Le monastère est situé à l'ouest de Lisbonne au Portugal, dans le quartier de Belém, à l'embouchure du fleuve Tage.
Histoire
C'est sur l'emplacement d'un ermitage dédié à la vierge de Bethléem (Belém), fondé par Henri le Navigateur, que le roi Manuel Ier entreprend en 1502 (selon l'histoire officielle en remerciement pour le retour de Vasco de Gama de son premier voyage en Inde en ), de bâtir un magnifique monastère destiné aux religieux de l'ordre des Hiéronymites. En réalité, la fondation du grand monastère est planifiée avant le départ de Vasco de Gama, puisque la bulle papale autorisant sa construction date du [2].
Une décision politique
Accueillir au Portugal l'ordre des Hiéronymites, c'est-à-dire un ordre espagnol dont la vocation est d'entretenir le culte funéraire de la dynastie royale de Castille, est un geste de Manuel Ier en direction des Rois catholiques, avec lesquels il souhaite s'allier par l'entremise d'un mariage avec leur fille. La première pierre est posée en , et le chantier pharaonique sera en grande partie financé par les profits du commerce d'épices et grâce aux richesses rapportées des grands voyages de découverte portugais du XVIe siècle. On parle d'ailleurs de 750 tonnes d'or consacrées chaque année au chantier de construction[2].
Le monastère constitue l'œuvre architecturale la plus aboutie du style manuélin. Bénéficiant de l'afflux de richesses à Lisbonne, les architectes purent se lancer dans une œuvre de grande envergure. Diogo Boitaca fut le premier architecte du chantier et adopta dès 1502 le style gothique. Mais à partir de 1517, ses successeurs modifièrent ce style et y ajoutèrent l'appareil ornemental caractéristique du style manuélin où se retrouvent diverses influences. João de Castilho, d'origine espagnole, donna à la décoration une tournure plateresque ; Nicolas Chantereine mit en relief les thèmes de la Renaissance ; enfin, Diogo de Torralva et Jérôme de Rouen apportèrent une note de classicisme.
Il a résisté au séisme de 1755 qui a ravagé Lisbonne mais a été endommagé par les troupes anglaises de Wellington qui y furent cantonnées, venues combattre les troupes napoléoniennes au début du XIXe siècle. En 1834, avec l'expulsion de l'ordre religieux des Hiéronymites, l'église Sainte-Marie-des-Hiéronymites (Santa-Maria de Jerónimos) est devenue une église paroissiale pour les habitants de la paroisse de Sainte-Marie-de-Belém (Santa Maria de Belém).
Des bâtiments ajoutés au milieu du XIXe siècle à l'ouest du clocher affectent quelque peu l'harmonie architecturale de l'ensemble qui était jusque-là respectée. On y a installé les musées de la marine et de l'archéologie.
Classé monument historique en 1907, le monastère est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1983. Le , les chefs d'État ou de gouvernement de l'Union européenne s'y réunirent pour signer un nouveau traité constitutionnel appelé traité de Lisbonne.
Le cloître
Le cloître possède une richesse sculpturale impressionnante. De forme carrée de 55 m de côté, il comprend deux étages. L'étage inférieur, construit par Diogo Boitaca, est percé de larges arcades dont les remplages prennent appui sur de fines colonnettes de décoration inspirée du gothique finissant et de la Renaissance. L'étage supérieur, construit par João de Castilho, a un style moins exubérant.
Dans l'une de ces arcades se trouve depuis 1985 la sobre tombe du poète Fernando Pessoa (1888-1935), tandis que plusieurs autres tombes, dans la salle capitulaire contiennent les restes du poète et dramaturge Almeida Garrett (1799-1854), de l'écrivain-historien Alexandre Herculano (1810-1877), ainsi que des anciens présidents Teófilo Braga (1843–1924) et Óscar Carmona (1869–1951).
La sacristie et le réfectoire des moines sont recouverts de voûtes à liernes et tiercerons.
Arcade du cloître.
Voûtes du cloître.
Détail de décoration extérieure du cloître.
Détail d'une colonnette du cloître.
L'église Sainte-Marie (Santa Maria)
Le portail latéral sud, œuvre de Diogo Boitaca et João de Castilho, présente un foisonnement de gâbles, de pinacles et de niches accueillant des statues. Il est couronné par un dais surmonté de la croix des chevaliers du Christ. Le trumeau est orné de la statue d'Henri le Navigateur et le tympan est décoré de bas-reliefs se rapportant à la vie de saint Jérôme.
Le portail Ouest, œuvre de Nicolas Chanterène, permet d'accéder au cloître du monastère. Il est orné de très belles statues, notamment celles de Manuel Ier et de sa seconde épouse Marie d'Aragon. Au-dessus du portail se trouvent les scènes de l'Annonciation, de la Nativité et de l'Adoration des Mages. De nos jours, le portail Ouest est abrité par un porche construit au XIXe siècle.
L'intérieur de la nef de l'église surprend par le raffinement et la virtuosité de sa voûte. La décoration des piliers et de la voûte sont de João de Castilho, dans le pur style manuélin. À l'entrée de l'église, on peut voir les tombeaux de Vasco de Gama (sculpté de cordages, de sphères armillaires et autres emblèmes marins, il est de style manuélin[3]) et de Camoens. Les bras du transept de style baroque ont été érigés par Jérôme de Rouen, fils de Jean de Rouen et renferment plusieurs tombeaux royaux. Dans le chœur reconstruit à l'époque classique, on découvre un tabernacle en argent du XVIIe siècle, de l'orfèvre portugais João de Sousa (1674-1678), offert par le roi Alphonse VI en remerciements pour sa victoire dans la bataille de Montes Claros () face au royaume d'Espagne, et aussi plusieurs tombeaux royaux.
L'église Sainte-Marie contient les tombeaux des quatre rois de la branche Beja de la Maison d'Aviz et de nombreux membres de la famille. Les tombeaux reposent sur des éléphants en marbre et sont situés entre des colonnes ioniques surmontées de colonnes corinthiennes.
Dans le transept Nord se trouvent les tombeaux des enfants de Manuel Ier et d'Henri Ier tandis que dans le transept Sud se trouvent les tombeaux des enfants de Jean III et celui qui contiendrait le corps de Sébastien Ier, mais sans aucune certitude.
Tombeaux royaux
Statue de Manuel Ier à genou devant saint Jérôme, sur le portail Ouest.
Il est situé dans l'aile construite au XIXe siècle. Dans la grande galerie, on peut découvrir les différentes étapes de l'histoire portugaise des origines jusqu'à l'époque romaine. Des objets des différentes époques sont présentés : des poteries, des armes, des bijoux, des stèles... Parmi ces objets, on trouve notamment des berrões qui sont des sculptures de granit représentant des sangliers que l'on trouve en nombre dans le Nord-Est du Portugal.
Musée de la Marine
Le musée de la Marine (Museu de Marinha) est installé à l'ouest du monastère dans deux bâtiments distincts. Il présente notamment une collection de maquettes d'embarcations de différentes époques.