Microraptor mesurait 80 centimètres de long et pesait 1,5 kilogramme. Son corps était couvert d'une épaisse couche de plumes, y compris les pattes avant et arrière, avec un éventail de plumes en forme de losange au bout de la longue queue (ce qui contribuait sans doute à assurer une stabilité en vol). Quelques spécimens montrent une huppe de plumes sur la tête, semblable à celle d'oiseaux modernes. Une alternance de bandes foncées et pâles, présente sur certains spécimens, pourrait indiquer la coloration de l'animal de son vivant. En 2012, des chercheurs chinois et américains ont montré que les mélanosomes des plumes de Microraptor étaient noires, allongées et organisées en lamelles, ce qui indique une iridescence typique des plumes utiles pour la parade sexuelle[1]. Certains spécimens comme C. pauli possèdent un bréchet et d'autres caractéristiques que l'on retrouve chez les oiseaux modernes et qui facilitent le vol. Bon nombre de ces caractéristiques ne sont pas présentes chez Archaeopteryx.
En 2018, une étude de Maria E. McNamara et ses collègues sur les fossiles très finement préservés, à l'échelle nanométrique, de Microraptor du biote de Jehol en Chine, a mis en évidence la présence de fragments de peau desquamée. Il s'agit de pellicules que perdait l'animal, à la différence des reptiles actuels qui se débarrassent de leur peau en grandes plaques ou en un seul morceau[2],[3],[4]. Des fragments de peau similaires, ou cornéocytes, ont été retrouvés dans la même formation géologique, âgée de 120 millions d'années, chez deux autres dinosaures, Beipiaosaurus et Sinornithosaurus et chez un oiseau primitif : Confuciusornis[4].
Ailes
Microraptor possédait deux paires d'ailes ; autrement dit, les deux pattes avant et les deux pattes arrière étaient transformées en ailes. Des scientifiques chinois ont suggéré que l'animal s'en servait pour planer plutôt que pour voler, mais des études effectuées au musée d'histoire naturelle de Berlin sur des spécimens d'Archæopteryx, animal encore plus ancien, montrent que celui-ci aussi avait des pattes arrière couvertes de plumes de vol, quoique ces dernières fussent plus courtes. Plusieurs scientifiques croient aujourd'hui que tous les animaux aviens originaux avaient des plumes aux pattes arrière, lesquelles permettaient de maintenir l'équilibre en vol et de changer de direction tout comme les plumes caudales des oiseaux modernes. Sankar Chatterjee a démontré en 2005 que, pour voler, les ailes devraient être séparées (comme celles de la libellule) et non pas superposées (comme celles d'un biplan).
Ces éléments suggèrent que les dromæosauridés pourraient être en fait des espèces basiques d'oiseaux et que seules les plus grandes espèces telles que Deinonychus étaient incapables de voler. Cependant, les éléments disponibles ne peuvent permettre de conclure, d'autant que le vol pourrait être une convergence évolutive de ce groupe avec celui des oiseaux.
Nom
Le nom Microraptor est controversé du fait des circonstances inusitées de sa première description. Le tout premier spécimen décrit était en réalité une chimère, composée à partir de plusieurs spécimens chinois et vendue aux États-Unis. Quand la fraude a été révélée par Xu Xing de l'Institut de Paléontologie Vertébrée et de Paléoanthropologie de Pékin, Storrs L. Olson, curateur d'oiseaux au National Museum of Natural History du Smithsonian Institution a publié une description de la queue dans un journal obscur, le baptisant Archæoraptor liaonangensis, dans un effort pour effacer le nom des archives paléornithologiques en l'assignant à la partie la moins susceptible d'appartenir à un oiseau. Cependant, Xu a découvert les restes d'un spécimen duquel la queue a été prise, et en publia une description plus tard la même année, le baptisant Microraptor zhaoianus.
Puisque les deux noms désignaient le même individu et le même spécimen, Microraptor zhaoianus devient un synonyme d'Archæoraptor liaonangensis et ce dernier nom, s'il est valide, a priorité. Donc, selon l'interprétation de la Commission internationale de nomenclature zoologique, le nom valide pour cet animal est probablement Archæoraptor liaonangensis Olson 2000. Cependant, certains doutes persistent quant au fait qu'Olson pourrait avoir vraiment réussi à réunir tous les critères formels pour la création d'un nouveau taxon.
Peu importe en fait le statut légal exact du nom. La plupart des paléontologues sont en effet réticents à utiliser le nom Archæoraptor : primo, parce que ce nom est fortement associé à la fraude et au scandale du National Geographic ; secundo, parce qu'ils considèrent qu'Olson a tout simplement réalisé un sabotage nomenclatural et qu'ils ne veulent surtout pas le soutenir. Aussi, le nom Microraptor zhaoianus Xu et al., 2000 est-il monnaie courante à peu près universellement.
Le nom de Cryptovolans signifie le volatile caché. Le nom scientifique associé au fossile C. pauli lui a été donné en l'honneur du paléontologue Gregory S. Paul.
Découvertes
À ce jour, six squelettes virtuellement complets ont été retrouvés au Liaoning, en Chine, en 2001 et 2002. Deux espèces répertoriées ont été M. zhaoianus et M. gui. Cryptovolans pauli, un autre animal à quatre ailes, pourrait bien être une espèce de Microraptor lui aussi. Selon Senter et al. (2004), M. zhaoianus, M. gui et C. pauli pourraient être une seule et même espèce, M. zhaoianus.
Le spécimen C. pauli a été décrit par Czerkas et al. en 2002.
Classification
Microraptor fait partie du clade des Microraptorinae[5], un groupe de dinosaures de la famille des Dromeosauridae. Le cladogramme suivant établi en 2012 par Phil Senter et ses collègues montre la place de Microraptor dans cette famille[6] :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Articles
(en) Senter, P., Barsold, R., Britt, B.B., and Burnham, D.A., « "Systematics and evolution of Dromaeosauridae (Dinosauria, Theropoda)." », Bulletin of the Gunma Museum of Natural History, vol. 8, , p. 1-20.
↑(en) Li et al., Reconstruction of Microraptor and the evolution of iridescent plumage, Science, vol. 335, p. 1215 (9 mars 2012)
↑(en) Maria E. McNamara, Fucheng Zhang, Stuart L. Kearns, Patrick J. Orr, André Toulouse, Tara Foley, David W. E. Hone, Chris S. Rogers, Michael J. Benton, Diane Johnson, Xing Xu & Zhonghe Zhou (2018), Fossilized skin reveals coevolution with feathers and metabolism in feathered dinosaurs and early birds Nature Communicationsvolume 9, Article number: 2072 (2018) doi:10.1038/s41467-018-04443-x, [1]
↑(en) P. Senter, J. I. Kirkland, D. D. Deblieux, S. Madsen et N. Toth, « New Dromaeosaurids (Dinosauria: Theropoda) from the Lower Cretaceous of Utah, and the Evolution of the Dromaeosaurid Tail », PLoS ONE, vol. 7, no 5, , e36790 (PMID22615813, PMCID3352940, DOI10.1371/journal.pone.0036790).