Le Pétrel géant (Macronectes giganteus), ou Pétrel géant antarctique, est une espèce de grands oiseaux de mer de la famille des Procellariidae qui vit dans l'hémisphère sud et dont l'envergure peut atteindre deux mètres.
Morphologie
Dimensions
Long de 84 à 99 cm, ce grand oiseau a une envergure qui peut aller de 185 à 213 cm. Il peut peser de 3,6 à 5 kg.
Plumage
Il n'existe pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce, mais il existe deux types de plumage, tous sexes confondus : la phase claire et la phase foncée.
Les individus de phase claire sont blancs avec des taches foncées assez nombreuses.
Les individus de phase foncée sont tout d'abord entièrement sombres (ce qui les distingue des juvéniles d'Albatros hurleur, qui ont la face et le dessous des ailes blancs), puis acquièrent lentement le plumage adulte, qui présente des taches claires sur la tête et la poitrine, ainsi que sur la bordure antérieure du dessous des ailes et sur la face inférieure du corps.
Espèces similaires
Il ressemble assez à un petit albatros, mais son corps est plus robuste, un peu « bossu », et ses ailes plus courtes. On peut aussi le confondre avec un Pétrel de Hall, Macronectes halli : la détermination est particulièrement difficile pour les individus juvéniles. La principale différence entre Pétrel de Hall et Pétrel géant est que ce dernier a le bout du bec verdâtre au niveau des deux mandibules, alors que le Pétrel de Hall a le bout de la mandibule supérieure rougeâtre et le bout de la mandibule inférieure noirâtre[1].
Comportement
Alimentation
Le Pétrel géant est un oiseau opportuniste qui, s'il se nourrit de krill, d'amphipodes, de poissons et de céphalopodes, ne dédaigne pas de devenir charognard. Il suit souvent les navires de pêche au filet ou à la palangre, profitant des poissons et déchets rejetés par ces derniers. Pendant la saison de reproduction, une bonne part de son apport alimentaire est constituée de cadavres de manchots, de phoques et d'éléphants de mer[2],[3]
Il semble que mâle et femelle ne partagent pas les mêmes sites de nourrissage, au moins durant la saison de nidification[4].
Reproduction
La saison de reproduction commence en octobre ou novembre par la formation de colonies éparses, puis par la ponte d'un seul œuf dans un nid formé d'herbe, de mousse et de petits cailloux. Cet œuf sera couvé durant 55 à 65 jours. Le petit restera au nid jusqu'à son essor, vers le mois de mars. Après son essor, le juvénile passera ses premières années à se déplacer autour du pôle Sud. Il sera capable de se reproduire à son tour au plus tôt à 4 ans, mais plus communément entre 6 et 10 ans[2],[3]. Le record de longévité chez cette espèce est actuellement détenu par un individu bagué : 13,5 ans. Mais on estime que cet oiseau peut vivre beaucoup plus longtemps[5]
Classification
L'espèce Macronectes giganteus comprenait autrefois le Pétrel de Hall, maintenant considéré comme une espèce à part[6].
On estime qu'entre 2 000 et 4 000 Pétrels géants ont été tués par la campagne de pêche à la palangre de la Légine australe (Dissostichus eleginoides) de 1997-1998. Il a été démontré aux îles Malouines que l'espèce est aussi victime de la pêche au filet dérivant. Des diminutions de population ont aussi été imputées, au niveau de certaines zones, à la réduction importante des effectifs d'Éléphant de mer austral (Mirounga leonina, dont les cadavres constituent une importante source alimentaire pour cette espèce), mais aussi à la pression humaine[4]. Le Pétrel géant est un oiseau sensible au dérangement ; il quittera définitivement son nid s'il est dérangé trop souvent, abandonnant œuf ou petit. Lorsqu'il se sent en danger, il est capable de régurgiter une huile nauséabonde qu'il projette sur son assaillant[2].
Populations et mesures de conservation
Après un déclin au cours des années 1980 et 1990, il semble que la population de Pétrel géant soit de nouveau en augmentation sur certaines zones, comme les îles Crozet, les îles Malouines, l'île Gough, l'île Heard et en Géorgie du Sud. La population en 2008 était estimée à 97 000 individus[4].
Cette espèce est placée en annexe II de la Convention de Bonn et en annexe I par l'ACAP (Agreement on the Conservation of Albatross and Petrels). L'UICN, en dépit d'une apparente stabilisation des populations de Pétrels géants, a classé cette espèce dans la catégorie "V" (Vulnerable) puis "NT" (Near Threatened, c'est-à-dire quasi menacée) entre 2000 et 2009 à cause de la menace toujours présente que constitue la pêche industrielle sur cette espèce[7].
↑Alström P., Colston P., Lewington I. (1992) Guide des oiseaux accidentels et rares en Europe, Delachaux et Niestlé, Lausanne, (ISBN2-603-00896-X), p.31
↑ ab et cTrivelpiece S.G., Trivelpiece W.Z. (1998) : Post-fledging dispersal of southern giant petrels Macronectes giganteus banded at Admiralty Bay, King George Island, Antarctica, Marine Ornithology, n°26, p 63 - 68