Roger Vercel est le pseudonyme, puis le patronyme officiel (décret du ) de Roger Delphin Auguste Cretin, né le au Mans et mort le à Dinan, écrivainfrançais.
Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, il est mobilisé. En raison de sa mauvaise vue, il est affecté comme brancardier sur les champs de bataille du Nord et de l'Est de la France. Il prend ainsi part aux batailles de l'Yser, de Champagne, de la Somme. Gazé à l'ypérite, blessé au bras gauche, titulaire d'une citation, il reçoit la croix de guerre.
L'armée manquant de gradés, il est incité à suivre une formation d'élève-officier, en , à Saint-Cyr d'où il sort aspirant. Puis il termine la guerre sur le front d'Orient, en Roumanie, chargé de la propagande, puis magistrat-instructeur à la prévôté. Il ne sera démobilisé qu'en , un an après l'armistice, titulaire de la médaille commémorative de Roumanie.
Ayant passé une licence ès lettres en 1920, mais souffrant toujours des poumons, il sollicite un poste d'enseignant dans une ville au climat maritime, sur les conseils de ses médecins. Il rejoint alors Dinan, où il est nommé en octobre 1920 professeur de lettres au collège municipal de garçons.
Ses souvenirs de guerre lui inspirent quelques-uns de ses premiers livres (Notre père Trajan, Capitaine Conan, Léna), mais c'est le monde maritime qui est au cœur de son œuvre. En effet, Vercel est passionné par la mer et la vie des marins, et bien que n'ayant pratiquement jamais pris la mer lui-même, la plupart de ses romans se déroulent dans un cadre maritime. En 1934, il rencontre Louis Malbert, capitaine du remorqueur Iroise, qui l'inspire pour l'écriture du roman Remorques qui sera adapté au cinéma par Jean Grémillon avec Jean Gabin dans le rôle du capitaine Malbert.
Au Large de l'Eden lui vaut le prix du comité Fémina France-Amérique en 1932. Il obtient le prix Goncourt en 1934 pour Capitaine Conan, roman partiellement autobiographique fondé sur son expérience du front d'Orient et de défenseur au conseil de guerre.
Seconde Guerre mondiale et dernières années
Vercel est mobilisé d' à , date à laquelle il reprend son enseignement en première au lycée de Dinan.
Un article violemment antisémite[3], qu'il publie le , est exhumé des archives du journal L'Ouest-Éclair (futur Ouest-France) en 2011 et jette un voile sombre sur cette période de la vie de l'écrivain. Après la guerre, il est mis à la retraite d'office, par arrêté du ministre de l'Éducation nationale en date du , sur avis du conseil académique d’enquête de l'académie de Rennes du , pour avoir « publié plusieurs articles où il soutient la politique du maréchal Pétain et de l'amiral Darlan, articles de nature à détruire l'esprit de résistance. » Cette décision sera sans effet, puisque Vercel, depuis 1941, obtenait chaque année un congé d'inactivité pour ses publications littéraires.
Cette prise de position sera oubliée, et ne subsistera de Roger Vercel que l'auteur reconnu de Capitaine Conan. Décoré de la Légion d’honneur en 1938, et n'en ayant pas été privé à la Libération, il est promu au grade d’officier par décret du [4].
C'est à Dinan, ville où il sera inhumé, que Roger Vercel s'éteint, âgé de 63 ans, en 1957, d'une pleurite, conséquence de son intoxication à l'ypérite pendant la Grande Guerre, dont il aura gardé des séquelles pendant toute sa vie.
Famille
Il est le père de Simone Roger-Vercel (1923-2015), écrivaine, et de Jean Vercel (1929-2011), artiste peintre et photographe.
Dans Roger Vercel, l'écrivain qui aimait la mer, Jean-Yves Ruaux écrit :
« Le héros – rarement une héroïne – de Vercel est un homme de terrain, pas un intellectuel, un taciturne que les circonstances acculent à la grandeur. Il s’étiole en temps de paix et d’inaction comme Conan. Philippe Torreton en a campé la veulerie, retour au pays, dans le film que Bertrand Tavernier a tiré du roman. Comme les premières œuvres du romancier, Capitaine Conan tire sa substance de son expérience de commissaire-rapporteur au conseil de guerre sur le front d’Orient. Macédoine, Roumanie, Bulgarie, Ukraine… Le jeune homme fait un an de rab. Pour lui, la guerre de 14-18 s’arrête en 19. »
Romans de mer : Remorques - En deuil - La Caravane de Pâques, Albin Michel, 2012, 514 p.
Nouvelles
Rencontrées sur l'épave, NRF Gallimard, 1936
Le Vœu de Quintin in Cinq histoires de France, Roger Dacosta pour le laboratoire de l'Hépatrol, 1937
La Clandestine, Albin Michel, 1941
Mer blanche in Lectures de Paris no 3, S.E.P.E., 1945
Rafales, Albin Michel, 1946 (recueil contenant aussi Rebelles, Le Passager, Enfances, À la cime, Langoz, Nadia Zagoska)
La Mauvaise Passe in Trio no 1, éd. Colbert, 194
Au bout du môle, Albin Michel, 1960
La Tête d'Henri IV, N.R.F. Gallimard, 1960 (rééd. de Rencontrées sur l'épave sous un nouveau titre)
Vent de Terre, Albin Michel, 1961
Goar et l'Ombre, recueil comprenant La Gorgone et l'Évohé, La Main, Le Vœu de Quintin, Cambriolages, L'Île, La Noce, Floating vampire, Le Naufrage de la Sylvie, Albin Michel, 1962
Récits
Croisière blanche, Albin Michel, 1938
À l'assaut des pôles, Albin Michel, 1938
Visages de corsaires, Albin Michel, 1943
La Rance, éd. Arc-en-ciel, 1945
Fleuve rouge, dans Les Œuvres libres, no 8, Arthème Fayard, 1946
Le Fleuve : Les Grandes Heures de la vie de Francis Garnier, éd. de la Nouvelle France, 1946 (contient Fleuve rouge)
Du Saint-Malo d'aujourd'hui à la Rance d'hier, dans Les Œuvres libres no 14, Arthème Fayard, 1946
« Il y a dix ans disparaissait Charcot », dans Historia no 1, 6 p., Tallandier 1946
Trois pots de fleurs dans la pièce d'eau, éd. Arc-en-ciel , 1947
Saint-Malo et l'âme malouine, Albin Michel, 1948
Un troisième centenaire : Jean Bart, corsaire, dans Historia no 47, 8 p., Tallandier 1950
Francis Garnier à l'assaut des fleuves, Albin Michel, 1952
En Bretagne, la Côte d'Emeraude (du Mont-Saint-Michel à Paimpol), Arthaud, 1952
Le Grand Pavois, (avec Jean Raynaud), France Empire, 195
Boulogne, grand port de pêche, Comité d'entraide des familles des marins péris en mer lors du naufrage du chalutier Colbert, Imprimerie Beuchet et Vanden Brugge, Nantes, (illustrations de Mathurin Méheut)
« À l'assaut du pôle sud », dans Historia no 111, 9 p., Tallandier 1956
« Un homme : Charcot », dans Historia no 118, 3 p., Tallandier 1956
Il y a cinquante ans : Peary vainqueur du pôle Nord ? in Historia no 149, 6 p., Tallandier 1959
Bretagne aux cent visages, Albin Michel, 1959
Le Roman d'Agrippine, Albin Michel, 1965
Le Centenaire de Nansen in Historia no 179, 8 p., Tallandier 1961
Biographies
Du Guesclin, Albin Michel, 1932 ; Éditions Arc-en-ciel, 1944 (illustrations par Frédéric Back) ; Éditions de la Nouvelle France, 1944 (illustration de Jacques Lechantre)
Le Bienheureux Charles de Blois, Albin Michel, 1942
Nos vaillants capitaines, Impr. de Curial-Archereau, 1945
Études
Les Images dans l'œuvre de Corneille, thèse pour le doctorat ès-lettres, A. Olivier, 1927
Lexique comparé des métaphores dans le théâtre de Corneille et de Racine, thèse complémentaire pour le doctorat ès-lettres, A. Olivier, 1927 Prix Saintour de l’Académie française en 1929
Un programme d'éducation générale in Disciplines d'action, Vichy, Paris, Commissariat général à l'éducation générale et aux sports, 1942
Adaptations cinématographiques
Plusieurs de ses œuvres ont été portées à l'écran :
Deux collèges d'enseignement secondaire, à Dinan[8] (en 1966, collège où il a enseigné pendant 21 ans) et au Mans, sa ville natale[9] (collège de la rue Prémartine), portent son nom.
Notes et références
↑« Roger Vercel », dans Le Point, 25 janvier 2007, consulté sur lepoint.fr le 22 septembre 2013.