Cette voie existait déjà en 1700 sous le nom de « rue des Porcherons » car elle reliait les villages du Roule et de la Ville-l'Évêque à celui des Porcherons. Elle prit ensuite le nom de « rue d'Argenteuil » en raison de sa direction vers le village d'Argenteuil. En 1734, elle n’était encore bordée que de quelques rares constructions[2] et prit son nom actuel en 1770.
Le carrefour formé autrefois par la jonction des rues Saint-Lazare, du Rocher, de la Pépinière et de l'Arcade, s'est appelée « La Petite Pologne » ou plus simplement « La Pologne ». Le Petit Ramponeau, ou cabaret de Ramponeau était situé à la Petite Pologne. Ce fameux cabaret, qui était antérieurement à Belleville, rue de l'Orillon, fut pendant longtemps le rendez-vous des gens de la noblesse qui prenaient plaisir à venir « s'y encanailler ».
Une décision ministérielle du 12 fructidor an V () fixa la largeur minimale de la rue à 10 mètres. Cette largeur fut portée à 11 mètres par une ordonnance royale du . Une ordonnance du déclara d’utilité publique son élargissement à 20 mètres au droit des propriétés nos 115 à 121, afin de créer la cour du Havre :
« Louis-Philippe, etc., vu la proposition de l'administration municipale de Paris tendant à faire déclarer d'utilité publique l'exécution de différents travaux destinés à faciliter les abords de l'embarcadère des chemins de fer de Saint-Germain, Versailles et Rouen ; les pièces constatant que ce projet a été soumis aux formalités d'une enquête régulière, et les observations et réclamations qu'il a fait naître ; les délibérations du Conseil municipal, en date du 10 mars et 2 juin 1843 ; l'avis du préfet de la Seine et les pièces à l'appui ; le plan d'alignement de la rue Saint-Lazare, arrêté par notre ordonnance du 3 août 1838 ; le plan de la rue Saint-Nicolas-d'Antin approuvé par décision ministérielle du 6 fructidoran XIII (24 août 1805) ; les lois des 16 septembre 1807, 3 mai 1841, et l'ordonnance réglementaire du 23 août 1835 ; notre Conseil d’État entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Article 1 : est déclarée d'utilité publique l'exécution immédiate des travaux ci-après, destinés à faciliter la circulation aux abords de l'embarcadère des chemins de fer de Saint-Germain, Versailles et Rouen, dans la ville de Paris, savoir :
1° l'ouverture d'une rue de 20 mètres de largeur (la rue du Havre), entre les rues Saint-Nicolas-d'Antin et Saint-Lazare dans l'axe du dit embarcadère, avec quatre pans coupés, dont deux de 5 mètres aux angles de la rue Saint-Nicolas-d'Antin et deux de 30 mètres au débouché sur la rue Saint-Lazare ;
2° l'établissement d'un passage de 12 mètres (cette voie n'a finalement pas été exécutée), partant de la rue nouvelle et conduisant aux dépendances du collège Bourbon ;
3° l'élargissement à 20 mètres de la rue Saint-Lazare, au droit des propriétés portant les nos 115, 117, 119 et 121 ;
4° l'élargissement, suivant l'alignement ministériel approuvé le 6 fructidoran XIII (24 août 1805), de la rue Saint-Nicolas-d'Antin, au droit des propriétés nos 52, 56, 58 et 72 ; le tout conformément aux alignements tracés par des lignes rouges sur le plan ci-joint ; l'alignement fixé par notre ordonnance du 3 août 1838, pour la dite rue Saint-Lazare, est déclaré nul et comme non avenu en ce qui concerne les immeubles portant les nos 115, 117, 119 et 121, et il subsistera pour le surplus.
Article 2 : le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit à l'amiable, soit, s'il y a lieu, par voie d'expropriation, les immeubles ou portions d'immeubles dont l'occupation sera nécessaire pour l'exécution des travaux ci-dessus déclarés d'utilité publique.
La gare Saint-Lazare fut construite en 1837. Une ruelle, dite impasse Bony, créée en 1826 et située à l’emplacement de l’hôtel Terminus, servait au déchargement des bagages[3]. La cour de Rome, située devant la gare du côté ouest, engloba l’ancienne impasse d’Argenteuil, qui s’ouvrait sur la rue du Rocher[3].
Nos 9 bis et 11 : anciennement s'y trouvaient des maisons closes[5].
Nos 18 : à ce niveau se trouvait le théâtre d'Application, ou La Bodinière (1888-1909).
No 23 : Georges Ancey (1860-1917), auteur dramatique, y a habité et y est mort.
Nos 27-29 (et 32-34, rue de Châteaudun) : « Deux remarquables immeubles, décorés dans le style de l'architecture française du XVIe siècle, vers 1840. Probablement l’un des ensembles les plus importants de ce style. Les façades arrière sont visibles de la rue de Châteaudun, dont le prolongement en 1862 paraît avoir amputé ces immeubles de leur jardin »[6]. L'artiste Paul Gavarni réside au no 27 de la rue en 1829[7]. Le no 29 abritait un bordel réservé aux soldats allemands pendant l'Occupation[8]
Nos 36-38, au croisement avec la rue Taitbout : poste construite par l'architecte Paul Bessine vers 1935[9].
No 58 : hôtel Delaroche, construit en 1829 dans le style toscan pour le peintre Paul Delaroche qui y habita dix ans. La polychromie de la récente restauration est censée reproduire la polychromie d'origine[6].
No 60 : domicile parisien du duc de Bassano où lui et son épouse moururent ; domicile de J. Minot, imprimeur, éditeur et lithographe, où il est mort.
No 66 : Émile Zola achète un appartement où il installe sa maîtresse, Jeanne Rozerot. Le docteur David Gruby (1810-1898), mycologue, qui a soigné de nombreuses personnalités, y a vécu plusieurs décennies (référence : Bernard Vassor[source insuffisante]).
No 68 : le mourut, à son domicile situé à cette adresse, l'homme d'affaires, fondateur, concessionnaire et exploitant de divers lieux de divertissements et de salles de spectacles Charles Zidler (1831-1897)[10]. Il fut notamment, avec Joseph Oller, cofondateur du Moulin-Rouge.
No 87 : avenue du Coq, emplacement de l'ancien château de la famille Porcheron (XIIIe siècle), qui donna son nom au quartier. Ultérieurement, il devint la propriété de la famille Le Cocq et donna son nom à l'impasse qui fut dégagée à sa place[14].
Nos 113-115 : Brasserie Mollard. Le décor intérieur, datant de 1894, est dû à l’architecte Édouard Niermans. Les tableaux de céramique sont de M. Simas. Nadar avait habité à cet endroit dans une maison.
No 119 : un établissement de restauration rapide à l’enseigne McDonald's a remplacé une taverne bavaroise à l’enseigne du Roi de la bière, signalée dès 1910[16], dont l’originale façade a été conservée.
No 121 : anciennement The Criterion Fouquet's Bar, établissement fondé par Louis Fouquet avant qu'il ne crée le Fouquet's sur les Champs-Élysées.
↑« La fin tragique d'une vie d'aventures - Armand Deperdussin, ex-multimillionnaire menacé par la gêne, s'est suicidé », Le Petit Parisien, no 17271, (lire en ligne, consulté le )
↑Photographie d'Albert Brichaut, département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, reproduite dans L'Objet d'art, hors-série no 91, septembre 2015, p. 23.
↑Archives de Paris, état-civil numérisé du 9e arrondissement de Paris, registre des décès de l'année 1897, acte no 1203, vue 26 de la numérisation. Époux de Jeanne-Eugénie Raboisson, il meurt à son domicile situé au no 68 de la rue Saint-Lazare.
↑« Ancienne grille du jardin Tivoli », Procès verbal de la commission du Vieux Paris, .
↑Cf état civil de la ville de Paris, acte 155 du 20 janvier 1881.