Lors de l'éclatement de l'ORTF, la deuxième chaîne publique nationale prend la dénomination d'Antenne 2 en 1975 puis après la constitution du nouveau groupe public France Télévisions en 1992, elle devient France 2.
Histoire de la chaîne
Début mai 1959, le gouvernement annonce la création d'une seconde chaîne de télévision à la Radiodiffusion-télévision française (RTF). Les services techniques de la RTF procèdent à plusieurs essais en vue de diffuser depuis l'émetteur de la tour Eiffel un deuxième programme au standard 819 lignesVHF aux mêmes normes que l'unique chaîne alors en service sur le canal 8A.
Le tout premier essai de la deuxième chaîne de la RTF a lieu le sur les canaux 10 et 12 de la bande III. Elle devait démarrer officiellement le sur ces canaux[1], mais les transmissions sur les canaux voisins (pour permettre la réception avec la même antenne) se soldent par des échecs, la réception étant fortement brouillée sur l'une ou l'autre des deux fréquences[2]. Le recours à une diffusion sur la nouvelle bande de fréquences UHF (471-860 MHz, canaux 21 à 65), associée à la définition au format 625 lignes créé par les Russes à la fin des années 1940 et en usage dans la quasi-totalité des pays européens, s'avère alors indispensable pour cette nouvelle deuxième chaîne de télévision de la RTF qui obtient en les crédits nécessaires du gouvernement pour sa mise en place.
Expérimentation et télédiffusion en couleur
Pour ne pas subir l'adoption du standard de télévision couleur nord-américain NTSC, le , l'ingénieur français Henri de France dépose un premier brevet du standard couleur SECAM[a]. Durant plusieurs années, il tente de l'associer à la norme haute définition noir et blanc française en 819 lignes. Mais au cours de l'année 1960, Henri de France abandonne ces développements alors que la future deuxième chaîne nationale française choisit officiellement la norme européenne à 625 lignes[b]. Entre 1960 et 1967, où la télédiffusion en couleur est officiellement exploitée pour la deuxième chaîne nationale française, plusieurs étapes marquent son développement.
Le , le premier émetteur 625 lignes au standard couleur SECAM est installé sur la tour Eiffel à Paris et commence à diffuser des émissions expérimentales en couleur[a]. Jusqu'en 1967, le SECAM est exploité à plusieurs reprises de façon régulière par la 1re chaîne sans succès afin de préparer la mise en place de la couleur sur la 2e chaîne. Ces émissions d'essai en couleur étaient restreintes à la région parisienne et réalisées sur l'unique chaîne (diffusée en 819 lignes) en raison de deux matins par semaine (généralement mardi et jeudi) entre 10 h et 12 h[3],[4].
Le , la tour Eiffel permet au puissant émetteur expérimental (100 kW) de la deuxième chaîne RTF, de diffuser notamment un programme en couleur SECAM sur le canal 22 en UHF[c]. En juillet 1963, la deuxième chaîne RTF diffuse des émission quotidienne et en couleur SECAM, dont notamment plusieurs mires en couleur ainsi que la légendaire photographie du visage souriant de « la Niçoise »[d].
Le , la deuxième chaîne de la RTF procède à une expérimentation publique de télédiffusion en SECAM[a]. En même temps, au salon international de la radio et la television de Paris, la première transmission de longue distance de télévision en couleur a lieu entre Paris et Marseille[5],[6].
À l'époque de l'ORTF, les émissions en SECAM sur la 1re chaîne sont maintenues jusqu'à l'inauguration officielle de la couleur sur la 2e chaîne[7],[8],[9].
Fin 1963 : Ouverture d'antenne en noir et blanc
RTF Télévision 2, que l'on nomme communément la deuxième chaîne, émet un premier programme en noir et blanc uniquement sur la région parisienne, le . Après l'annonce de bienvenue de la speakerine Michèle Demai, Robert Bordaz, directeur général de la RTF, proclame officiellement le lancement de la deuxième chaîne. Suit une courte apparition d'une seconde speakerine, Renée Legrand, puis d'une troisième, Denise Fabre qui fait le lancement de l’émission Du côté de la musique avec le film La Guitare, réalisé par Claude Boissol sur une musique interprétée par Francisco Sera et Georges Moustaki[10]. La diffusion s'opère sur le canal 22 UHF de l'émetteur de la tour Eiffel, repris simultanément sur la première chaîne afin de permettre aux téléspectateurs encore peu équipés de postes récepteurs UHF de la découvrir. En plus de Renée Legrand, qui y officie depuis les préparatifs de cette 2ème chaîne, Denise Fabre, Michelle Demai et Chantal Alban sont également engagées comme speakerines. Des programmes expérimentaux sont ensuite diffusés deux fois par semaine (le week-end) dès le .
La diffusion du programme quotidien régulier débute le à 19h, date et heure de son inauguration officielle en présence du directeur général de la RTF, Robert Bordaz[11], sur les émetteurs de Paris-tour Eiffel et Lyon-Fourvière, puis sur celui de Bouvigny à la fin mai et de Marseille à la fin juin[12].
En 1964, le standard couleur SECAM est officiellement adopté par la France et l'Union soviétique.
Les réformes de la radiodiffusion et télévision s'achèvent le avec le remplacement de la RTF par l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF) dont le statut gagne en autonomie en n'étant plus placée que sous la tutelle du ministère de l'Information afin de contrôler le respect de ses obligations de service public. Âgée de seulement quelques mois, RTF Télévision 2 ferme son antenne le vendredi en fin de soirée et laisse la place le lendemain à ORTF Télévision 2, également appelée deuxième chaîne de l'ORTF.
Identité visuelle
La deuxième chaîne de la RTF ne dispose pas de logo propre lors de sa création. Elle reprend le sigle RTF Télévision de la première chaîne avec une indication RTF Télévision 2 en début d'indicatif d'ouverture d'antenne qui anime un fond bicolore noir et blanc et un cercle de flèches se transformant en ellipses pour former le logo RTF Télévision, évoquant aussi bien des ondes radioélectriques que le système solaire ou la course d'un électron dans un univers fermé, sur un thème musical de R. David et J.-P. Calvet intitulé Au-delà de l'espace[13].
À partir du , les programmes de RTF Télévision 2, diffusés vingt-trois heures par semaine, sont conçus pour être récréatifs et gais, et surtout complémentaires de ceux diffusés sur la première chaîne afin d'offrir aux téléspectateurs la possibilité d'effectuer un choix de programmes entre les deux chaînes de télévision de la RTF. Avec cette deuxième chaîne, la RTF souhaite explorer des genres nouveaux en faisant appel à l'imagination des auteurs[14].
Une semaine après le lancement de cette deuxième chaîne, un micro-trottoir présenté par André Leclerc (le complice de Jean Nohain dans l'émission 36 Chandelles) est diffusé à sur RTF Télévision (Première Chaîne) dans le cadre de l'émission Au-delà de l'écran pour faire connaître les premières réactions des téléspectateurs[15].
↑Ingénieur en chef de la radiodiffusion française, Alfred Lelluch est un opposant de la première heure à la politique de Vichy. Il est lieutenant-colonel FFI dans le groupe de la radiodiffusion française et directeur technique de la radiodiffusion insurrectionnelle. Il met en fabrication ou détourne de leur destination plusieurs dizaines d’émetteurs provenant des laboratoires radio-électriques de Clermont-Ferrand, organise la livraison de ce matériel et organise la répartition des émetteurs radio sur l’ensemble du territoire pour permettre à la radio de se faire entendre dès le départ de l’ennemi, malgré la destruction presque totale de son réseau national. Arrêté et torturé part la Gestapo et la milice le 15 mai 1944, il est fusillé le 29 juillet 1944 à Aulnat dans le Puy-de-Dôme.