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Sadiq Khan

Sadiq Khan
Illustration.
Sadiq Khan en 2020.
Fonctions
Maire de Londres
En fonction depuis le
(8 ans, 6 mois et 20 jours)
Élection 5 mai 2016
Réélection 6 mai 2021
2 mai 2024
Prédécesseur Boris Johnson
Député britannique

(11 ans et 4 jours)
Élection 5 mai 2005
Réélection 6 mai 2010
7 mai 2015
Circonscription Tooting
Législature 54e, 55e et 56e
Groupe politique Travailliste
Prédécesseur Tom Cox
Successeur Rosena Allin-Khan
Lord chancelier du cabinet fantôme
Secrétaire d'État à la Justice du cabinet fantôme

(4 ans, 7 mois et 3 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouvernement Ed Miliband
Prédécesseur Jack Straw
Successeur Charles Falconer
Ministre de Londres du cabinet fantôme

(2 ans, 3 mois et 25 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouvernement Ed Miliband
Prédécesseur Tessa Jowell
Successeur Vacant
Secrétaire d'État aux Transports du cabinet fantôme

(4 mois et 24 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouvernement Cabinet Harman I
Prédécesseur Theresa Villiers
Successeur Maria Eagle
Ministre d'État aux Transports

(11 mois et 3 jours)
Monarque Élisabeth II
Premier ministre Gordon Brown
Gouvernement Brown
Prédécesseur Andrew Adonis
Successeur Theresa Villiers
Ministre d'État aux Communautés

(8 mois et 4 jours)
Monarque Élisabeth II
Premier ministre Gordon Brown
Gouvernement Brown
Prédécesseur Parmjit Dhanda
Successeur Shahid Malik (en)
Biographie
Date de naissance (54 ans)
Lieu de naissance Londres (Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Pakistanais
Parti politique Parti travailliste
Profession Avocat
Religion Islam[1]

Signature de

Sadiq Khan Sadiq Khan
Maires de Londres
Ministres d'État aux Transports

Sadiq Aman Khan [səˈdiːk ˈkɑːn][2], né le à Tooting (Londres), est un avocat et un homme politique britannique, membre du Parti travailliste.

Issu d'une famille modeste d'origine pakistanaise, il grandit dans la banlieue sud de Londres. Élu à la Chambre des communes du Royaume-Uni en 2005 pour la circonscription de Tooting, il exerce ensuite des fonctions ministérielles au sein du gouvernement Brown entre 2008 et 2010, étant successivement ministre d'État aux Communautés, puis aux Transports. Il est élu maire de Londres en 2016 puis réélu en 2021 et 2024.

Biographie

Enfance et études

Les grands-parents de Sadiq Khan, natifs de Lucknow (dans les Provinces Unies, l'actuel Uttar Pradesh)[3], quittent l'Inde pour le Pakistan après la partition des Indes, en 1947, et ses parents quittent à leur tour le Pakistan pour Londres dans les années 1960, peu avant sa naissance. Après des études d'ingénieur et un travail dans l'armée de l'air pakistanaise, son père travaille comme chauffeur de bus pendant près de vingt-cinq ans et sa mère est couturière[4].

Sadiq Khan naît au St George's Hospital, dans le quartier populaire[5] de Tooting, au Sud de Londres. Il grandit dans une cité HLM de ce même quartier, avec ses six frères et sa sœur. Il déclare à propos de son enfance : « Ce n'était pas Dickens mais c'était dur ». Marqué par le déclassement social vécu par sa famille après avoir immigré au Royaume-Uni, il gagne un esprit de revanche[6].

Il effectue sa scolarité dans le quartier de Tooting, étudie ensuite le droit à l'université métropolitaine de Londres, puis intègre l'école de droit (College of Law) à Guildford pour devenir avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme. Il travaille notamment sur les affaires de discriminations au travail et dans les relations avec la police. En 1997, il devient associé de son cabinet d'avocats, étant l'un des seuls « non-Blancs » dans son domaine. Après les attentats du 11 septembre 2001, il est notamment l'avocat de Feroz Abbasi, prisonnier à Guantanamo[6].

Carrière politique

Député et membre du gouvernement

Se disant affecté par la situation sociale du pays pendant les mandats de Première ministre de Margaret Thatcher, il adhère au Parti travailliste à l’âge de 15 ans[6].

Il est élu en 2005 à la Chambre des communes comme député pour la circonscription de Tooting[7] (où il avait été élu local onze ans auparavant) ; il fait partie des quatre députés musulmans élus lors de cette législature. Initialement membre de l'aile réformatrice du Parti travailliste, aux côtés de Tony Blair, il refuse pourtant de servir de caution au gouvernement pour défendre, en tant que musulman modéré, la participation britannique lors de la guerre en Irak : « Je voulais être un député ordinaire ». Après les attentats de Londres du 7 juillet 2005, le gouvernement présente de dures lois antiterroristes ; Sadiq Khan, qui tient une ligne indépendante, vote contre et contribue à mettre le Premier ministre en échec à la Chambre des communes pour la première fois. Il rencontre toutefois Tony Blair et permet de nouer des contacts entre le ministère de l'Intérieur et les Britanniques musulmans[6].

En 2007, il exerce la fonction d'assistant parlementaire pour Jack Straw, leader de la Chambre des communes[7]. Certains anciens collègues de la période où il militait pour les droits civiques jugent alors que l'ambition de Sadiq Khan a supplanté ses scrupules politiques de l'époque[6].

Il est ministre d'État aux Communautés entre 2008 et 2009, puis aux Transports entre 2009 et 2010, dans le gouvernement du Premier ministre Gordon Brown. Il est la deuxième personne d'origine pakistanaise au gouvernement et le premier ministre musulman en Grande-Bretagne.

En 2010, il dirige la campagne d’Ed Miliband lorsque celui-ci remporte la direction du Parti travailliste[8]. Il est réélu député en 2010 et 2015. Membre de l’équipe de direction, il apporte en 2015 son soutien au modéré Andy Burnham lors de l'élection du chef du parti, mais c'est son rival Jeremy Corbyn qui est élu[8].

Maire de Londres

Sadiq Khan reçoit le secrétaire d'État américain, John Kerry, sur le toit de l'hôtel de ville de Londres.

Après avoir remporté la primaire interne face à la blairiste Tessa Jowell, il est vainqueur de l'élection à la mairie de Londres le , avec 56,9 % des voix, face au conservateur Zac Goldsmith qui totalise 43,1 %[9],[10]. Il devient ainsi, selon les termes d'une journaliste du Monde, « le premier édile musulman d’une grande capitale occidentale »[10]. Le nombre de voix qu'il obtient est le plus important jamais obtenu par une personnalité politique britannique élue au suffrage direct[11].

Sadiq Khan appelle les travaillistes à élargir leur électorat, y compris auprès d'anciens électeurs conservateurs. Selon lui, le parti doit se préoccuper des électeurs et non pas juste des militants. Cette déclaration est considérée comme une critique envers la stratégie de Jeremy Corbyn[12]. Selon plusieurs médias, Khan souhaite mettre à l'écart Corbyn, qui n'assiste pas à sa cérémonie d'investiture en tant que nouveau maire de Londres[13],[14].

Deux jours après sa prise de fonctions, Sadiq Khan reçoit la visite à Londres de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Selon la mairie de Paris, les deux élus, proches politiquement, voudraient voir leurs villes « collaborer plus étroitement sur les conséquences du réchauffement climatique, la lutte contre la pollution, les mesures à prendre contre la précarité et la grande exclusion »[15].

Il fait campagne contre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne[16], les habitants de la ville de Londres, cosmopolite et centre du pouvoir politique financier et culturel, ayant majoritairement voté pour y rester[6]. Après la publication des résultats favorables au départ de l'UE, il demande une plus grande autonomie pour Londres, où l'électorat était à près de 60 % favorable au maintien[17]. Lors de l'élection à la direction du Parti travailliste faisant suite à ce référendum, Sadiq Khan s'oppose à la réélection de Jeremy Corbyn et apporte son soutien à Owen Smith[18]. Jeremy Corbyn est cependant réélu.

Avec le soutien de la chambre de commerce et d'industrie, de la City of London Corporation et de nombreux groupes de réflexion et multinationales, il réclame la création d'un visa de travail uniquement valable à Londres, ainsi que l'exterritorialité de la capitale dans ses relations avec le Marché commun européen[19].

Il doit gérer l'incendie de la tour Grenfell, l'attentat de Westminster et l'attentat du 3 juin 2017[6].

En 2017, il est le premier maire de Londres à participer à la marche des fiertés[6].

Le , il est réélu maire de Londres avec 55,2 % des voix au second tour, face au conservateur Shaun Bailey[20].

Polémiques

Pendant la campagne pour les élections municipales, ses liens avec des personnalités ou organisations islamistes, notamment Hizb ut-Tahrir – même s'il se déclare radicalement opposé à leur idéologie – sont soulevés par les conservateurs et plusieurs médias de droite[21]. En 2004, à Londres, Sadiq Khan apparaît aux côtés de cinq islamistes à une conférence organisée par l'association Friends of al-Aqsa, un groupe qui a publié des travaux négationnistes ; lors de cette conférence, les femmes devaient notamment emprunter une entrée distincte de celle des hommes[22]. David Cameron a accusé Sadiq Khan d'être apparu à neuf reprises au côté de l'imam Sulaiman Ghani, un imam considéré comme extrémiste et qui, selon Cameron, soutient l'État islamique ; plusieurs membres du Parti travailliste accusent alors Cameron de racisme[23].

En 2008, il est filmé en train de prononcer un discours au Global Peace & Unity Festival devant des spectateurs agitant l'étendard noir des djihadistes[24]. Son opposition, en tant que parlementaire, à l'interdiction de groupes accusés d'être islamistes suscite également des interrogations[24]. En 2009, dans une interview accordée à la chaîne de télévision iranienne Press TV, Sadiq Khan utilise le terme « Oncles Toms », considéré comme insultant et méprisant, pour désigner les musulmans modérés ; il présente des excuses par la suite[25].

Des médias relèvent son opposition à la suspension, en 2006, du maire travailliste de Londres, Ken Livingstone, qui avait comparé un journaliste juif du Evening Standard à un gardien de camp de concentration nazi[22]. Ils critiquent également la signature par Sadiq Khan, en 2006 toujours, d'une lettre dans The Guardian imputant au Royaume-Uni une part de responsabilité dans les attaques terroristes en raison de son soutien à Israël[22].

Bien que Sadiq Khan rappelle son soutien au mariage homosexuel et les menaces de mort que cet engagement lui auraient attirées, le journaliste Toby Young relève qu'il a défendu par le passé l'universitaire Youssef al-Qaradâwî, qui s'était demandé, dans une de ses publications, si les homosexuels devaient être tués[22]. Sadiq Khan avait dit qu'Youssef al-Qaradâwî n'était pas un extrémiste. Il précise ensuite qu'il ne parlait pas de son point de vue, mais avait agi à titre d'avocat pour le Muslim Council of Britain, qui reflète le point de vue de ses clients dans un cadre quasi-juridique[26]. En 2016, Sadiq Khan renvoie son assistant parlementaire, Shueb Salar, après que celui-ci a tenu des propos sexistes et homophobes, notamment en appelant au meurtre des gays[27],[28]. Le Daily Mail indique également que Sadiq Khan a, entre 2008 et 2012, soutenu des organisations ayant appelé à la violence envers des femmes[24].

Les partisans de Khan réfutent les arguments de ses adversaires politiques et accusent la campagne de Zac Goldsmith d'islamophobie[29]. Ils voient dans certaines de ses déclarations une tentative désespérée pour garder la mairie de Londres aux mains du Parti conservateur. Face à l'argument selon lequel il a soutenu des islamistes en tant qu'avocat, Sadiq Khan dit qu'il est ridicule d'utiliser ses activités professionnelles comme preuve de ses prétendues sympathies extrémistes[26]. Des observateurs et responsables politiques, y compris du Parti conservateur, critiquent les attaques dont Khan fait l'objet pendant cette campagne électorale[30].

Vie personnelle

Sadiq Khan est marié ; son épouse, née Saadiya Ahmed, est avocate comme lui[31]. Ils ont deux filles[31].

Titre honorifique

En tant que ministre, Khan porte le titre de conseiller privé de Sa Majesté. Selon le protocole, son nom doit être précédé du prédicat de très honorable.

Notes et références

  1. « Sadiq Khan : le prochain maire de Londres devrait être musulman », sur sudouest.fr, (consulté le ).
  2. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  3. (en) Pippa Crerar et Daniel Orton, « Sadiq makes historic border crossing from India to Pakistan », sur Evening Standard, (consulté le )
  4. Vincent Collen, « Sadiq Khan, le self-made man qui a conquis Londres », sur Les Échos, .
  5. « Sadiq Khan, le nouveau visage de Londres », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  6. a b c d e f g et h Sam Knight, « L'islam, les attentats et moi », Vanity Fair n°51, octobre 2017, pages 106-113.
  7. a et b (en) Vikram Dodd, « Human rights lawyer, MP, and thorn in the Met's side », sur The Guardian.
  8. a et b Vincent Collen, « Sadiq Khan, le self-made man qui a conquis Londres », lesechos.fr, (consulté le ).
  9. Florentin Collomp, « Le travailliste Sadiq Khan officiellement élu maire de Londres », sur Le Figaro (consulté le ).
  10. a et b « Élections au Royaume-Uni : le Labour revendique la victoire à la mairie de Londres de son candidat, Sadiq Khan », sur lemonde.fr, .
  11. Sonia Delesalle-Stolper, « Sadiq Khan officiellement élu maire de Londres », sur Libération.fr.
  12. Heather Stewart, « Sadiq Khan widens rift with Jeremy Corbyn over Labour's 'pick sides' strategy », sur the Guardian, (consulté le ).
  13. « Pariah: Khan gives toxic leader the slip... », sur Mail Online (consulté le ).
  14. « No rest for Sadiq Khan as he takes on the office of Mayor of London officially », sur International Business Times UK, (consulté le ).
  15. « Anne Hidalgo en visite à Londres chez Sadiq Khan », sur leparisien.fr (consulté le ).
  16. « Sadiq Khan et David Cameron unis contre un Brexit », sur 7s7 (consulté le ).
  17. 'Take back control': Sadiq Khan calls for more powers for London to protect capital after Brexit vote Evening Standard, 29 juin 2016
  18. « Royaume-Uni: Sadiq Khan s'oppose à la réélection de Corbyn », sur rfi.fr, .
  19. Benoît Bréville, « Quand les grandes villes font sécession », sur Le Monde diplomatique, .
  20. « Londres : Sadiq Khan réélu pour un deuxième mandat », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  21. (en) Danny Collins, « Revealed: London Mayor candidate Sadiq Khan's links to Islamic extremist », sur thesun.co.uk.
  22. a b c et d (en) Toby Young, « Is it ‘Islamophobic’ to draw attention to Sadiq Khan’s links with extremists? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur spectator.co.uk.
  23. « Cameron taxé de racisme après une charge contre un candidat à la mairie de Londres », sur 7s7 (consulté le ).
  24. a b et c (en) Jake Wallis Simons, « Sadiq Khan, Labour candidate for London mayor, made a speech while the 'black flag of jihad' was flying and gave his support to groups linked to extremism », sur Daily Mail.
  25. « Mayoral candidate Khan apologises for 'Uncle Tom' Muslim jibe », sur International Business Times UK, (consulté le ).
  26. a et b Robert Booth, « Tories step up attempts to link Sadiq Khan to extremists », sur the Guardian, (consulté le ).
  27. « Sadiq Khan suspends top adviser over racist, sexist and homophobic tweets », sur thesun.co.uk, (consulté le ).
  28. « Sadiq Khan's top aide suspended over offensive tweets », sur Mail Online (consulté le ).
  29. Franck Mathevon, « Le parti travailliste revendique la victoire de Sadiq Khan à la mairie de Londres », sur France Info.
  30. (en) Rowena Mason, « Top Conservatives condemn Goldsmith's "disgusting" mayoral campaign », sur The Guardian.
  31. a et b Sonia Delesalle-Stolper, « Sadiq Khan, l’ascension d’un symbole », sur Libération.fr, .

Annexes

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