Le mot menchevik (en russe меньшевик) vient de menchinstvo (меньшинство en russe) qui signifie « minorité ». Ils s'opposent aux bolcheviks (большевик ; de bolchinstvo, большинство, « majorité »), qui seront à l'origine de la création du Parti communiste de l'Union soviétique. Le terme de « minorité » provient du résultat d'un vote effectué en 1903 au deuxième congrès du parti au sujet de questions d'organisation et de stratégie. Les Bolcheviks menés par Lénine prônaient l'organisation d'un parti de cadres, formé de révolutionnaires professionnels, par opposition à la conception des Mencheviks qui, autour de Julius Martov, préconisaient un parti de masse, où l'adhésion était ouverte au plus grand nombre.
Cependant, même si la faction bolchévique était majoritaire au sein du POSDR en 1903, elle n'en était pas moins restée minoritaire sur la scène politique jusqu'à la révolution d'Octobre1917. En effet, en 1905, il y a 8 000 Bolcheviks dans les organisations clandestines en comparaison avec les 12 000 Mencheviks à la même époque. Par ailleurs, le Parti socialiste révolutionnaire (SR) comptait également plus d'adhérents que les Bolcheviks[3].
Cette participation les dessert, et ils perdent de leur influence aux élections municipales de Moscou en .
Le , lors du Congrès des Soviets, les 110 délégués mencheviques, minoritaires (sur 673 délégués), quittent la salle au moment de la ratification de la révolution d'Octobre, pour dénoncer un « coup d'État bolchevique ».
Le , les Mencheviks sont finalement contraints à la clandestinité, à la veille des élections au cinquième congrès des soviets, où ils espéraient obtenir la majorité.
Durant la guerre civile, certains membres du parti s'allient aux « blancs » pour combattre les bolcheviks. Le Comité central menchevique condamne formellement ces initiatives, particulièrement dans la région de la Volga où elles sont nombreuses. Dans une logique d'opposition aux Bolcheviks au pouvoir, les Mencheviks soutiennent les marins de Kronstadt en mars 1921.
Poursuivis, emprisonnés et exécutés par les Bolcheviks, même les militants et les dirigeants qui s'étaient ralliés au régime sont exterminés jusque dans les années des grands procès staliniens et autres déportations avant la Seconde Guerre mondiale. Ceux qui peuvent s'exiler installent leur direction à Berlin, où ils publient Le Messager socialiste (Sotsialistitcheski Vestnik). En 1933, l’arrivée au pouvoir de Hitler les oblige à quitter Berlin pour Paris.
Idéologie et stratégie
Les Mencheviks ont souhaité mener une révolution par étapes, en consentant initialement en Russie à une alliance avec la bourgeoisie libérale[6] : il s'agit d'abord d'arriver à la démocratie, puis d'accéder au socialisme (par le biais de luttes sociales ou de fonds mutualistes par exemple). En ce sens, ils rejoignent les socialistes et les sociaux-démocrates.