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Mohamed Saïl

Mohamed Saïl
Biographie
Naissance

Taourirt (Souk Oufella)
Décès
(à 58 ans)
Bobigny
Sépulture
Cimetière Musulman de Bobigny
Nom de naissance
Mohand Amezian ben Ameziane Saïl
Autres noms
Un Anarchiste Kabyle
Activité
Écrivain, Pamphlétaire, Journaliste, Révolutionnaire
Période d'activité
1911 - 1953
Appartenance ethno-culturelle
Kabyle
Autres informations
A travaillé pour

Le Flambeau

L’Insurgé

Le Libertaire

L’Anarchie

L’Éveil Social
Religion
Athée
Idéologie
Anarchisme, Plateformisme, Anarcho-Syndicalisme, Fédéralisme Libertaire, Antifascisme, Anticolonialisme, Antimilitarisme; Antiautoritarisme
Membre de

Union Anarchiste

Comité de Défense des Indigènes Algériens

La Colonne Durruti

Fédération Anarchiste
Conflit
Guerre d'Espagne
Partenaire
Madeleine Sagot
Condamné pour
Détention d’Armes de Guerre
Archives conservées par
Centre international de recherches sur l'anarchisme
Œuvres principales

Le Calvaire des Indigènes Algériens (1924)

À bas l'Indigénat (1924)

Le Centenaire de la Conquête de l’Algérie (1929)

La “Civilisation française” en Algérie

Le Calvaire des Travailleurs Nord-Africains (1951)

La Mentalité Kabyle (1951)

L'Étrange Étranger, Écrits d'un Anarchiste Kabyle (2022)

Le révolutionnaire algéro-français Mohamed Saïl (en Kabyle: Muḥend Saïl), de son nom complet Mohand Amezian ben Ameziane Saïl est né le 14 octobre 1894 dans le village de Taourirt de la commune de Souk Oufella dans la province de Béjaïa en Kabylie, et mort le 27 avril 1953 à Bobigny (Seine).[1] Enfant, Mohamed est l'un des rares à pouvoir fréquenter l'école primaire pendant une courte période, mais il parvient à devenir autodidacte.[2] Il passe la première moitié des années 1920 à militer contre le militantisme (il s'est rebellé et a refusé de s'enrôler dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale, 1914-1918). Il a travaillé dans sa vie comme mécanicien automobile puis réparateur de poteries. Il fut également anarchiste, anarcho-syndicaliste, militant anticolonialiste et farouche opposant au nationalisme et à l'État communiste, en plus d'être écrivain et volontaire au sein du Groupe international de la colonne Durruti pendant la guerre civile espagnole.[3]

Le poète français Jacques Prévert lui a dédié le poème Étranges étrangers.[4]

Biographie

Mohamed Saïl est né le à dans le village de Taourirt de la commune de Souk Oufella dans la province de Béjaïa en Kabylie.[5] Comme beaucoup d'Algériens à cette époque, il a peu fréquenté l’école. Chauffeur-mécanicien de profession, il vécut avec Madeleine Sagot. On sait peu de choses de sa jeunesse ; on apprend par un témoignage qu’il donne au Semeur de Normandie, le journal d’Alphonse Barbé, qu’il est interné pour insoumission puis pour désertion pendant la Première Guerre mondiale : « pendant près de quatre ans, en temps de guerre, je fus insoumis puis déserteur ». Ses sympathies pour le mouvement libertaire sont déjà affirmées[6].

Dès la reconstitution du mouvement libertaire, à la sortie de la Première Guerre mondiale, il adhère à l’Union anarchiste. En 1923, avec son ami Sliman Kiouane[7], il fonde le Comité de défense des indigènes algériens.

Entre 1924 et 1926, il semble avoir vécu en Algérie, où il collabore au journal Le Flambeau. Il y dénonce le colonialisme et le code de l’indigénat, et appelle les Algériens à l’instruction, à la révolte et à « rejoindre les groupes d’idées avancées ». À l’époque, il donna également des articles à L’Insurgé d’André Colomer et à L’Anarchie de Louis Louvet, sous la signature « un anarchiste kabyle ». En , il fut emprisonné dix jours pour avoir critiqué « le régime des marabouts qui bernent les populations » dans un café à Sidi-Aïch (Kabylie)[8].

En 1929, il est le secrétaire d’un nouveau Comité de défense des Algériens contre les provocations du centenaire. La France s’apprête à célébrer le centenaire de la conquête de l’Algérie (). L’ensemble du mouvement anarchiste dénonce le colonialisme : «  La civilisation ? Progrès ? Nous disons nous : assassinat ! ». Par la suite, il adhère à la CGT-SR (la section française de l'AIT de l'époque), dans laquelle il crée la Section des indigènes algériens. L’année suivante, lors de l’exposition coloniale, le mouvement anarchiste reprend sa campagne contre le colonialisme.

En , installé à Aulnay-sous-Bois, il est le gérant du journal local L’Éveil social, qui parait de à avant de fusionner avec Terre libre. Un article lui vaut des poursuites « provocation de militaire à la désobéissance »[6]. Le Secours rouge international, organisation satellite du Parti communiste, lui apporte son soutien qu’il rejette au nom des victimes du stalinisme.

« Affaire Mohamed Saïl »

Le , quelques semaines après la manifestation des ligues du , il est arrêté à Saint-Ouen par la police qui saisit chez lui quelques grenades et pistolets, « souvenirs de la dernière guerre » selon le Comité de défense sociale. Il est inculpé de « délit de port d’arme prohibée  ». Condamné à un mois de prison, puis à un autre mois pour « détention d’armes de guerre  », il reste quatre mois et demi, temps qui dépasse de deux mois et demi celui de ses deux condamnations[8].

Il reprend ses activités militantes au sein de l’Union anarchiste et prend part aux débats sur l'organisation qui traversent le mouvement. Partisan d’une structure qui regroupe l’ensemble des courants anarchistes il développe son analyse en tenant compte des leçons espagnoles et de l’action qu’il mène à Aulnay-sous-Bois : «  Sachez que si notre groupe dépasse cent cinquante copains à l’heure actuelle, c’est parce que ses animateurs ne sont pas des rigolos mais des anarchistes sans compromission et que, s’ils sont de différentes écoles, ils ne connaissent avant tout qu’un seul idéal et une Anarchie » [9].

Volontaire en Espagne

En 1936 en Espagne (au premier rang, au milieu) avec des membres du Groupe international de la colonne Durruti.
Le Groupe International de la Colonne Durruti à l’enterrement de Buenaventura Durruti (Barcelone, le 23 novembre 1936).

Après le Coup d'État des 17 et 18 juillet 1936 et le début de la Révolution espagnole, Saïl, alors âgé de 42 ans, rejoint le Groupe international de la colonne Durruti[10] avec notamment avec Louis Mercier-Vega et Charles Carpentier. Il devient, après la mort de Berthomieu à Perdiguera, le responsable du groupe. C’est lui qui le conduit à l’attaque à Quinto. Le , en mission de reconnaissance, il est blessé au bras par une balle explosive à cent mètres des lignes franquistes. Hospitalisé à Barcelone, il regagne Aulnay-sous-Bois en . Mutilé, il doit désormais exercer le métier de réparateur de faïences[8].

Le , il participe au meeting organisé à la Mutualité par l’ensemble des organisations de la gauche révolutionnaire, pour protester contre l’interdiction de l’Étoile nord-africaine, conduite par Messali Hadj, et contre la répression des manifestations en Tunisie qui a fait seize morts.

Du 11 au , Saïl participe au congrès de l’Union anarchiste, dans laquelle il intervient pour rappeler les conditions de lutte en Espagne. Lucien Feuillade, qui a retranscrit les propos de cette séance du congrès, a remplacé les propos de Saïl, qui comme à son habitude utilise des termes crus : « Pour avoir un fusil, j’aurais léché le cul d’un garde mobile  », par « ..., j’aurais fait toutes les concessions  ». (Le Libertaire no 575, ). Saïl continue son travail de militant. À nouveau arrêté pour « provocation de militaire  », il est condamné en décembre 1938 à dix-huit mois de prison.

Durant la Seconde Guerre mondiale

Pour avoir, en , distribué des tracts contre la guerre, il est condamné à dix-huit mois de prison. En 1939, pour le même motif, il est arrêté et interné. C’est au cours de cette arrestation que sa bibliothèque est saisie, puis dispersée.

En 1941, il aurait été détenu au camp de Riom-ès-Montagnes (Cantal). Il aurait par la suite participé à la fabrication de faux papiers pour les compagnons recherchés[11]. Athée[12], il anime un groupe anarchiste au sein de la grande mosquée de Paris[13].

de 1945 à son décès en 1953

Dès la Libération, Saïl reconstitue le groupe d’Aulnay-sous-Bois et essaye de reformer des comités d’anarchistes algériens. Il rejoint la CNT-AIT à sa création en 1946 et tient dans Le Libertaire une chronique de la situation en Algérie. En 1951, il est nommé responsable au sein de la commission syndicale aux questions nord-africaines. Il produit une série d’articles sur « Le calvaire des indigènes algériens ».

Dans les conflits qui déchirent la Fédération anarchiste francophone en 1952-1953, il soutient, par ouvriérisme, la prise de pouvoir par la tendance communiste libertaire de Georges Fontenis qui crée la Fédération communiste libertaire[14]: « Mon vieux Fontenis, lui écrivait-il en , vous êtes jeunes pour la plupart des camarades dits majoritaires, et c’est pourquoi vous ignorez que vous êtes, vous, dans la véritable ligne traditionnelle de l’anarchisme »[8].

Mohamed Saïl meurt d'un cancer des poumons le 27 avril 1953 à l'l’hôpital franco-musulman à Bobigny.[15] Il est inhumé au cimetière musulman de Bobigny[16]. Georges Fontenis prononce son éloge funèbre lors de ses funérailles le qui se tiennent entre les deux tours d'élections municipales de 1953.

Textes

  • Appels aux travailleurs algériens, textes recueillis et présentés par Sylvain Boulouque, Groupe de Fresnes-Antony de la Fédération anarchiste, 1994, notice.
  • À bas l'indigénat, Le Flambeau, no 22, 1er-, texte intégral.
  • Le centenaire de la conquête de l’Algérie, La Voie libertaire no 30, , texte intégral.
  • À l’opinion publique, La Voix libertaire no 55, , texte intégral.
  • La mentalité kabyle, Le Libertaire no 257, , texte intégral, texte intégral.
  • L'étrange étranger, Écrits d'un anarchiste kabyle, textes réunis par Francis Dupuis-Déri, collection Instinct de liberté, Lux Éditeur, Montréal (Québec), 2020, 176 p.

Bibliographie

Notices

Articles connexes

Notes et références

  1. Sylvain Boulouque, « Mohamed Saïl (1894-1953) », sur PARTAGE NOIR, (consulté le )
  2. « 22/03/2021 – Mohamed Saïl (1894-1953), l’anarchiste kabyle – Association de Culture Berbère Paris » (consulté le )
  3. Émile Carme, « BALLAST • Mohamed Saïl, ni maître ni valet », sur BALLAST, (consulté le )
  4. Nicolas Rouleau, « Colère, j’écris ton nom », sur Lux Éditeur | maison d'édition indépendante | publication d'ouvrages à caractère critique en sciences humaines, (consulté le )
  5. « 14 octobre 1894, naissance de Mohamed Saïl », sur paris-luttes.info, (consulté le )
  6. a et b Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : notice biographique.
  7. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Sliman Kiouane.
  8. a b c et d Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
  9. Lettre fraternelle au camarade Planche, La Voix libertaire, n° 349, 29 janvier 1937, lire en ligne.
  10. Ce Groupe International est bien distinct des Brigades internationales, liées à l’Internationale communiste et au Parti communiste espagnol.
  11. Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
  12. « kabyle.com/articles/mentalite-… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. France Culture, Les Justes de la Mosquée de Paris (2 épisodes) Épisode 1 : Un soir devant la télé
  14. https://www.cairn.info/revue-ballast-2015-1-page-98.htm
  15. « Mohamed Saïl (1894-1953) - [ Demain Le Grand Soir] », sur demainlegrandsoir.org (consulté le )
  16. R. D., « SAÏL, Mohamed, Ameriane ben Ameziane », militants-anarchistes.info, (consulté le )

Liens externes

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