Ancien rédacteur à l’Indépendance belge et à l’Avant-garde, Raymond De Becker a publié Pour un ordre nouveau en 1932, La Vie difficile en 1939, Livre des vivants et des morts en 1942.
Il se voit confier la rédaction du Soir censuré durant l'occupation, grâce aux relations qu'il a tissées avec des membres de l'ambassade d'Allemagne. D'abord chef des services rédactionnels et administratifs, il devient officiellement rédacteur en chef du Soir en , lorsque la Propaganda Abteilung relève Horace Van Offel de ses fonctions, mais dans les faits il avait déjà pris sur lui la direction de la rédaction. Mais les relations de De Becker avec les responsables de la Propaganda Abteilung chargés de la censure n'ont jamais été faciles. Même s'il représente une figure importante de la collaboration, il n'abandonne pas cependant ses idées belgicistes, royalistes et unitaires. Il démissionne du Conseil politique de Rex à la suite du discours de Léon Degrelle du proclamant la germanité des Wallons. Ses relations avec l'administration militaire allemande vont se dégrader à un tel point qu'il tient en une conférence à son journal au cours de laquelle il reconnaît — et déplore — les impasses de la collaboration avec les Allemands[2]. Le , il est privé de ses fonctions de rédacteur en chef et assigné à résidence dans les Alpes bavaroises. À la fin de la guerre, il rentre en Belgique, où il se constitue prisonnier le .
Condamné à mort le par le Conseil de Guerre de Bruxelles, sa peine est par la suite commuée en détention à perpétuité, avant qu'il ne soit finalement gracié le . Il lui est cependant enjoint de quitter la Belgique et de s'abstenir de toute activité politique ou éditoriale[3].
Raymond de Becker part s'installer à Paris, où il trouve un emploi d'« inspecteur des ventes dans les librairies suisses ». Durant toutes ses années d'après-guerre, il reste en contact avec son ami Hergé, qui lui vient régulièrement en aide financièrement[réf. nécessaire].
Durant sa détention, Raymond de Becker découvre la psychanalyse et l'œuvre de Carl Gustav Jung, qu'il rencontre par la suite à plusieurs reprises. C'est d'ailleurs lui qui recommande à Hergé de consulter le psychanalyste zurichois Franz Riklin, en , alors que le père de Tintin est de nouveau aux prises avec de graves problèmes personnels[4].
Il continue à publier des ouvrages portant sur des sujets aussi variés que le cinéma, l'homosexualité[5], les philosophies orientales… Son goût pour le paranormal l'amène aussi à écrire des articles pour la revue Planète.
Raymond de Becker se donne la mort à Versailles le [6].
Bibliographie
Paul Aron et Cécile Vanderpelen-Diagre, Vérités et mensonges de la collaboration : trois écrivains racontent « leur » guerre (Raymond De Becker, Félicien Marceau, Robert Poulet), Labor, Bruxelles, 2006 (ISBN2-8040-2288-9).
Olivier Dard (dir.), Étienne Deschamps (dir.) et Geneviève Duchenne (dir.), Raymond de Becker (1912-1969) : itinéraire et facettes d’un intellectuel réprouvé, Peter Lang, coll. « Documents pour l'Histoire des Francophonies » (no 32), , 409 p. (ISBN978-2-87574-097-7, présentation en ligne).