En vertu des traités signés lors de la conférence de Londres, la France intervient alors une nouvelle fois en Belgique en y envoyant l'Armée du Nord, commandé par le maréchal Étienne Maurice Gérard, dans le but de chasser les dernières troupes néerlandaises d'Anvers. Après le refus de reddition, les français assiègent la forteresse pendant 24 jours jusqu'à la capitulation des forces néerlandaises.
C'est la dernière bataille officielle de la guerre et les pourparlers diplomatiques qui s'ensuivent, avec la signature de la convention de Londres, jettent les bases de la paix, finalement signée lors de la convention de Zonhoven le .
Les révolutionnaires chassent d'abord les forces armées néerlandaises de Bruxelles lors de l’épisode des Journées de Septembre. Le , les troupes de volontaires belges, poursuivant leur marche, entrent dans Anvers, défendue par sa citadelle qui abrite le quartier général du 4e grand commandement militaire du royaume uni des Pays-Bas, dirigé par le général d'infanterieDavid Chassé. Pour éviter les combats de rue, celui-ci ordonne à ses troupes de se retirer dans la citadelle et conclut un cessez-le-feu avec le commandement belge. Les volontaires belges, peu disciplinés, ne respectent pas la trêve et le 27 octobre au matin, se remettent à tirer sur les « Néerlandais ». Chassé répugne à bombarder la ville, mais son supérieur, Bernard de Saxe-Weimar-Eisenach le lui ordonne[2]. Les bâtiments échelonnés le long des quais dans l'Escaut, et sur lesquels on tire, répondent par des bordées et, à ce signal, le feu commence depuis la forteresse Tête de Flandre et depuis la citadelle, où le général Chassé fait arborer le drapeau noir. Le bombardement dure depuis quatre heures jusqu'à plus de dix heures du soir, touchant particulièrement le quartier de Saint-André. Cet acte, qui cause de graves dégâts et coûte la vie à 85 personnes[3], reçoit l'approbation du roi des Pays-Bas, Guillaume Ier, qui envoie au général Chassé la grand-croix de l'ordre militaire de Guillaume. Par ailleurs, la population d'Anvers abandonne toute la sympathie qu'elle peut encore avoir envers le régime néerlandais.
Le , les grandes puissances européennes se saisissent du problème et se réunissent lors de la conférence de Londres, imposant, dès le jour même, un armistice aux deux belligérants. Toutefois, Guillaume Ier, tente de reprendre ses territoires en envahissant la Belgique l'année suivante lors de la campagne des Dix-Jours, qui se tient du 2 au . En vertu des traités et protocoles contractés lors de la conférence de Londres, le nouveau roi des Belges, Léopold Ier, fait appel à l'aide de la France qui s'était portée garante de la neutralité et de l'inviolabilité de la Belgique. Avec la première intervention de l'Armée du Nord commandée par le Maréchal Étienne Maurice Gérard, la coalition franco-belge remporte la victoire et les armées néerlandaises se retirent du jeune Royaume.
Toutefois, Guillaume Ier refusait toujours de reconnaitre l'indépendance de la Belgique et de signer le traité officiel de partage des deux pays, le . Il pensait la Belgique non-viable et que ce ne serait qu'une question de temps pour que celle-ci ne s'effondre et ne repasse sous son giron[4]. En conséquence de quoi, il laissa une garnison dans plusieurs forteresses, notamment celle de Maastricht mais aussi dans celle d'Anvers. Cette présence néerlandaise sur son territoire était inacceptable pour la Belgique, mais son armée n'avait toutefois pas les moyens de les en déloger.
Initialement le Maréchal Gérard avait voulu mener le siège seul, craignant les débordements des volontaires qui seraient susceptibles de contaminer les populations au-delà même des frontières belges. C'est que l'époque était troublée, on l'avait vu en France où la deuxième révolution avait renversé le dernier roi de France, Charles X. On le voyait en Prusse où l'opinion fermentait, comme en Pologne où l'insurrection de Novembre se faisait écraser par les Russes. Mais la jeune armée belge, progressivement reformée et rééquipée, s'en alla défendre les digues de l'Escaut, au nord d'Anvers, empêchant les Néerlandais de les faire sauter et allait harceler la Marine royale néerlandaise qui tentait de secourir la ville. Les Français aménagèrent leurs positions du 29 novembre au 3 décembre. Le , le maréchal Gérard somme le général Chassé, qui commande toujours la citadelle, de la lui livrer, mais ce dernier refuse. Les Français commencent alors le siège et le 4, ils débutèrent le bombardement de la citadelle avec 104 pièces d'artillerie. Au feu des Français, les Néerlandais répondirent avec férocité et précision[5].
Le 14 décembre, les hommes du Maréchal attaquèrent l'ouvrage appelé « lunette Saint-Laurent » dont une brèche avait été ouverte grâce à des travaux de sape. L'assaut fut mené par le 65e de ligne qui s'empara de l'ouvrage. Quelques Néerlandais furent tués ou blessés, 60 furent capturés[5]. Le dernier épisode du siège eut lieu le 23 décembre au matin, le jour même de la reddition, lorsque les garnisons néerlandaises des forts de Lillo et de Liefkenshoek (que les Français se contentaient de surveiller) tentèrent une sortie contre la digue de Doel, tenue par la division Sebastiani. Après un vif combat, les Néerlandais sont repoussés avec de fortes pertes. Cette dernière action coûta 12 tués et une quarantaine de blessés aux Français[5].
Il fallut 24 jours au spécialiste français des sièges, le général Haxo, pour faire céder le général néerlandais qui capitula le , estimant qu'il avait fait une démonstration de force. Le chef d'escadron Pierre Nicolas Gannal, frère de l'inventeur Jean-Nicolas Gannal est mort au cours de ce siège en 1832, décapité par un boulet tiré par les Néerlandais assiégés dans la citadelle, en présence du duc d'Orléans, Ferdinand-Philippe[6].
Aspects tactiques
Alors que depuis plusieurs décennies, les tactiques de siège de forteresses à la Vauban se résumaient à la méthode des sapes et parallèles, entraînant habituellement la capitulation du fort assiégé peu de temps après que les fortifications furent percées, l'Armée du Nord eut l'idée d'employer pour l'une des premières fois des mortiers, utilisant à la fois cette arme de manière massive et dans des dimensions exceptionnelles[7]. À la différence des canons et mousquets qui ont un tir tendu (ou par ricochet), les mortiers permettent des tirs paraboliques qui survolent les fortifications pour bombarder directement l'intérieur d'une citadelle ou d'une ligne fortifiée.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Mémoire et notoriété
Léopold Ier donna plusieurs canons de différents calibres à la France et le maréchal Gérard reçut une épée d'honneur offerte par le roi et le gouvernement belge en témoignage de reconnaissance.
Un Monument français, fut sculpté en 1897 et érigé Tournai pour célébrer la mémoire des soldats français tombés pour la prise d'Anvers en 1832. Il se trouve là en raison du refus de la ville d'Anvers d'accueillir ce monument[8].
Félix Fénéon,Nouvelles en trois lignes, collection Libretto, 162 pages, éditeur Libella, Paris, 2019.
Alfred De Ridder, « Journal du siège de la citadelle d'Anvers (1832), par le lieutenant-colonel Vaillant », Bulletin de la Commission royale d'Histoire, vol. 96, , p. 417-562 (lire en ligne, consulté le ).
Notes et références
↑ a et bExtra Le Vif/L'Express, "Les documents inédits de notre histoire", 26 janvier 2010
↑ abc et dAbel Hugo, France militaire. Histoire des armées françaises de terre et de mer, de 1792 à 1837. Tome 5., p. 343-346
↑ Gallica, in Quelques traits de la vie du prince royal, Paris, 1843.
↑Le « mortier monstre », engin envoyant des projectiles de 500 kg, utilisé pour le siège, venait d'être mis au point par le général Paixhans.
↑La ville de Tournai fut choisie pour deux raisons. Parce qu’Anvers n’a pas accédé au souhait émis en 1894 par des bourgeois bruxellois d’y faire ériger un monument en l’honneur des 871 soldats français tués, blessés ou restés invalides durant le siège en 1832. Et ensuite parce que la ville de Tournai a accédé au souhait du Comité bruxellois auquel s’était joint un Comité tournaisien, du fait que c’est par Tournai que le corps expéditionnaire français était entré en Belgique pour aller assiéger Anvers. Hommage aux soldats français, discours d’André BRUNEAU, Président du Comité FNACA de Belgique, .
↑Nouvelle histoire de Paris et de ses environs par M. J. De Gaulle, 1839, page 392 et suivantes.