Marguerite Gérard est la fille du parfumeur grassois Claude Gérard et de sa femme Marie Gilette. Elle est la cadette d'une fratrie de sept enfants.
En 1775, Marguerite Gérard entre en apprentissage chez sa sœur Marie-Anne Gérard et son beau-frère le peintre Jean Honoré Fragonard, installés au Louvre, à Paris[1]. Elle apprend la peinture et participe à l'exécution d’œuvres signées par Jean Honoré Fragonard, pratique commune au XVIIIe siècle. Jean Honoré Fragonard et Marguerite Gérard peignent à la manière des peintres hollandais, jeux d'ombres et de lumières, soieries, lustres[2].
Marguerite Gérard décède le 18 mai 1837 à Paris.
Portraits intimistes
Dans les années 1780, Marguerite Gérard entreprend une série de petits portraits. Ces portraits correspondent à des portraits privés réservés aux intimes, en opposition au portrait public qu'encourageait l'Académie royale de peinture. À partir de 1786, Marguerite Gérard réalise des portraits d'enfants peu individualisés. De 1787 à 1791, elle peint plusieurs dizaines de portraits d'artistes et mécènes, sur des supports de bois, de dimension réduite (21 × 16 cm). Les mécènes prennent plaisir à être représentés en artistes et les artistes acquièrent une position sociale plus importante. Les personnages regardent le spectateur, ils ont tous les yeux noirs. Un guéridon, une chaise et une table recouverte d'une étoffe rouge forment le décor. Elle ajoute un objet qui représente l'activité ou la profession du modèle. Les personnages sont vêtus de costumes contemporains, portent parfois la cocarde. Pour la première fois, elle peint sans Jean Honoré Fragonard, ce qui lui permet d'expérimenter de nouvelles techniques et de trouver son style[2]. Elle rencontre le succès, ce qui lui donne indépendance et aisance financière[1].
Marguerite Gérard réalise le portrait de Marie Ledoux et de ses filles (huile sur bois, 21 × 16 cm, collection particulière). L'architecte Claude-Nicolas Ledoux avait épousé Marie Bureau en 1764. Ils ont deux filles : Adélaïde en 1771 et Alexandrine en 1776. Marie Bureau meurt en 1794, ce qui permet de dater le tableau de 1787. Elle peint également le portrait de Ledoux vers 1787 en le représentant debout de face, s'appuyant sur un guéridon où est posé un dessin de la barrière de Reuilly (huile sur bois, 21 × 16 cm, Paris, musée Cognacq-Jay)[3].
L'enquête historique de Carole Blumenfeld[a] réalisée dans les années 2000 a permis de redécouvrir l'œuvre de Marguerite Gérard. Nombre de ces portraits intimes, pour la plupart conservés dans des collections particulières, ont été présentés pour la première fois au public en 2009 au musée Cognacq-Jay à Paris[4]
Scènes de genre
Connue comme portraitiste, elle s'illustre aussi avec talent dans la peinture de genre et laisse dans ce domaine plusieurs chefs-d'œuvre, dont La Liseuse (vers 1783-1785, Cambridge, collection particulière), Le Petit Messager, Le Concert, L'Heureux Ménage.
Dans un portrait, les traits sont individualisés. Dans une scène de genre, Marguerite Gérard invente le modèle. Le personnage des deux tableaux du musée Antoine Vivenel à Compiègne (dits autrefois Portrait de Mlle Chatard) se retrouvent dans des scènes de genre comme Le Retour à la campagne. Le paysage de La Petite fille au panier de fleurs (musée Antoine Vivenel) ressemble à la peinture anglaise et montre que Marguerite Gérard sait s'adapter au goût anglais en vogue dans les années 1790[3].
De 1799 à 1824, Marguerite Gérard expose régulièrement au Salon, gagnant trois médailles[5]. Napoléon Ier se porte acquéreur de quelques-unes de ses œuvres[1]. La collection du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), oncle de Napoléon Bonaparte, comprend onze tableaux de Marguerite Gérard[6].
Paris, musée Cognacq-Jay, Marguerite Gérard, Artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, du au .
Notes et références
Notes
↑Carole Blumenfeld[1], née en 1983, est une historienne de l'art française qui s'est particulièrement intéressée à Marguerite Gérard. Docteure en histoire de l'art, sa thèse portait sur « Marguerite Gérard et la peinture de genre de la fin des années 1770 aux années 1820 » (2011). Elle a assuré le commissariat scientifique de l'exposition Marguerite Gérard, artiste en 1789 au musée Cognacq-Jay en 2009. Son ouvrage « Marguerite Gérard, 1761-1837 », comportant la refonte actualisée du catalogue raisonné de l'artiste (2019) a été récompensé par le Prix du Livre d'Art du Syndicat national des Antiquaires.
Références
↑ ab et c(en) « Marguerite Gérard », sur National Museum of Women in the Arts (consulté le ).
↑ a et bCarole Blumenfeld, Marguerite Gérard et ses portraits de société, Paris, Paris musées, , 175 p. (ISBN978-2-7596-0109-7).
↑ a et bMusée Cognacq-Jay, Marguerite Gérard : artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, Paris, Paris Musées, , 175 p. (ISBN978-2-7596-0109-7), p. 77-78.
↑José de Los Llanos, De l'atelier au Salon. La sociabilité de l'artiste au XVIIIe siècle, Paris, Paris Musées, , 175 p. (ISBN978-2-7596-0109-7), p. 46.
↑« Marguerite Gérard », sur Dictionnaire des femmes de l'Ancienne France (consulté le ).
↑Pierre Rosenberg et Carole Blumenfeld, Le cardinal Fesch et l'art de son temps : Fragonard, Marguerite Gérard, Jacques Sablet, Louis-Léopold Boilly : exposition, Ajaccio, Musée Fesch, 15 juin-30 septembre 2007, Paris, Ajaccio, Gallimard, Musée Fesch, , 181 p..
(en) Rena M. Hoisington et Perrin Stein, « Sous les yeux de Fragonard : The Prints of Marguerite Gérard », Print Quarterly, XXIX, no 2, p. 142-162.
Carole Blumenfeld et José de Los Llanos, Marguerite Gérard : artiste en 1789, dans l'atelier de Fragonard, Paris, Musée Cognacq-Jay, , 175 p. (ISBN978-2-7596-0109-7).