Philippe Djian, aîné de trois garçons, passe une enfance paisible dans une famille de la petite bourgeoisie du 10e arrondissement parisien. Un camarade rencontré au collège, Jérôme Equer[1], lui fait découvrir la littérature, puis le pousse à l'écriture[1], d'abord sous forme de carnets, lors de leurs divers voyages. Le premier les mène aux États-Unis, à 18 ans[2], sur les traces du héros de L'Attrape-cœurs de J.D. Salinger[1]. Ils partent ensuite pour la Colombie, réaliser un reportage pour Paris Match[1].
Ses premières lectures lui inculquent une certaine idée de l'importance du style : Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline, Tandis que j'agonise de William Faulkner, L'Attrape-cœurs de J.D. Salinger[3]. Sa préférence va à la littérature américaine. « Écrire, c'est mettre de l'harmonie, c'est donner de la cadence au temps, du mouvement à l'espace, du swing à l'ennui. Voilà ce que j'ai appris de Kerouac, une leçon primordiale, essentielle, vitale qui lui a pourtant valu d'être banni de l'intelligentsia[4]. » Son ouvrage Ardoise, publié en 2002, est consacré aux « dix premiers [écrivains] qui ont bouleversé ma vie et m'ont amené à la littérature[4]. » : J. D. Salinger, Louis-Ferdinand Céline, Blaise Cendrars, Jack Kerouac, Herman Melville, Henry Miller, William Faulkner, Ernest Hemingway, Raymond Carver et Richard Brautigan. Il découvre ce dernier à la fin des années 1970, « J'ai commencé par Un privé à Babylone et j'ai reçu un choc. […] C'était une découverte incroyable, je ne pensais pas que l'on pouvait à la fois s'amuser et être sérieux, c'était une poésie qui me touchait beaucoup, une poésie du quotidien[5]. » C'est aussi l'auteur qu'il choisit pour l'épigraphe de son roman 37°2 le matin[6], en 1985.
Denis Johnson ou Martin Amis sont aussi des auteurs qu'il apprécie, « mais comme je les trouve meilleurs que moi, je préfère les laisser de côté quand je travaille[7] », déclare-il en 2003 au magazine Lire. Plus récemment, en 2010, il indique au journal L'Express : « Aujourd'hui, j'aime beaucoup Jay McInerney […] ou Bret Easton Ellis. American Psycho, c'est quand même très fort. Mais je considère que le plus grand est Philip Roth, celui de Pastorale américaine[1]. » En littérature française, il cite dans ce même entretien les auteurs Patrick Modiano, Jean Echenoz ou Christian Gailly comme auteurs « meilleurs »[1] que lui.
Concernant ses propres ouvrages, « ils ne sont jamais les livres que j’avais envie d’écrire au départ. J’essaye d’écrire le livre que j’ai envie de lire. Mais on change, une fois qu’il est fini. Alors, il ne me contente plus : je suis obligé d’en faire un autre[8]. » Ses livres partent d'une première phrase : « La seule part d'inspiration — et encore — , c'est la première phrase. Cette fameuse première phrase d'où tout découle[1]. » Il n'a jamais écrit à la main, toujours sur une machine à écrire, puis sur ordinateur[1].
Il rencontre sa future femme à 25 ans[7], au milieu des années 1970, surnommée Année[9], qui a alors 16 ans[9]. Elle devient artiste peintre[7],[9], et ils ont ensemble plusieurs enfants[7],[9].
Il a suivi une école de journalisme, et a travaillé plus d'un an à la relecture d'articles du journal Détective[2]. Il sera également docker au Havre, magasinier chez Gallimard, vendeur, interviewer de Lucette Destouches, la veuve de Céline, pour Le Magazine littéraire en 1969, à l'occasion de la publication posthume de Rigodon[10]. C'est la nuit, dans une petite guérite d'autoroute de la Ferté-Bernard, qu'il rédige ses premières nouvelles[11], qui paraîtront dans le recueil 50 contre 1 en 1981[1]. « Je crois n'avoir commencé à écrire, n'avoir pris ma vitesse de croisière qu'à partir de Zone érogène (1984). Le grand pas en avant, c'est peut-être lorsque j'ai commencé à écrire à la première personne[11]. » En 1985, il publie 37°2 le matin, « ce qui m'intéressait était de raconter une histoire con, mais de l'écrire bien[11]. » Le roman est adapté l'année suivante au cinéma par Jean-Jacques Beineix. Le succès du film engendre une forte vente de la réédition de l'ouvrage en livre de poche[11], et lui apporte la popularité.
La même année, 1986, une seconde adaptation d'un de ses romans sort sur les écrans, d'après son premier roman, Bleu comme l'enfer, réalisé par Yves Boisset. Philippe Djian déclare quelques années plus tard, en 1993, dans un entretien, que c'est « un film abominable[5]. » À la même époque, il indique dans un autre entretien au journal Le Figaro : « J’avais envie que John Cassavetes adapte un de mes livres, mais il est mort. J’aime bien Gus Van Sant. S’il en a envie, je lui donne les droits, je ne les lui vends pas[8]. »
Antoine de Caunes, avec qui il est ami depuis alors plusieurs années[12], lui présente Stephan Eicher à la fin des années 1980. Une profonde amitié se noue entre les deux hommes. Philippe Djian devient son parolier en 1989, pour de nombreuses chansons en français de huit de ses albums, sur une musique composée par Stephan Eicher, dont les succès Déjeuner en paix, Pas d'ami comme toi ou Tu ne me dois rien. « J'essaie d'écrire pour le chanteur tout en tirant un peu la couverture à moi. Je ne me dis jamais : "Qu'est-ce qui convient à Eicher ?" La preuve, il n'arrive pas à prononcer les "r" et il faut souvent que je change mes phrases[13]. » En 2007, il demande à Stephan Eicher de l'accompagner sur scène pour un festival littéraire à Toulouse[14], ils réitèrent l'expérience en 2009 lors du festival littéraire « Paris en toutes lettres », puis, en , ils commencent tous deux une série de concerts littéraires, jusqu'en 2011. Depuis, ils montent régulièrement sur scène durant divers festivals littéraires. Philippe Djian a également écrit les paroles de Ne reviens pas pour Johnny Hallyday en 2002, sur la musique de Stephan Eicher.
Doggy Bag, dont le premier opus Saison 1 est sorti en 2005, entame une série littéraire en six saisons (6 livres) inspirée des séries télévisées américaines, qui s'achève en 2008. La Saison 4 reçoit le Prix La Coupole 2007. En 2009, il obtient le Prix Jean-Freustié pour Impardonnables.
Au début des années 2000, il se lance dans la traduction de pièces de théâtre depuis l'anglais vers le français, et re-traduit pour Gallimard deux pièces de Harold Pinter, Le Retour et Le Gardien ; pour cette dernière, il est nommé pour le Molière de l'adaptateur aux Molières 2007. Entre 2002 et 2013, il traduit également six pièces de théâtre anglaises du dramaturge britannique Martin Crimp aux éditions de l'Arche, et est à nouveau nommé pour le Molière de l'adaptateur aux Molières 2009 pour la pièce La Ville. C'est à cette même époque qu'il s'essaie alors à la dramaturgie, en publiant en 2008 son unique pièce Lui.
Au début des années 2010, il échoue à monter un label de production à son nom, réunissant des artistes de divers domaines[15].
Carcassonne (1993) : Des hauts des bas - Ni remords ni regrets - La nuit debout - Manteau de gloire - Rivière - Baiser orageux - Durant un long moment
1000 vies (1996) : Dis moi où - 1000 vies - Elle mal étreint - Traces - 71/200 - Prière du matin - Oh ironie
Louanges (1999) : Ce peu d'amour - Démon - Sans vouloir te commander - Si douces - Louanges - La fin du monde - Venez danser - Le même nez
compilation Hotel* S : Stephan Eicher's Favourites (2001) : titre bonus Elle vient me voir, en plus des titres de la compilation.
Taxi Europa (2003) : On nous a donné - Mon ami (Guarda & Passa) - Cendrillon après minuit - Tant & Tant - Taxi Europa - La voisine - Avec toi - Rien n'est si bon
L'Envolée (2012) : Donne-moi une seconde - Dans ton dos - Tous les bars - Envolées - La Relève - Elle me dit (en duo avec Philippe Djian) - L'Exception
Participation
Philippe Djian intervervient dans l'album de compilation Hotel* S : Stephan Eicher's Favourites (2001) pour une lecture de Durant un long moment (écrit pour l'album Carcassonne de 1993) et dans l'album L'Envolée (2012) pour un duo sur le titre Elle me dit.
Concerts littéraires
En 2007, Philippe Djian demande à Stephan Eicher de l'accompagner sur scène pour un festival littéraire à Toulouse[14], ils réitèrent l'expérience en 2009 lors du festival littéraire « Paris en toutes lettres », puis, en , ils commencent tous deux une série de concerts littéraires, jusqu'en 2011. Depuis, ils montent régulièrement sur scène durant divers festivals littéraires.
Autre
Parolier de la chanson Ne reviens pas pour Johnny Hallyday (sur une musique de Stephan Eicher), sur l'album À la vie, à la mort, sorti en 2002.
Préfaces
David Angevin (recueil de chroniques), Le maillot à pois du meilleur grimpeur, Paris, L'Incertain, coll. « Franc-Parler », , 119 p. (ISBN2-906843-31-8)
Raymond Carver (trad. de l'anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso), Débutants : nouvelles [« Beginners »], Paris, Points, coll. « Points Signatures », , 369 p. (ISBN978-2-7578-3217-2)
Martin Crimp (trad. de l'anglais, édition bilingue), Into the Little Hill, Paris, L'Arche, (ISBN2-85181-638-1)
Martin Crimp (trad. de l'anglais), La ville [« The City »], Paris, L'Arche, coll. « Scène ouverte », , 89 p. (ISBN978-2-85181-670-2)
Harold Pinter (trad. de l'anglais, nouvelle traduction), Le Retour [« The Homecoming »], Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », (1re éd. 1964), 89 p. (ISBN978-2-07-013693-3)
Martin Crimp (trad. de l'anglais), La pièce : et autres morceaux [« The Play »], Paris, L'Arche, , 87 p. (ISBN978-2-85181-745-7)
Martin Crimp (trad. de l'anglais), Dans la république du bonheur [« In the Republic of Happiness »], Paris, L'Arche, coll. « Scène ouverte », , 92 p. (ISBN978-2-85181-782-2)
Martin Crimp (trad. de l'anglais), Le reste vous le connaissez par le cinéma [« The Rest will be Familiar to You from the Cinema »], Paris, L'Arche, coll. « Scène ouverte », , 95 p. (ISBN978-2-85181-860-7)
(de) Corinna Libal, Die Personendarstellung in den romanen von Philippe Djian : von "Bleu comme l'enfer", 1982 bis "Lent dehors", 1991, Essen, Die Blaue eule, coll. « Literaturwissenschaft in der blauen Eule », , 58 p. (ISBN3-89206-961-1)
Philippe Sebbagh et Mike Delfin, 2 ateliers d'écriture Gallimard 2014 : Philippe Djian & Ingrid Astier, Paris, Les Éditions Chapitre.com, , 57 p. (ISBN979-10-290-0073-7)
Pierre-Yves Roubert, De l'importance de Philippe Djian dans la vie : étude sur l'œuvre du plus grand écrivain français vivant, Brive, Écritures, , 215 p. (ISBN978-2-35918-026-8)
Documentaire
Kate Barry, Balade avec Djian, de la série documentaire « Empreintes », France 5, 2012 — « Djian se raconte », sur SudOuest.fr, (consulté le )