Le polyptyque a été commandé le pour l'église du Carmel (Carmine) de Pise pour 80 florins par le notaire Ser Giuliano di Colino degli Scarsi da San Giusto pour la chapelle de sa famille édifiée en 1425. Le livre de compte de Giulano di Colino nous apprend que le dernier paiement à Masaccio est effectué le de la même année. On peut donc supposer qu’à cette date, l'œuvre est achevée.
Le polyptyque de Pise est démembré (smembrato) à la fin du XVIe siècle, probablement lorsque le jubé contre lequel la chapelle est adossée est démoli[1].
Différents historiens de l'art et experts ont émis des hypothèses sur les emplacements probables des différents panneaux dans l'ensemble polyptyque : Salmi en 1932 et 1948, Steinbart en 1948, Shearman en 1961 et 1966, puis, de nouveau Salmi en 1967.
En 2001, année du six centième anniversaire de la naissance de Masaccio, la National Gallery qui possède le panneau central, a reconstitué l'allure du polyptyque.
A ce jour, onze des dix-sept panneaux (au moins) qui constituaient l'ensemble d'origine sont identifiés[1]. Ses éléments sont dispersés dans les musées du monde entier :
Vierge à l'Enfant, panneau central, National Gallery, Londres. Le panneau, attribué jusque-là à Gentile da Fabriano, fut rendu à Masaccio en 1906 par Bernard Berenson. La National Gallery en fit l’acquisition en 1916.
Crucifixion, panneau supérieur de 83 × 63 cm, Musée de Capodimonte de Naples. Le panneau fut acquis par le musée en 1901. Adolfo Venturi fut le premier à l'identifier comme une œuvre de Masaccio et Wilhelm Suida, le premier, en 1906, à y reconnaître un panneau du retable de Pise.
Ce tableau de 83 × 63 cm sur fond doré, semble contenir un corps du Christ désarticulé sur la croix, avec une tête sans cou et un déhanchement particulier des jambes. En fait, le tableau étant le panneau central supérieur du polyptyque, doit être vu de très bas et la construction est une anamorphoseperspective qui restitue une vue cohérente du corps du Christ depuis le pied de la croix.
Marie à gauche et Jean à droite sont tous les deux mains jointes, dans des poses immobiles et seule Marie-Madeleine, au centre agenouillée les bras au ciel, adopte une pose plus prononcée de la douleur à la manière méditerranéenne des pleureuses.
Autres éléments du polyptyque démembré et dispersé
Sébastien Allard, Sylvain Bellenger et Charlotte Chastel-Rousseau, Naples à Paris : Le Louvre invite le musée de Capodimonte, Gallimard, , 320 p. (ISBN978-2073013088).
Giorgio Vasari, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, Arles, Actes sud, (ISBN978-2-7427-5359-8).
Articles connexes
Andrea di Giusto qui assista Masaccio pour une des prédelles du polyptyque.