Périm est une île en forme de croissant très refermé sur lui-même, délimitant ainsi une baie et plusieurs criques formant un port naturel. Culminant à 65 mètres d'altitude, l'île est constituée de lave et de débris calcaire.
L'île est située dans le détroit de Bab-el-Mandeb qui relie la mer Rouge située au nord-nord-ouest au golfe d'Aden situé au sud-est[1]. L'île est considérée comme asiatique en raison de son appartenance au Yémen et de la plus grande proximité des côtes asiatiques qu'africaines[1]. En effet, le bras de mer séparant l'île du Yémen, le détroit d'Alexandre ou Bab Iskender, est large de 3,2 kilomètres tandis que celui la séparant de l'Afrique, le Dact-el-Mayun, est large de 25,6 kilomètres[2].
L'île est située dans le prolongement de la péninsule de Cheikh Saïd située dans l'extrême sud-ouest du Yémen et de la péninsule arabique, entourée au sud-ouest par les côtes djiboutiennes formées par le bloc Danakil, en face de la petite ville côtière de Moulhoule[1].
Périm constitue la partie émergée d'un volcan né de l'ouverture de la vallée du Grand Rift et de la mer Rouge. Émettant des laves basaltiques fluides au cours d'éruptions relativement peu explosives, il est classé comme volcan rouge.
Climat
Périm est soumise à un climat désertique qui entraîne un manque important de précipitations. Avec la mer Rouge qui entoure l'île, le climat est plus frais que sur les côtes continentales.
Le Royaume-Uni réoccupe Périm en 1857[7] et l'intègre à Aden, ville qu'il occupe depuis 1839[6]. Les Britanniques y construisent un phare inauguré quatre ans plus tard[3]. Durant les deux décennies suivantes, la présence britannique se limite au personnel du phare et à un petit détachement de Cipayes détaché de la garnison d'Aden. Le recensement de 1881 dénombre 149 résidents[8]. Sa localisation est utilisée pour le passage d'un câble télégraphique sous-marin entre Aden et Obock, construit par la société Eastern Telegraph Company (autorisée en 1889 pour une concession de vingt ans)[9].
Les Britanniques confèrent à l'île un rôle stratégique grâce à sa localisation sur la route des Indes. D'abord, elle leur permet de bloquer les ambitions françaises en mer Rouge[10]. Ensuite, elle sert de lieu de ravitaillement en charbon à partir de 1883[11] pour les navires empruntant le canal de Suez ; cette fonction est interrompue en 1936, car l'usage du pétrole s'est substitué au charbon[12]. Avec l'amorce des activités de ravitaillement, la population augmente rapidement, passant de 986 en 1891 à 1 236 en 1901[13]. Jusqu'au début des années 1930, Périm est un sérieux concurrent d'Aden en ce qui concerne les activités de ravitaillement en charbon. Cette situation géographique est aussi utilisée pour la contrebande d'armes, activité répandue dans le golfe d'Aden et en Somalie et contre laquelle le gouvernement britannique s'engage en 1909 aux côtés de la France et l'Italie[14].
En , peu de temps après la déclaration de guerre entre le Royaume-Uni et l'Empire ottoman, des troupes de l'Inde britannique débarquent sur la péninsule de Cheikh Saïd en face de Périm et détruisent le petit fort turc et les canons Krupp qui s'y trouvent. Le , les Britanniques repoussent avec succès une tentative de débarquement turc à partir de Cheikh Saïd[15],[16].
Les États-Unis affirment durant la Guerre froide que le Yémen du Sud permettait à l'URSS d'y avoir une base navale sur l'île, affirmation relayée par la presse[17]. Il n'y en a cependant jamais eue ; une affirmation similaire existait à propos de Socotra.
Il existe un projet de pont entre Djibouti et le Yémen, qui passerait par Périm. Cependant, la guerre civile yéménite, qui se déroule depuis 2014, ainsi que la faiblesse de l'économie des deux États rendent ce projet non viable.
À partir de 2015, les Émirats arabes unis essaient de construire une piste d'atterrissage sur l'île, initialement une piste de trois kilomètres de long, afin de surveiller le détroit de Bab-el-Mandeb ; mais le chantier est interrompu. D'après des militaires yéménites, le chantier reprend au printemps 2021, alors que le Yémen est encore divisé par la guerre civile depuis 2014. Des images satellites montrent, le 18 mai, une piste achevée de 1,85 km et trois hangars. L'aménagement est attribué aux Émirats arabes unis étant donné l'origine des navires et des entreprises de construction repérées à Périm, mais sans l'accord du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale[19].
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Perim » (voir la liste des auteurs).
↑(fr) Jehan Desanges, « Le Littoral africain du Bab el-Mandeb d'après les sources grecques et latines », Annales d'Éthiopie, vol. 11, no 11, , p. 83-101 (lire en ligne)
↑(fr) Blandine Destremau, « Le Yémen du Nord. Évolution économique récente », Tiers-Monde, Technologie et développement, t. 31, no 122, , p. 461-474 (lire en ligne)
↑ a et bPerim. Columbia Electronic Encyclopedia, 6th Edition, Q2 2015
↑Peter Pickering, Perim. the Last Colonial Outpost (chapitre "Perim Population")
↑Peter Pickering, Perim Island. The Last Colonial Outpost (chapitre "Assault Landing at Sheikh Syed")
↑Martin Motte, « La seconde Iliade : blocus et contre-blocus au Moyen-Orient, 1914-1918 », Guerres mondiales et conflits contemporains, Presses universitaires de France, vol. 2, no 214, , p. 39-53 (DOI10.3917/gmcc.214.0039, lire en ligne)
↑(en) With Analysis From Monitor Correspondents Around The World, « Soviets reported building new center in S. Yemen », The Christian Science Monitor, (lire en ligne, consulté le ).
↑"Sarkozy's Middle East stratagem", Blanche, Ed., Middle East 399 (Apr 2009): 24-27.