Dans l'historiographiefrançaise, le royaume de Sardaigne est souvent désigné sous le nom de royaume de Piémont-Sardaigne, en raison du fait que sa capitale de facto était Turin, située dans la principauté de Piémont. En effet, la traduction de l'italienregno sabaudo-sardo serait plutôt « sardo-savoisien » (d’après la dynastie régnante, par distinction avec le royaume espagnol de Sardaigne antérieur). Après 1815, l'appellation d'usage en français pour désigner les États de Savoie était « États sardes » (en italien : Stati sardi), notamment en géographie[4], en commerce[5], en diplomatie[6] et dans la presse[7].
Histoire
Période pré-Savoie : du Moyen Âge au XVIe siècle
Le Regnum Sardiniæ et Corsicæ (« royaume de Sardaigne et de Corse ») est créé le par le papeBoniface VIII[8] afin de résoudre les conflits entre les maisons d'Anjou et d'Aragon au sujet du royaume de Sicile, conflits déclenchés par les fameuses Vêpres siciliennes, révolte populaire contre la domination féodale. C'est donc un royaume de compensation, attribué à Jacques II le Juste d'Aragon.
La Sardaigne reste toutefois soumise à de puissants seigneurs portant le titre de judex (« juge », d'où le nom de « judicats » donné aux quatre principales principautés installées sur l'île depuis la fin de l'Empire byzantin), elles-mêmes sous l'influence des cités de Pise et de Gênes. En 1323, Jacques II forme une alliance avec le juge d'Arborée, d'origine catalane, et la ville de Sassari, et contrôle les judicats de Cagliari et de Gallura, éliminant de l'île les Pisans. Le contrôle royal n'est toutefois définitif qu'au début du XVe siècle, quand Martin le Jeune, roi de Sicile et procureur de Sardaigne pour le compte de son père le roi d'AragonMartin le Vieux, défait les derniers juges d'Arborée, dont Éléonore d'Arborée, célèbre pour sa novatrice charte appelée Carta de Logu(it), et achète les droits sur le royaume. La Corse n'est pas conquise et les rois d'Aragon cessent d'y prétendre en 1479, après que la mention et Corsicæ est retirée de l'appellation officielle du royaume. La Sardaigne, rattachée à la couronne d'Aragon, passe avec cette dernière dans la monarchie espagnole au XVIe siècle.
Le , le « ci-devant duché de Savoie » est incorporé à la République française et constitué en « un 84edépartement, sous le nom de département du Mont-Blanc ».
À la suite de ces victoires, les nobles sardes formulent plusieurs requêtes au roi. Mais à la suite de son refus le une rébellion éclate, qui a d’abord pour conséquence d’expulser les fonctionnaires savoyards de Cagliari. Au retour du vice-roi, les seigneurs du nord de l'île, notamment ceux de Sassari, exploitent l'occasion pour réclamer l'autonomie du Sud. Alors que les nobles de Cagliari suscitent la révolte populaire dans le Nord et que sous la menace qu'elle ne dégénère, les Savoie décident d'envoyer Giovanni Maria Angioy, un officier qui avait déjà battu les Français, avec le titre de « Alternos » c'est-à-dire représentant du vice-roi, à Sassari. Angioy essaye en vain de réconcilier les différentes factions, mais en étant conscient de l'absence de soutien de Cagliari et du gouvernement, tente de convaincre les Français d'annexer l'île.
En Sardaigne, Giovanni Maria Angioy, ayant perdu tout espoir d'un soutien extérieur français après l'armistice de Cherasco, essaye alors de provoquer une révolte anti-féodale et de fonder une république sarde, mais est abandonné par la majorité de ses partisans près d’Oristano, le roi ayant accepté les demandes formulées en 1794. Angioy se trouvant sans partisans s'enfuit à Paris.
Le trône de Cagliari et les Français à Turin
Le est constituée à Turin la République piémontaise, reconnue par les Français qui avaient occupé la ville. La famille de Savoie, avec toute la cour, se réfugie à Cagliari, qui devient l'unique capitale du royaume jusqu'à la restitution définitive des États de terre-ferme. Le , les troupes austro-russes reconquièrent Turin et rétablissent Charles-Emmanuel IV sur son trône, mais un an après, les Français occupent à nouveau Turin et créent la République subalpine.
Cette république émet des monnaies selon le système décimal adopté pour le franc français — ce qui sera à l'origine de l'Union latine (une union monétaire). Plus précisément fut émise une monnaie en or de 20 francs pour commémorer la bataille de Marengo.
La même année, Charles-Albert entre en conflit armé avec l'Autriche. Après quelques succès initiaux, la guerre est défavorable aux Savoie et Charles-Albert est contraint d'abdiquer en faveur de son fils Victor-Emmanuel II de Savoie, le , qui continue, avec l'aide de son Premier ministre Cavour, le processus d'unification de l'Italie à son profit.
La population du royaume, en 1838, se compose de 4 650 368 individus dont 524 633 sur l'île de Sardaigne[10].
Pendant la guerre de Crimée, de 1853 à 1856, provoquée par l'expansionnisme russe et la crainte de l'effondrement de l'Empire ottoman, le royaume de Sardaigne participe à la coalition formée de l'Empire ottoman, de l'Empire français et du Royaume-Uni contre l'Empire russe.
Avec le soutien de la France de Napoléon III, le royaume de Savoie-Sardaigne s'engage dans une nouvelle guerre contre l'Autriche qui aboutit, en 1860, par la conquête militaire suivie de plébiscites et malgré le retrait de la France, à l'unification du royaume d'Italie par l'intégration de Milan, Modène, Parme, de la Toscane, de Naples et de la Sicile, de l'Ombrie et des Marches ; seules manquent encore à l'appel Venise et Rome. L'unification de Naples et de la Sicile est en grande partie l'œuvre de l'expédition des Mille organisée par Giuseppe Garibaldi qui est, avec Camillo Cavour, un des grands protagonistes de l'unité italienne[9].
Délaissant Turin, désormais excentrée, Victor-Emmanuel II installe sa cour et son gouvernement à Florence (en 1865) et le , le royaume de Sardaigne change définitivement son nom en royaume d'Italie. Seuls le Latium avec Rome, sous la souveraineté du pape et la protection des troupes françaises ainsi que la Vénétie (sous domination autrichienne) ne rejoignent pas le royaume.
↑(en) Robert John Weston Evans et Peter Harmish Wilson, The Holy Roman Empire, 1495-1806, Brill, , 401 p. (ISBN9789004206830, lire en ligne), p. 192-194
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↑Bibliothèque universelle revue suisse et étrangère, Bureau de la Bibliothèque universelle, (lire en ligne).
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