montias[2]. Les écrits concernant l'histoire de la famille van Soldt sont conservés au Bureau central de Généalogie et aux Archives Groen Hart[1],[3].

Manuscrit

Le manuscrit de Susanne van Soldt est un recueil d'œuvres pour clavecin, ou d'autres instruments à clavier, daté de 1599 et composé de trente-trois pièces notées par ou pour la jeune fille. Il est constitué d'arrangements de chansons profanes, de danses et de psaumes (selon les mélodies genevoises) qui étaient populaires au XVIe siècle. Stylistiquement cette musique appartient incontestablement à la tradition musicale des Pays-Bas. Il s'agit de la seule source connue de musique néerlandaise pour clavier antérieure à Jan Pieterszoon Sweelinck et constitue l'une des sources les plus importantes pour la musique de ce temps. Les pièces qu'il contient étaient connues sur le continent depuis peut-être 1570 ou 1580 ce qui laisse supposer que le manuscrit a pu être écrit en Flandre ou aux Pays-Bas et apporté par les parents de Susanne à la fin des années 1570 à Londres, où, plus tard, le maître de musique de Susanne a pu ajouter les pièces 30 à 33, le tableau de notation et les indications de doigtés[1],[4].

Il se compose de vingt-sept feuillets, comportant un filigrane flamand de la fin du XVIe siècle, reliés dans un volume de 28,5 × 21 cm. Deux graphies différentes se remarquent : celle d'un copiste flamand ou néerlandais, pour la plupart des pièces, et celle, anglaise et plus tardive, peut-être celle du professeur de musique de Susanne, pour quelques pièces, pour un tableau de notations sur le folio 2 et pour des indications de doigtés pour les deux premières mesures de la première pièce[1],[3].

Lorsque Hans van Soldt et sa famille ont quitté Londres, le manuscrit est probablement resté en Angleterre, bien qu'il n'y ait aucune trace de celui-ci avant 1826, date de la vente des collections de musique de Thomas Jones de Nottingham Place (en) à Londres, mort l'année précédente[5],[1],[3].

Le manuscrit a été acquis par la British Library en 1873 et porte la référence Ms. Mus. Add. 29485[1],[3].

Contenu

Dix-huit des morceaux sont des airs de danse notés pour clavier : des branles, des allemandes, des gaillardes et des pavanes. Treize sont des partitions d'airs de psaumes. Sur les trente-trois morceaux, les quatre derniers ont été rajoutés par une autre main, sans doute anglaise ; peut-être le professeur de la jeune Susanne. La copie présente les doigtés typiques du jeu sans les pouces, lesquels sont utilisés uniquement dans les accords[1],[3].

Alors que la plupart des pièces, y compris les psaumes, sont anonymes, de nombreux airs de danse franco-flamands peuvent être trouvés dans d'autres collections, notamment le Dublin Virginal Manuscript (autour de 1570). En dehors des pièces de 30, 31 et 33 écrites d'une main anglaise, il n'y a aucune trace de l'influence de la musique anglaise de l'époque. Les psaumes à quatre parties sont les plus anciennes notations pour clavier connues du psautier néerlandais et sont de haute qualité[1],[3].

Contenu du Manuscrit de Susanne van Soldt
no  folio titre compositeur forme ou texte note
1 Brande Champanje branle
2 Almande de symmerman allemande Allemande le Charpentier
3 4 Almande de La nonette allemande Il subsiste plus de deux-cents versions de ce thème. En Allemagne la mélodie est liée au texte Ich ging einmal spazieren et au choral Von Gott will ich nicht lassen, en Angleterre à la Queen's Alman (William Byrd), en France à la célébrissime chanson Une jeune fillette (Jehan Chardavoine, 1576, Eustache Du Caurroy, Alessandro Piccinini ou John Dowland) et en Italie à la Monica ou Monicha (Frescobaldi) avec le texte Madre non mi far monaca[6], où une jeune femme est forcée à devenir nonne contre son gré. Le titre de nonette se trouve chez Emanuel Adriaenssen (1584).
4 De frans galliard gaillarde
5 Galliarde quÿ passe William Byrd ? gaillarde
6 Myn siele Wylt den Herre met Lof sanch Prijsen, 103 sallem Psaume 103
7 Als een Hert gejacht, den 42 sallem Psaume 42
8 Myn God Voet mij als myn Herder ghepressen, 23 sallem Psaume 23 : Le Seigneur est mon berger, je ne serai pas dans le besoin mode dorien transposé en sol majeur
9 Wt de diepte o Heere, 130 sallem Psaume 130
10 7 Susanna Vung Jour Roland de Lassus chanson
11 Pavana Bassano Bassano pavane
12 Galliarde Bassani Bassano gaillarde
13 Almande Brun Smeedelyn, Reprynse Brun Smeedelyn anonyme néerlandais allemande La mélodie « Bruynsmedelijn », d'origine flamande et connue en Italie sous le titre de Basse flamande. Il existe une allemande bâtie sur ce thème dans le Dublin Virginal Manuscript (no 19) et Byrd la cite dans sa fantaisie sur l'hexacorde, Ut Re Mi Fa Sol La (BK 64). De son côté Girolamo Frescobaldi en tire son Capriccio sopra la Bassa fiammenga (1624).
14 Almande prynce allemande
15 Almande de amour allemande
16 13v Almande allemande en ré majeur
17 14v Brabanschen ronden dans opte Brand branle
18 Ontfarmt V over mij arme Sondaer, den 51 sallem / Ich bydde V Helpt mij o God, den 69 sallem Psaumes 51 et 69
19 Pavane dan Vers pavane Pavane d'Anvers[7]
20 Tobyas om stervengheneghen
21 Almande trycottee allemande
22 20v De quadre pavanne John Dowland ? pavane L'attribution à Dowland sur le manuscrit, est une erreur.
23 De quadre galliard John Dowland gaillarde
24 Heer zich Wil U Wt's Herten gront, den 9 sallem Psaume 9
25 Ghij Volcheren des aertrijcx al, den 100 sallem Psaume 100
26 Bewaert mij Heer Weest doch myn toeverlaet, den 16 sallem Psaume 16
27 Des boosdoenders Wille seer quaet, den 36 sallem / Staet op Heer toont V onverzacht, den 68 sallem Psaumes 36 et 68
28 Godt die der goden Heer is sprechen sal, den 50 sallem Psaume 50
29 Ghij Herder Israels Wylt Hooren, den 80 sallem Psaume 80
30 Preludium John Bull prélude en sol majeur
31 [sans titre] en sol majeur
32 Allemande Loreyne allemande
33 25v Pavane Prymera pavane

Éditions

  • Calvert Johnson (éd.), Susanne van Soldt Klavierboek - coll. Annotated performer's édition, no 8 Éd. Wayne Leupold 2012, p. 103[8],[9].
  • Alan Curtis (éd.), Monumenta Musica Neerlandica Vol. 3 - Nederlandse Klaviermuziek, Musique néerlandaise pour clavier des 16e et 17e siècles - Verniging Voor Nedelandsz Muziekgeschiedenis, Amsterdam 1961.
Pièces extraites de divers manuscrits : Susanne van Soldt manuscript, Leningrad manuscript, Camphuysen manuscript et Gresse manuscript.

Discographie

Guy Penson joue un virginal moeder & kind, qui contient un autre clavier.
  • Manuscrit Susanne van Soldt - Danses, chansons & psaumes des Flandres, 1599 - Ensemble Les Witches, Odile Edouard, violon ; Claire Michon, flûtes et tambour à cordes ; Sylvie Moquet, basse de viole ; Pascale Boquet, luth, guiterne ; Freddy Eichelberger, orgue, cistre, muselardon (, Alpha 526[12],[13],[14])
Seize pièces : nos 1, 3, 4, 7 à 10, 13, 17, 19, 24, 29 à 32.
  • The harpsichord in the Netherlands : 1580-1712 - Bob van Asperen, clavecin Ruckers 1640 (, Sony "Vivarte")
Trois pièces : nos 1, 10 et 17. Mais aussi Pieter Bustijn, Anthoni et Sybrant van Noordt, Jan Pieterszoon Sweelinck et Jan Adam Reincken.

Notes et références

(nl)/(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en néerlandais « Susanne van Soldt Manuscript » (voir la liste des auteurs) et en anglais « Susanne van Soldt Manuscript » (voir la liste des auteurs).
  1. a b c d e f g et h « Le Manuscrit de Susanne van Soldt », sur brittany-melodies,
  2. (en) John Michael Montias, Art at auction in 17th century Amsterdam, Amsterdam, Amsterdam university press, , 336 p. (ISBN 90-5356-591-4, BNF 39123470, lire en ligne)
  3. a b c d e et f (nl) « Susanna (Susanneken) van Solt », sur glasatelierpercy.nl
  4. (nl) « Handschrift Susanne van Soldt », sur liederenbank.nl
  5. (en) Michael Kassler, The English Bach Awakening : Knowledge of J.S. Bach and his Music in England, 1750-1830, Routledge, , 478 p. (ISBN 978-1-351-54486-3, lire en ligne)
  6. (en) « Chorale Melodies used in Bach's Vocal Works. The "Monica" - Historical Background », sur bach-cantatas.com
  7. (nl) « Groot lied-boeck », sur dbnl.org
  8. (en) « Annotated Performer's Editions, No. 8, Susanne van Soldt Klavierboek (ed. Calvert Johnson) », sur wayneleupold.com
  9. (en) « Susanne van Soldt klavierboek / edited by Calvert Johnson », sur bl.uk
  10. Ce disque a été distingué de quatre étoiles par Le Monde de la musique.
  11. (en) « The Susanne van Soldt virginal book. Guy Penson », sur bl.uk
  12. Ce disque a été distingué d'un « Choc » de l’Année 2008 par le magazine Le Monde de la musique
  13. (en) « Manuscrit Susanne van Soldt. Les Witches », sur bl.uk
  14. « Manuscrit Susanne van Soldt. Les Witches », sur youtube.com

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Kristine Forney, Nymphes Gayes en Abry du Laurier: Music Instruction for the Bourgeois Woman, Musica Disciplina, 49 (1995), p. 151-187.

Article connexe

Liens externes

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