La province de Santiago del Estero est une province de l'Argentine, située dans la région du Gran Chaco, dans le centre-nord du pays. Sa capitale est la ville de Santiago del Estero. En 2010 la population recensée se montait à 896 461 habitants. En 2018 sa population était estimée à 958 000 habitants.
Histoire
Période précolombienne
Avant la conquête espagnole ce territoire était habité principalement par l'ethnie des Tonocotés[1], appelés Jurís par les premiers conquistadors. Les Tonocotés pratiquaient l'agriculture et le tissage. Ils avaient aussi bien développé la taille de la pierre. Leur principal territoire de culture était une dépression le long du río Dulce, qu'ils irriguaient par inondation.
Au nord et à l'ouest se trouvaient les Lulés, de culture matérielle fort semblable mais avec une plus forte influence andine ; au sud-ouest vivaient des Quechuas ; à l'est les Vilelas(en) et les Mocovís, et au sud les Sanavirons. Plus à l'est, c'était le domaine des Abipóns ; ceux-ci étaient des nomades guerriers expérimentés, qui par ailleurs résistèrent à l'occupation du Chaco pendant des siècles. Habitant initialement dans la région du Chaco Boréal (près des rivières Paraguay et Pilcomayo), ils migrèrent progressivement vers le sud et occupèrent notamment l'est et le nord-est de la province de Santiago del Estero, au-delà du río Salado del Norte[2].
Conquête espagnole
Elle débuta en 1542, et dès 1543, la vice-royauté du Pérou créa la Gobernación del Tucumán située en son sein et incluant le territoire de Santiago del Estero. Après bien des vicissitudes, c'est le que fut fondée la ville de Santiago del Estero del Nuevo Maestrazgo par le conquistador Francisco de Aguirre.
En 1563, la région fut rattachée à la Real Audiencia de Charcas (capitale la ville de Sucre en Bolivie actuelle), et cela au sein de la vice-royauté du Pérou. En 1564 fut créée la Provincia de Tucumán, Juríes y Diaguitas, avec pour capitale Santiago del Estero. Avec la création de la Gobernación del Tucumán en 1566 et d'un évêché en 1570, la ville commença à avoir de l'importance. En effet la gobernación del Tucumán était une très vaste contrée de quelque 700 000 km2 qui s'étendait depuis le sud de la Bolivie actuelle (département de Tarija), et comprenait les provinces actuelles argentines de Jujuy, Salta, Catamarca, Tucumán, Santiago del Estero, La Rioja et Córdoba. La ville de Santiago del Estero fut la première capitale de cet ensemble, et sur son territoire, on fonda presque toutes les villes de la Gobernación del Tucumán. C'est pourquoi on lui donne le titre honorifique de madre de ciudades (Mère des villes). Mais la ville eut bientôt de gros problèmes liés aux crues périodiques dévastatrices du río Dulce, et de ce fait elle dut céder la place à Córdoba et à Salta, alternativement. Et son diocèse fut transféré à Córdoba. Cependant, sa population rurale, très métissée se maintint élevée, si bien qu'au moment de l'indépendance en 1810, elle constituait en population le tiers des provinces argentines actuelles.
La province a une superficie de 136 351 km2, soit un quart de celle de la France. Elle fait presque totalement partie de la région très plate du Gran Chaco, avec quelques dépressions dans lesquelles se forment des étangs et des lagunes. Parmi ceux-ci, le Bañado de Figueroa, le Bañado de Añatuya, et tous ceux qui sont situés près du cours du río Salado et du río Dulce qui traversent la province. Le sol, riche en sel, est en général aride et de type steppique.
Seule une petite portion du territoire, au sud et à l'ouest fait partie dans la zone des Sierras Pampéennes, avec des collines peu élevées comme celles des Sierras de Guasayán et de la Sierra de Choya (à l'ouest), et des sierras de Ambargasta (au sud-ouest, se continuant en province de Córdoba). Plus loin au sud-ouest, aux frontières des provinces de Córdoba et de Catamarca se trouve une vaste zone endorréique déprimée caractérisée par son aridité et par l'existence d'énormes salars comme ceux de l'ensemble Salinas Grandes et Salinas de Ambargasta. Au sud-est, se trouve une autre dépression majeure autour du río Dulce, avec des marécages qui se prolongent et débouchent dans la grande lagune de Mar Chiquita ou Mar de Ansenuza, et d'autres lagunes.
Aux confins orientaux de la province, on trouve de nombreux cratères météoritiques (dans la zone appelée Campo del Cielo). Enfin, au nord-est de la province, on retrouve une portion de la vaste région du Chaco Impenetrable.
Au nord-ouest de Santiago del Estero se trouve l'aéroport Ángel de la Paz Aragonés, avec services réguliers vers Buenos Aires et Córdoba. Fin 2011, on annonça un vaste programme de rénovation et d'agrandissement à réaliser en trois étapes[3]. En 2012, la première étape étant terminée[4], on débuta la seconde[5].
La ville de Termas de Río Hondo possède aussi un aéroport international (code IATA = RHD, code ICAO = SANR).
En 2010, on a commencé les travaux de réhabilitation de la vieille gare ferroviaire avec design contemporain. L'édifice fut inauguré en en présence de la présidente Cristina Fernández de Kirchner et en même temps que les travaux de l'aéroport de Termas de Río Hondo[6]. En 2012 fut approuvé le projet du Tren al Desarrollo(es) (train du développement), qui fut inauguré en par les autorités provinciales. Ce petit métro, long de 10 km relie Santiago del Estero, à la cité sœur de La Banda, avec quatre gares intermédiaires[7].
Hydrographie
La province de Santiago del Estero est parcourue par cinq rivières principales : le río Dulce, le río Salado del Norte, le río Horcones, le río Urueña et le río Albigasta. Les deux plus importants, tant du point de vue de leur longueur que de leur débit, sont les ríos Dulce et Salado del Norte[8].
Tous ces cours d'eau naissent dans les sierras qui dominent à l'ouest la plaine du Gran Chaco. Ils ont globalement une orientation allant du nord-ouest vers le sud-est. Les río Dulce et Albigasta sont endoréiques, leurs eaux ne parvenant pas à l'océan. C'est cependant le río Dulce qui est le plus abondant - du moins dans le cadre de la traversée de la province - ; il contribue à l'alimentation de la Mar Chiquita qui doit son titre de mar au fait qu'elle est l'un des plus vastes lacs salés de la planète.
Canaux du Chaco
Les pionniers de la région sèche durent affronter la dureté du climat et notamment des sècheresses fréquentes génératrices d'un grand manque d'eau, qui affectait le nord-est de la province. Anciennement l'eau était transportée par chemin de fer dans les bourgs. Cependant, dès les années 1940, ce moyen se révéla insuffisant pour une population croissante ayant des besoins croissants.
On commença alors les premiers pompages dans le sous-sol. Puis débuta la construction d'un canal de dérivation, qui prélevait de l'eau dans le río Salado del Norte, vers les localités du département de Copo. En 1977, on inaugura ainsi le Canal de Dios(es) qui donna vie à la région. Coulant du nord-ouest vers le sud-est, il se termine à Pampa de los Guanacos(es). Il alimente une série de localités de la région nord de la province de Santiago del Estero. Il a une longueur de 210 km en son tracé principal, et avec ses ramifications, il atteint environ 300 km. Il traverse la ville de Monte Quemado près de laquelle il donne naissance à une branche importante orientée vers le sud. Le canal de Dios a plusieurs rameaux secondaires, dont deux partent en direction du sud : l'un qui va depuis Monte Quemado vers Campo Gallo, appelé Canal Virgen del Carmen puis se dirige vers Tintina(es), l'autre depuis Pampa de los Guanacos(es) vers le village de Sachayoj.
Plus au sud (d'une centaine de km), un autre canal important a été construit, détournant également une portion du débit du río Salado del Norte, le Canal de la Patría. Il court parallèlement au canal de Dios et atteint la ville de Tintina, pour se ramifier par après.
Villes principales
Santiago del Estero - La Banda (360 923 hab. en 2010), principale agglomération de la province située sur les rives du río Dulce. La Banda, satellite de la capitale, est une ville commerciale et résidentielle.
Termas de Río Hondo (32 166 hab.), important centre touristique, également sur le río Dulce, est fameuse pour ses eaux thermales.
Frías (26 649 hab. en 2010), au sud-ouest de la province, proche de celle de Catamarca.
Añatuya (23 286 hab.), centre d'une région agricole dédiée au soja et au maïs.
Fernández (18 681 hab. en 2010), localité proche de la capitale
L'objet primordial de ce traité est la création de la Región Norte Grande et la concrétisation de l'intégration des provinces du Nord-Ouest Argentin (NOA) et du Nord-Est Argentin (NEA), afin d'atteindre dans la réalité un système effectif de consensus et d'action conjointe entre les états signataires.
Le conseil régional du Norte Grande est l'organisme suprême de gouvernement régional, composé de l'Assemblée des gouverneurs, de la Junte exécutive et du Comité coordinateur. Ce dernier est constitué par un représentant du NOA et un autre du NEA, les deux étant de plus membres de la Junte exécutive. La Commission exécutive interministérielle d'intégration régionale coordonne le processus d'intégration à partir des directives des organes supérieurs déjà mentionnés.
Climat
Le climat est de type subtropical avec une longue saison sèche en hiver. De hautes températures sont relevées pendant toute l'année ; la température moyenne est de 21,5 °C, avec des maxima de plus de 47 °C, et des minima de −5 °C. Pendant la saison sèche, en hiver, les précipitations moyennes n'atteignent que 120 mm, mais la moyenne annuelle atteint le chiffre acceptable de 700 mm. Ces précipitations sont plus élevées à l'est et moins abondantes à l'ouest.
Relevé météorologique de Santiago del Estero[9],[10]
Bañados de Figueroa(es) sont un site de marécages très intéressant pour l'observation et la protection des oiseaux. Situé à une centaine de kilomètres au nord de Santiago del Estero, sur les deux rives du Río Salado del Norte, il couvre 60 000 hectares. Encore peu connu, il est surtout fréquenté par des spécialistes, des étudiants et aussi des pêcheurs sportifs.
Historiquement le Tawantin Suyu n'est jamais arrivé à s'étendre à l'est de la sierra del Aconquija, ni de ce fait sur le territoire de la province de Santiago del Estero, mais leur langue eut une forte influence culturelle entre 1480 et 1535. Cependant paradoxalement ce qui incita le plus les peuples autochtones à s'assimiler à la culture quechua (et surtout à utiliser leur langue) fut l'activité des conquérants espagnols et surtout celle des missionnaires catholiques qui utilisèrent comme langue véhiculaire dans tout le nord-ouest argentin, y compris le Cuyo et même la région de Córdoba, le quechua très prestigieux parmi les populations autochtones. Même à Santiago del Estero, actuellement, une petite partie de la population parle un dialecte du quechua méridional (ou runa simi) appelé le quichua.
Les locuteurs du quichua se sont heurtés aux critiques et au mépris de la part des autres Argentins, ce qui a conduit à une diminution et un affaiblissement de leur culture et de l'usage de leur langue. On se moqua ouvertement d'eux, insinuant qu'ils se vêtaient de plumes (ce qui fut le cas de leurs très lointains ancêtres) et le gouvernement ne fit rien pour lutter contre ces détestables attitudes. De ce fait un fossé se creusa entre eux et le reste de la population de culture hispanique. Progressivement, au lieu d'envoyer leurs enfants apprendre leur langue maternelle à l'école, les parents indigènes se sentirent obligés de leur faire étudier la langue espagnole. Beaucoup de jeunes abandonnent ainsi la culture de leurs parents, ce qui contribue à ce que cette langue soit désormais en danger.
l'Universidad Nacional de Santiago del Estero possédant cinq facultés: Sciences forestières, Sciences exactes et technologies, Agronomie et Agroindustries, Humanités et sciences sociales et de la santé, Sciences médicales.
D'après l'INDEC (Institut argentin des statistiques et des recensements), en 2003, la population était estimée à 866 576 habitants[15]. Toujours selon l'INDEC, elle se montait à 896 461 habitants en .
En 1895, il y avait 161 502 habitants qui peuplaient ce territoire, aussi vaste que le quart de la France. Mise à part la période des années 1950, la croissance démographique a été constante tout au long du XXe siècle, mais nettement inférieure à celle du pays. La province fut sujette à une importante émigration. On estime que quelque 500 000 santiagueños vivent actuellement hors de la province[16].
Plus tard dès les années 1970, on remarque que la population de la province a régulièrement augmenté, même, en pourcentage, légèrement plus que l'ensemble du pays. Enfin, la natalité observée dans la province (15 701 naissances en 2000, et 16 417 en 2004, soit un taux de 19,7 pour mille) laisse entrevoir, sauf imprévus économiques, une poursuite de la croissance démographique dans les prochaines décennies.
Évolution prévue jusque 2040
D'après les dernières évaluations de l'INDEC (prévisions portant sur la période 2010-2040), il y aurait 958 251 habitants dans la province en 2018[17], c'est-à-dire une augmentation de l'ordre de plus ou moins 6 000 personnes annuellement durant cette période de huit ans, ce qui annonce la fin de la croissance rapide de la population observée ces dernières décennies depuis 1970. À l'horizon 2040, l'INDEC prévoit une population de 1 144 686 habitants, soit une augmentation de quelque 248 000 habitants entre 2010 et 2040 (environ 26 % de hausse en 30 ans), rythme inférieur aux prévisions faites pour l'ensemble du pays (31 % en trente ans). La province souffre de la proximité de la ville de Tucumán, en passe de devenir la métropole régionale, et souffre aussi de son éloignement vis-à-vis des grandes voies navigables du pays. C'est d'ailleurs le problème de l'ensemble du Chaco argentin.
Résumé de l'évolution du chiffre de la population, selon les prévisions de l'INDEC, concernant les prochaines décennies jusque 2040 :
2001
2010
2020
2030
2040
Province de Santiago del Estero
804 457
896 461
978 313
1 071 469
1 144 686
Total Argentine
36 260 130
40 091 359
45 376 763
49 407 265
52 778 477
Économie
L'économie de la province est basée sur la production primaire, spécialement le secteur agricole, qui comprend, principalement, la culture du coton (actuellement la province est la deuxième productrice après la province du Chaco), le soja, le maïs et l'oignon. Pour l'élevage, les troupeaux de bovins occupent une place privilégiée. Cette activité a essentiellement lieu dans la partie est de la province, là où le climat et les précipitations sont les plus favorables.
Les caprins s'adaptent mieux au climat du reste de la province et la production de caprins atteint 15 % de la production nationale.
L'industrie du bois de quebracho et de caroubier a une certaine importance avec plus de 300 000 tonnes, dont environ 100 000 tonnes seulement sont utilisées en menuiserie, le reste partant en fumée et en charbon végétal.
Il y a peu d'industries et seulement de petite taille. Elles sont centrées surtout sur l'alimentation, les textiles et le cuir.
Tourisme
Tourisme culturel
Le tourisme a pris un bon départ, mais uniquement autour des principales attractions touristiques. Les touristes visitent Santiago del Estero, la plus ancienne ville d'Argentine, avec ses bâtiments historiques et ses musées. Parmi ces musées, soulignons le Centro Cultural del Bicentenario. Celui-ci héberge le Museo de Ciencias Antropológicas y Naturales Emilio y Duncan Wagner. Il contient des collections très importantes de pièces archéologiques, ethnographiques et paléontologiques. Spécialement des objets qui ont appartenu aux groupes humains qui durant des milliers d'années ont habité la région chaco-santiaguène.
Le Centro Cultural del Bicentenario héberge également le Museo Histórico Dr. Orestes Di Lullo qui fut inauguré le . La ville de Termas de Río Hondo avec ses sources chaudes et ses 170 hôtels est la plus importante ville thermale d'Argentine. Les eaux sont réputées pour soigner l'hypertension artérielle et les rhumatismes. La ville est dotée d'un circuit automobile, l'Autódromo Termas de Río Hondo utilisé depuis 2014 lors du Grand Prix moto d'Argentine. Elle possède aussi un aéroport international (code IATA = RHD - code ICAO = SANR).
La Reserva Recreativa y Natural Tara Inti est toute proche de la ville de Termas de Río Hondo. Le barrage de Río Hondo sur le río Dulce est également une base appréciée pour les sports nautiques.
Tourisme écologique et d'aventure
La province est en fait fort mal connue, malgré d'importantes régions pleines de beautés naturelles. On compte plusieurs réserves ou parcs naturels :
Bañados de Figueroa(es), site de marécages hébergeant de nombreux oiseaux et situé à une centaine de kilomètres au nord de Santiago del Estero, sur les deux rives du río Salado del Norte, (60 000 hectares). Un rêve aussi pour la pêche sportive.
↑Selon Alfred Métraux et d'autres auteurs, il s'agit du même peuple qui fut appelé jurí ou xurí, hispanisation du quichua : surí, terme péjoratif que les envahisseurs incas donnèrent aux Tonocotés et aux Lulés(en) qui se vêtaient de plumes de nandou, ces derniers appelés encore localement surís.