La new wave ou nouvelle vague désigne des œuvres de science-fiction produites approximativement de 1965 à 1980, fortement expérimentales, à la fois dans la forme et le contenu, et montrant une sensibilité plus « littéraire » ou « artistique » que « scientifique ». Ce mouvement littéraire est né en Angleterre, avant de se répandre aux États-Unis et de faire des émules en France, la « nouvelle SF française » et la « science-fiction politique » des années 1960-1970 utilisant souvent les mêmes thèmes et types de techniques narratives que la new wave, ainsi que partout ailleurs.
L'objet de ce nouveau registre d'écriture de la science-fiction est de renouveler les cadres du récit, voire de les casser, comme l'avait fait une décennie auparavant en littérature le mouvement du Nouveau Roman.
Appellation
Le terme de « new wave », importé tel quel en France par les critiques et auteurs pour désigner le phénomène anglosaxon, a été emprunté au nom français du mouvement cinématographique de la Nouvelle Vague[1]. On trouve aussi le terme français « nouvelle vague » pour le courant littéraire en science-fiction[2],[3],[4].
Gary K. Wolfe, professeur de lettres anglaises à l'université Roosevelt, affirme que le terme new wave a été utilisé pour la première fois pour désigner un mouvement littéraire science-fictif en 1966[1] dans un essai de Judith Merril paru dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction. Dans cet essai, Judith Merril aurait utilisé le terme new wave pour désigner la fiction expérimentale qui a commencé à apparaître dans le magazine anglais New Worlds après que Michael Moorcock en a pris la direction éditoriale en 1964[5]. Toutefois, Judith Merril nie avoir jamais utilisé ce terme[6].
Quoi qu'il en soit, le terme de new wave restera associé par la critique au « vivier » des talents et idées représenté par New World sous l'impulsion tous azimuts insufflée par Michael Moorcock, et aux auteurs qui s'en revendiqueront par la suite. Moorcock pour sa part proclame en 1966 J. G. Ballard « voix du mouvement », le précurseur d'une science fiction véritablement introspective et spéculative[7].
Judith Merril a ensuite popularisé ce type de fiction aux États-Unis dans son Anthologie England Swings SF: Stories of Speculative Fiction (Doubleday, 1968). Une autre anthologie, Dangereuses Visions, dirigée par Harlan Ellison, avait auparavant préparé la voie pour l'anthologie de Judith Merril.
Thèmes et procédés
Les écrivains de la new wave se sont souvent vus comme une partie de la tradition moderniste et se sont parfois moqués des traditions de la science-fiction des pulps, que certains d'entre eux considéraient comme indigeste, adolescente et mal écrite.
La new wave a repoussé les limites du genre de la science-fiction en direction du drame psychologique et d'autres thèmes de la littérature conventionnelle. Les frontières de ce qui était acceptable dans une revue de science-fiction se déplaçaient pour englober pour la première fois la sexualité, alors généralement ignorée dans la science-fiction. Les problèmes politiques contemporains montaient sur le devant de la scène : surpopulation, apocalypse nucléaire, pollution, guerre, répression, aliénation, drogues, médicaments et autres états de conscience.
Le style devenait plus important et des formes narratives plus évoluées étaient utilisées. L'influence du surréalisme est perceptible.
↑ a et b(en) Wolfe, Gary G (2005) “Coming to Terms” in Speculations on Speculation. Theories of Science Fiction, James Gunn and Matthew Candelaria (Ed.), Scarecrow Press Inc, Maryland