Unis par un tempo lent, une mesureternaire à , une forme ternaire commune A-B-A où B change de tonalité, une mise entre parenthèses de l'humour caractéristique du compositeur, une « écriture linéaire [et une] inspiration secrète et mélancolique »[1], les cinq Nocturnes sont composés entre août et novembre 1919 et sont publiés en deux cahiers, le premier chez Rouart-Lerolle en 1919 regroupant les numéros un à trois, les quatrième et cinquième étant édités chez Demets en 1920[1].
Structure
L'ensemble complet, d'une durée d'exécution de dix minutes environ[2], comprend cinq numéros, « pénétrés d'un égal caractère de mélancolie contemplative »[3]:
Premier Nocturne — Doux et calme, dédié à MmeMarcelle Meyer
Deuxième Nocturne — Simplement, dédié à André Salomon
Troisième Nocturne — Un peu mouvementé, dédié à Mme Jean Hugo (Valentine Hugo)
Cinquième Nocturne — = 60, dédié à Mme Georges Cocteau[note 1]
Analyse
« Je suis à un tournant de mon état d'âme et je ne m'amuse pas »[1], écrit Satie à Valentine Hugo à l'époque de composition des Nocturnes[note 2].
Malgré une teinte générale commune, chaque nocturne possède son climat propre[1]. Guy Sacre note l'abondance d'intervalles conjoints dans le premier, en ré majeur, et son caractère paisible à l'exception d'un choral vigoureux dans sa partie centrale. Pour le deuxième, dans la même tonalité, « plus court et moins lisse », il souligne sa « basse ourlée » et sa « mélodie sinueuse ». Toujours en ré majeur, le troisième Nocturne est construit autour de la quarte et est « le seul à quitter un instant son : le trio (en sol majeur, calme) est à , à trois et quatre parties très chantantes »[1].
Le quatrième Nocturne est qualifié par Sacre de « plus émouvant de la série », en sidorien, et explore les quintes. Quant au cinquième, en ré mineur/fa majeur, il est le plus chromatique de tous[4]. Alfred Cortot retient en préférences ce dernier morceau, « pour la distinction d'une réalisation sonore dont tous les détails [...] sont traités avec la plus séduisante ingéniosité », ainsi que le premier, « pour le caractère insinuant et rêveur de son thème principal, la franchise quasi rustique de son intermède »[5].
Sixième nocturne
Satie a laissé un brouillon de composition d'un sixième nocturne, complété et réalisé par le musicologue Robert Orledge, publié chez Max Eschig en 1994[6].
Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN978-2-221-08566-0), p. 2401-2402.