Reporterre est un site d'actualité lancé en 2007 par le journaliste Hervé Kempf. Sous-titré « le média de l'écologie », il est le plus ancien quotidien d’information français sur l’écologie.
Fonctionnement
Le média est publié en ligne par une association à but non lucratif, la Pile (association pour une presse indépendante, libre et écologique), dont le président est Olivier Mugler, gérant de magasins du réseau Biocoop[1],[2],[3].
Ce média sur internet est en accès libre et sans publicité. Son modèle économique repose essentiellement sur les dons de ses lecteurs[4]. Les ressources de Reporterre dépendent à 98 % des dons de ses lecteurs et pour les 2 % restants de ventes éditoriales (droits notamment)[5],[4]. Le média emploie vingt-cinq salariés permanents dont dix-neuf journalistes professionnels[6] et une quinzaine de collaborateurs réguliers[5].
Audience
En mai 2024, Reporterre revendique pour l'année 2023 33,5 millions de visites (données Matomo) pour environ 2 millions de lecteurs réguliers et un budget annuel d'environ 2,7 millions d'euros[6].
Histoire
En 1989, Reporterre est le premier magazine sur l'écologie à paraître depuis Survivre et vivre, La Gueule ouverte et Le Sauvage[4]. Lancé par une équipe animée par Hervé Kempf[7], le titre vend en moyenne 26 000 exemplaires par mois. Il a compté jusqu'à 4 500 abonnés payants. Mais l'équilibre financier n'est pas atteint et le mensuel disparait après un an de parution[8].
En 2007, Reporterre est relancé par Hervé Kempf sur internet[7],[4], afin « d'informer sur les liens entre la crise écologique, les injustices sociales et les menaces sur les libertés ». D'abord modeste, le site se développe petit à petit, en commençant à publier des enquêtes ou des entretiens exclusifs. Une maquette plus moderne est mise en place en , à l'occasion de l'adaptation du site au logiciel libre SPIP (Système de publication pour l'Internet). Le site a pris son essor quand Hervé Kempf a quitté le quotidien français Le Monde, en , et s'est consacré totalement au « média de l'écologie »[7],[4].
En 2022, le média est le plus ancien quotidien d’information français sur l’écologie[4].
Ligne éditoriale et positionnement politique
La ligne éditoriale du média peut être définie comme profondément écologiste : selon Libération, « le média s’est donné pour mission de porter l’écologie dans le débat public et d’en faire une question politique centrale »[4].
Dans un entretien pour Ballast, Hervé Kempf détaille la ligne éditoriale, et la définit comme l'articulation entre journalisme et engagement politique : « Nous avons une ligne rédactionnelle très claire, qui est inscrite sur le site : nous considérons que la question écologique est la question historique et politique principale de ce début de XXIe siècle. C'est une grille de lecture visible, assumée, et à partir de laquelle nous faisons notre travail de journaliste. Nous sommes aussi engagés, et j'allais même dire moins, que des journaux comme The Economist, Les Échos, Le Figaro ou Le Monde, qui défendent explicitement, à des degrés divers, une ligne néolibérale et affirment la primauté de l'économie comme mode principal de l'activité sociale. […] À partir de ça, nous menons une bagarre contre la vision du monde dirigée par l'économie, pour faire simple. »[9],[10].
En juin 2024, Reporterre comme 90 médias français appelle à faire « front commun » contre l’extrême droite, qui selon eux menace la liberté de la presse en France. Il appelle à soutenir la coalition de gauche du Nouveau Front populaire dans le cadre des élections législatives anticipées, afin « d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir le 7 juillet »[11].
Thèmes
Le site traite principalement des sujets suivants :
En , dans le contexte du mouvement étudiant du printemps 2018, Reporterre publie[12] une information qui s'avérera par la suite être erronée sur un blessé grave lors de l'évacuation de la faculté de Tolbiac. Sur la base de plusieurs témoignages, le site publie un article, vite repris par d'autres médias, affirmant qu'un étudiant a été gravement blessé[13] et que ce fait a été caché par les autorités[14]. Après sa propre enquête, intégrant vérifications et démentis officiels, Reporterre conclut qu'aucun étudiant n'a été gravement blessé[15]. Le rédacteur en chef explique dans l'émission Les décodeurs de la RTBF les incertitudes initiales et comment la vérité a pu être établie[16].
Confusionnisme et complotisme
En , L'Express critique Reporterre, dont plusieurs articles sont qualifiés de confusionnistes, voire de complotistes[10]. Le de la même année, le média répond à ces allégations[17].
Contributeurs
L'équipe comprend, en 2022, quinze journalistes en CDI et cinq à dix pigistes réguliers[4].
Depuis 2014, Reporterre a développé une collection d'ouvrages en partenariat avec les Éditions du Seuil. Une quinzaine de livres ont ainsi été co-édités :
Grégoire Souchay et Marc Laimé, Sivens : le barrage de trop, Seuil/Reporterre, 2015.
Gaspard d'Allens et Lucile Leclair, Les néo-paysans, Seuil/Reporterre, 2016.
Marie Astier, Quel pain voulons-nous ?, Seuil/Reporterre, 2016.
Tiffany Blandin, Un monde sans travail ?, Seuil/Reporterre, 2017.
Gaspard d'Allens et Andrea Fuori, Bure, la bataille du nucléaire, Seuil/Reporterre, 2017.
Élisabeth Schneiter, Les héros de l'environnement, Seuil/Reporterre, 2018.
Christine Laurent, Mon jardin sans pétrole, Seuil/Reporterre, 2019.
Gaspard d'Allens, Main basse sur nos forêts, Seuil/Reporterre, 2019, 176 p. (ISBN978-2-02-134390-8).
Isabelle Attard, Comment je suis devenue anarchiste, Seuil/Reporterre, 2019, 160 p.