Santi-Vina (สันติ-วีณา, Santi-Weena) est un film romantique thaïlandais réalisé par Thavi Na Bangchang (Marut), sorti en 1954[1].
C'est le premier long métrage en couleur tourné en 35 mm avec bande son de l'histoire du cinéma thaïlandais[2] (avant, tous les films étaient en noir et blanc 16 mm sans bande son).
C'est aussi le premier film thaïlandais à entrer en compétition dans un festival international : prix de la meilleure photographie, prix du meilleur décor et prix spécial de la MPPA à la 1re édition à Tokyo du South East Asia Film (Asia-Pacific Film Festival) en 1954[3].
Synopsis
Le pauvre et aveugle Santi et la tendre Vina sont enfants et très amis. Vina invite Santi à l'école et le protège de la cruauté des autres garçons, en particulier du méchant Krai. Les enfants grandissent. Le père de Santi envoie son fils vivre chez le vénérable bonze de la grotte avec l'espoir que la dévotion à Bouddha créera un miracle et que son fils recouvrera la vue.
A l'adolescence, lors de la fête de Loi Krathong, Santi et Vina tombe naturellement amoureux mais Krai, jaloux, organise en sa faveur un mariage arrangé avec Vina. Les malheurs s'abattent sur les deux amoureux qui s'enfuient...
En 1954, peu de temps après sa sortie en salles, les quelques bobines du film ont été perdues. Il ne restait alors plus qu'une seule copie 16mm en très mauvais état conservée par les archives nationales du film de Thaïlande (Thai Film Archive)[8].
En 2014, après une véritable chasse aux trésors, la copie d'origine du film a été retrouvée au British Film Institute[9] (négatifs image et son). D'autres copies d'exploitation en bon état ont aussi été découvertes aux archives nationales du film de Russie (Gosfilmofond) et de Chine (China film archive)[10].
En 2016, après un travail de restauration de 1700 heures à l'Immagine Ritrovata Laboratory de Bologne (Italie), Santi-Vina est projeté à Cannes Classics lors du festival[11].
Le scénario est écrit par Robert G. Noth, un agent secret américain en poste en Thaïlande, impliqué dans l'industrie cinématographique ; et Pestonji refuse, comme dans tout ses films, de miser sur des vedettes du cinéma pour obtenir des résultats très originaux avec des acteurs secondaires ou débutants mieux adaptés aux rôles qu'il écrit[13].
Santi-Vina remporte un grand succès en Thaïlande, bien que certains critiques de l'époque reprochent à Pestonji et Marut de ne pas livrer une image authentique du pays, en particulier dans la scène idyllique des bateaux du Loi Krathong et de trop chercher à plaire au public étranger[14].
Du mois de mai au 28 septembre 2021, pendant tout l'été, la Cinémathèque française avec Thai Film Archive, pour répondre au contexte de l'épidémie de Covid-19 et du confinement, mais aussi à la volonté de diffuser le plus largement possible quelques pépites méconnues du patrimoine cinématographique, mettent en ligne gratuitement sur la plateforme Henri[15], en version originale (langue thaï) avec sous-titrage en français les films Santi-Vina (สันติ-วีณา)[16] et Dark Heaven (สวรรค์มืด)[17] ainsi que les deux courts métrages muets It's all Because of a Katoey (กะเทยเป็นเหตุ / Katoey pen het ) (anonyme ; 1954)[18] et Prai Takian (The Goule / พรายตะเคียน) (anonyme ; 1940)[19].
↑(fr + en) Collectif (sous la direction de Bastian Meiresonne), Thai cinema / Le cinéma thaïlandais, Asiexpo édition, , 256 p. (ISBN978-2-95280-18-0-5), L'Histoire politique du cinéma en Thaïlande : de la naissance à la chute des années 1980 par Antoine Coppola (pages 14 à 24) / 3. Des années 1940 aux années 1960 page 17
↑Kong Rithdee, Cinémathèque française et Thai Film Archive, « Santi-Vina », sur cinematheque.fr (consulté le )