En gestation dès le début de l'année 1987, une équipe de journalistes (Raja Nasrallah, Rémy Galland, Jean-Paul Besset, Michel Naudy, etc.) autour de Bernard Langlois fonde Politis, Le Citoyen. Son premier numéro paraît le . Sa une proclame « La France manque d'immigrés ». Dans le courant de l'année 1988, d'autres journalistes rejoignent l'équipe, parmi lesquels Fabrice Nicolino, dès janvier, Paul Moreira, Jean-Michel Aphatie, Ahmed Boubaker. Dans les années 1990, le journal connaît plusieurs arrêts et dépôts de bilan[2].
En , Politis inaugure une nouvelle formule qui sera modifiée légèrement en . Cette dernière subit un changement graphique à partir du numéro du [3]. À nouveau, Politis change la maquette de l'hebdomadaire à partir du ainsi que sa plateforme Internet.
Depuis 2004, Politis édite deux hors-séries par an. Lors de l'été 2009, Politis passe au papier labellisé PEFC conformément à ses engagements écologiques et environnementaux[4].
En , un nouveau site Internet du journal voit le jour[5]. La version de 2007 héberge sous sa bannière les blogs de la rédaction et ses invités.
À la fin du mois de , Bernard Langlois cesse la parution de son Bloc-notes dans Politis et met un terme à sa collaboration avec l'hebdomadaire dont il fut le fondateur[6].
En , Pouria Amirshahi est nommé président et directeur de publication.
Un renouvellement important de l'équipe de direction intervient à partir de 2021 : Agnès Rousseaux est nommée directrice en 2021, en 2022 François Longérinas devient directeur de publication et Pierre Jacquemain rédacteur en chef[7].
Politis est un journal d'opinion à l'« engagement humaniste, social et écologiste » selon son directeur de la publication Denis Sieffert[8], une ligne résumée par Libération comme étant « rose-rouge-verte » [2]. Le journal se dit attaché à la « défense des services publics et des biens communs de la société » et refuse le « marché omnipotent où tout s'achète et tout se vend » ainsi que l'idéologie du choc des civilisations[9]. Il est considéré comme l’hebdomadaire de la gauche antilibérale[10].
Le , Politis lance dans ses colonnes un appel pour « l'Alternative à gauche»[13]. Denis Sieffert assume le « rôle particulier » - « qui n'est pas dans [la] vocation première, mais n'est nullement contradictoire avec [le] combat » - de Politis pour cet appel dont l'objectif est la création d'un cadre permanent d'action et de réflexion pour l'ensemble des courants politiques de la gauche sociale et écologiste[14].
Politis ouvre ses colonnes à plusieurs sensibilités de la gauche de la gauche : gauche du PS, Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Les Verts, PCF, Attac, MRC, le MARS, Les Alternatifs, etc. Les pages « Résistances » du journal se font l'écho des combats de la gauche antilibérale et son site Internet propose un « Agenda militant »[15].
Politis crée dès 1989 l'une des premières rubriques Écologie de la presse française, et développe des thèmes écologiques - déchets, eau, zones humides, forêts -. Jean-Paul Besset et Fabrice Nicolino sont les deux responsables de cette évolution[réf. nécessaire]. Le journal se fait ensuite le porte voix de l'écologie politique. Refusant « l'idée d'une écologie abâtardie »[9], le journal soutient en 1994 le virage à gauche des Verts qui se démarque alors de la logique « ni droite, ni gauche » qui était la sienne lors de sa fondation.
En octobre 2023, Emmanuel Macron lance les États généraux de l'information qui « suscitent désaccords et inquiétudes dans la profession »[16]. En réponse, à l'initiative du Fonds pour une presse libre[17], plus de 100 médias dont Politis se mobilisent[18] et organisent les états généraux de la presse indépendante.
Situation financière
Politis, Le Citoyen est né d'un appel public à l'épargne portant sur 6 millions de francs à souscrire par actions nominatives de 500 francs. Les premières difficultés du journal sont dues à sa sous-capitalisation. Dès 1988, c'est la générosité de Pierre Bergé qui lui permet de continuer d'exister[19].
Au début de l'année 1990, un montage financier associant la MACIF, le promoteur Pellerin et l’entreprise Spie Batignolles ne verra finalement pas le jour par suite de la publication en juin dans Politis d'un article de Fabrice Nicolino intitulé « Brioude, une bombe au cœur de la ville ? ». Cette enquête dénonçant la manipulation de produits chimiques dans la ville d'Auvergne par un laboratoire de solvants industriels, la Speichim, appartenant à Spie Batignolles, les investisseurs abandonnèrent ce projet[20].
Le , le journal a été placé en redressement judiciaire. Thierry Wilhelm, l’actionnaire pressenti pour la mise en place du plan de reprise s'étant désisté le , le personnel de Politis lance un appel pour récolter un million d'euros afin de sauver l'hebdomadaire[22]. Denis Sieffert affirme que cette crise est due aux « négligences répétées » en matière de gestion et l' « absentéisme chronique » du directeur général de l'époque, Jean-Pierre Beauvais[21]. En filigrane, cette crise révèle aussi les tensions entre une rédaction soucieuse de son indépendance éditoriale et une équipe dirigeante autour de Beauvais qui prend fait et cause pour le président d'Attac, Jacques Nikonoff[23].
L'association « Pour Politis » s'est créée afin de sauver le journal[24]. L'association compte 1 500 lecteurs adhérents[25]. Elle a permis de recueillir 941 000 € auprès de lecteurs et ainsi de sauver le journal[26]. Le tribunal de commerce de Paris a jugé le que le plan de reprise déposé par le personnel de l'hebdomadaire était viable[27].
En 2014, l'hebdomadaire et l'association Pour Politis lance une campagne d'abonnements afin de pérenniser le journal. Avec un déficit de 99 000 euros pour l'année 2013 « presque entièrement imputable à la vente au numéro, alors que les abonnements se maintiennent et que les abonnements web, encore marginaux, progressent doucement »[28], Politis affirme avoir besoin de 800 nouveaux abonnés pour ne pas connaître une nouvelle crise. L'hebdomadaire lance une campagne d'appel à dons à partir de la fin afin de garantir la survie et l'indépendance de Politis qui est soutenue par de nombreuses personnalités politiques, intellectuelles ou culturelles[réf. nécessaire].
En 2021, Politis connaît une crise économique particulièrement grave. Pour éviter de disparaître, une campagne de sauvetage est lancée à l'automne 2021 avec pour objectif de récolter 500 000 € de dons[29]. À la suite d'une forte mobilisation des lecteurs et des abonnés, 650 000 € sont récoltés.
Le 3 septembre 2024, Politis devient une Société coopérative d'intérêt collectif. Son capital social est abaissé à 12000 euros[30]. Les parts sociales, d'une valeur de 50 euros, peuvent être souscrites après validation par l'association Pour Politis. La coopérative comprend quatre collèges : collège des salariés (30% des votes) ; collège des bénéficiaires (lecteurs et lectrices, 30% des votes) ; collège des partenaires (autres médias, ONG, associations, etc., 20% des votes) ; collège des financeurs (banques, 20% des votes). Le siège social de l'hebdomadaire est transféré au 78 rue Compans, dans le 19e arrondissement de Paris[31].
Audience et diffusion
Pendant longtemps, le journal ne réussit pas à élargir le petit cercle de lecteurs fidèles composé principalement de militants et de sympathisants de la mouvance écolo ou de la gauche du Parti socialiste, chevènementistes, communistes… Les abonnements ne dépassent pas alors les 10 000 exemplaires (1999), les ventes en kiosques restant marginales[2].
Fin 2017, Politis revendique une diffusion d'environ 20 000 exemplaires par numéro[32] et compte 10 500 abonnés et 400 abonnés web[33].
↑Cette nouvelle maquette du journal a été élaboré par Sophie Guéroult. Nouvelle formule de Politis - Site officiel, 5 janvier 2009.
↑Patrick Piro, « Notre papier se fait label », Politis, no 1062-1064, 23 juillet 2009.
↑Xavier Frison, « Politis tisse sa toile », Politis, no 986, 24 janvier 2008, p. 23.
↑Bernard Langlois, « Révérence », Politis, 28 janvier 2010, pp. 34-35. Il met en avant sa lassitude et son pessimisme envers les combats que soutient Politis (refondation de la gauche de la gauche, combat social et syndical, etc.).
↑Bernard Langlois, « Raconte, grand-père… », p. 30-31, Politis, no 986, 24 janvier 2008.
↑« Comment faire pour couler un journal » ; billet publié sur le blog Planète sans Visa, 15 février 2008. Selon Fabrice Nicolino, ce montage financier est dû à l'amitié entre Bernard Langlois et Michel Rocard, alors premier ministre.
↑ a et bDenis Sieffert, « Politis, l'histoire d'une crise », Politis, 23 novembre 2006.