Bi plan d'instruction primaire au pilotage, entrainement, observation, liaison, évacuation sanitaire, attaque au sol à basse hauteur, épandage, parachutage...
Le Polikarpov Po-2 ou UT-2 est un biplan conçu pour l'entraînement et le travail agricole, produit en URSS, de 1928 jusqu'aux années 1950. Il était simple à produire et à entretenir, et plus de 20 000 exemplaires furent assemblés. En vol, il se montra très fiable et pardonnait la plupart des erreurs de pilotage. Bien que dépassé bien avant la Seconde Guerre mondiale, il fut néanmoins utilisé comme avion de harcèlement de nuit et pour le transport léger durant tout le conflit, puis en Corée. Du fait de son emploi comme avion agricole, les soviétiques le surnommèrent Кукурузник (Koukourouznik), terme dérivé de кукуруза (koukourouza, qui désigne le maïs).
Conception
Le prototype de cet avion vola pour la première fois en . D'une conception simple et rustique, il employait un moteur de 99 chevaux, le Chvetsov M-11 à cinq cylindres en étoile. Il fut dès lors utilisé de façon massive, aussi bien dans le civil que dans l'Armée rouge.
Engagements
Seconde Guerre mondiale
Lors de la Seconde Guerre mondiale, on trouva une utilisation au combat pour cet avion, pourtant peu performant. Il servit à harceler au sol les troupes de la Wehrmacht, au cours d'attaques en pleine nuit. La tactique employée consistait à approcher des positions allemandes à basse altitude, puis à réduire la puissance du moteur au maximum, mais pas à le couper car il était démuni de démarreur et la mise en route du moteur nécessitait de brasser l'hélice à la main. Bien que ces attaques fussent peu meurtrières, elles eurent un effet psychologique important, troublant maintes fois le sommeil des unités de la Wehrmacht. Cet avion était appelé Nähmaschine (machine à coudre) par les soldats allemands à cause du bruit caractéristique engendré par les culbuteurs du Chvestov.
Cet avion équipa exclusivement un des 3 régiments basé dans la petite ville d'Engels, sur le fleuve Volga, au nord de Stalingrad. Le 588e régiment de bombardement de nuit, qui était constitué uniquement de femmes (pilotes et mécaniciennes), se distingua dans ce type de mission. Certaines d'entre elles finirent la guerre avec plus de mille missions de ce type à leur actif, dont parfois dix-huit en une seule nuit, et nombre d'entre elles furent décorées du titre de Héros de l'Union soviétique. Les Allemands les surnommèrent Nachthexen (les sorcières de la nuit)[2].
L'avion était fabriqué principalement à partir de bois et de toile et était donc très facilement inflammable. Les équipages n'emportaient pas de parachutes, inutiles compte tenu des très basses hauteurs d'utilisation. En cas de crash en zone ennemie, elles étaient munies d'armes de poing, préférant se suicider plutôt que de subir ce qui les attendait en cas de capture.
Par conception, l'avion possédait les caractéristiques ADAC (atterrissages et décollages courts, STOL en anglais) sur terrains sommaires, ce qui lui permettait de garder un contact avec les unités de partisans soviétiques opérant sur les arrières allemands.
Guerre de Corée
Lors de la guerre de Corée, le Po-2, utilisé de la même façon, fut surnommé par les troupes des Nations unies Bedcheck Charlie. Pendant les deux conflits, le petit biplan se révéla un adversaire paradoxalement dur à abattre, car sa vitesse maximale (130 km/h) était bien inférieure à celle de décrochage des chasseurs qui tentaient de l'intercepter, et par le fait qu'il volait à très basse altitude, parfois quelques mètres seulement. En Corée, malgré l'utilisation de radars, l'avion resta difficile à atteindre du fait de sa petite taille et de sa construction en bois qui ne donnaient qu'une très faible signature radar. Quelques LT-6G du 6147th TCG(en) furent armés d’une paire de mitrailleuses de calibre .30 (7,62 mm) pour interdire aux Po-2 toute tentative de harcèlement nocturne[3].
Variantes
U-2P version dotée de flotteurs, produite en faible quantité.
U-2S version ambulance, avec deux civières, placées soit à l'intérieur soit sur les ailes inférieures.
U-2ShS version de liaison d'état-major.
U-2SP version de transport après guerre, de deux à quatre passagers.
Dans la bande dessinée Le Grand Duc tome 1, l'héroïne Lilya Litvasky pilote un Po-2 dans l'escadrille des « Sorcières de la nuit » avant de parvenir à se faire muter dans une autre unité, non exclusivement féminine, et disposant d'appareils plus modernes pour combattre les nazis.
↑Mister Kit et Jean-Pierre De Cock, Le T-6 dans la guerre d’Algérie, Atlas, , p. 20-22.
Bibliographie
Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 4 : La Seconde Guerre mondiale - U.S.A., Japon, U.R.S.S., etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN2-8003-0277-1), p. 214.
(en) Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, World aircraft, vol. 2 : World War II, Maidenhead, Sampson Low, (ISBN0-562-00096-8).
(ru) Valery Bargatinov, Krylʹi︠a︡ Rossii : polnai︠a︡ illi︠u︡strirovannai︠a︡ ėnt︠s︡iklopedii︠a [« Wings of Russia »], Moscou, Ėksmo, (ISBN5-699-13732-7)
(en) Robert F. Dorr, B-29 Superfortress units of the Korean War, Oxford, Osprey, , 96 p. (ISBN1-84176-654-2).
(en) Gordon Yefim, Soviet air power in World War 2, Hinckley, Midland, (ISBN978-1-85780-304-4).
(fi) Kalevi Keskinenet al., Suomen ilmavoimien historia. Dive bombers and liaison aircraft, Espoo, Tietoteos, (ISBN951-9035-42-7).
(en) Bruce Myles, Night Witches : The Untold Story of Soviet Women in Combat, Chicago, Ill, Academy Chicago, , 272 p. (ISBN0-89733-288-1).
(en) Bob Ogden, Aviation museums and collections of mainland Europe, Toonbridge, Kent, Air-Britain, , 2e éd., 640 p. (ISBN978-0-85130-418-2).
(pl) Witold Szewczyk, Samolot wielozadaniowy Po-2 (TBiU #74), Warszawa, Wydaw. Ministerstwa Obrony Narodowej, (ISBN83-11-06668-X).