Les singes, très rarement appelés Simiformes (Simiiformes), constituent un infra-ordre de primates. Ils admettent pour groupe frère les tarsiers (Tarsiformes), dont ils se différencient par l'occlusion arrière des orbites oculaires, et forment avec eux le sous-ordre des Haplorrhiniens. Les singes ont par ailleurs la face souvent glabre, et sont dotés d'un encéphale un peu plus développé que les tarsiers et les Strepsirrhiniens, sous-ordre frères des Haplorrhiniens.
Les plus anciens singes fossiles connus, datés d'environ quarante-cinq millions d’années, ont été trouvés en Asie orientale (Birmanie, Thaïlande, Chine). Les singes n'ont gagné l'Afrique qu'il y a environ quarante millions d'années[1].
Taxonomie
Le nom de ce taxon a été introduit en 1866 par Ernst Haeckel. Simiiformes est formé à partir d'une racine latine et peut se traduire par « à forme de singe ».
Le terme synonyme et concurrent Anthropoidea avait été proposé par St. George Jackson Mivart en 1864, à une époque où la comparaison des humains avec les singes africains n'était pas couramment admise. Il était bâti à partir de la racine en grec ancienAnthropos, qui désigne l'être humain. Contrairement à ce que son suffixe -oidea laisserait penser, ce groupe est un infra-ordre et non une super-famille, comme habituellement. Aussi cette dénomination est parfois confondue avec celle d'une des super-familles qui le composent, celle des Hominoidea, du fait que le nom de cette super-famille est formé cette fois-ci à partir de la racine latine qui désigne l'Homme, et non pas la racine grecque. Bien qu'étant le plus ancien des deux termes et que les règles de taxonomie auraient dû en faire le taxon généralement utilisé, certains auteurs comme Hoffstetter (1982) ou McKenna et Bell (1997) l'ont jugé ambigu et lui ont préféré Simiiformes[2].
Les noms des deux sous-groupes, deux micro-ordres qui composent le groupe, à savoir les Platyrhiniens et les Catarhiniens, ont été bâtis sur l'apparence du nez de ces primates.
Les plus anciens singes connus, les éosimiidés, sont datés d’au moins 45 millions d’années et ont été trouvés en Chine et en Asie du Sud-Est. Ils appartiennent à d'anciennes familles aujourd'hui éteintes[4]. « L'origine et l'évolution de l'homme ne peuvent plus être considérées comme exclusivement africaines [...] Cela signifie que nos lointains ancêtres sont arrivés en Afrique il y a au moins 39 millions d'années, très probablement d'Asie », selon le professeur Jaeger[5]. On trouve des singes en Afrique à partir d'environ 40 millions d’années[6]. Ils auraient peut-être utilisé des radeaux flottants, issus de l’embouchure d’un possible très grand fleuve d’Asie occidentale, pour accéder aux côtes arabo-africaines, alors séparées de l'Asie par des bras de mer[7]. Peu de temps après, durant l'Éocène supérieur, les singes auraient atteint les Amériques, peut-être en passant par l'Antarctique, alors libre de glaces et au climat tempéré[8]. Ces singes américains forment les Platyrrhiniens, ou singes du Nouveau Monde, tandis que les singes restés en Afrique forment les Catarrhiniens, ou singes de l'Ancien Monde.
Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[9] et Springer et al. (2012)[10] :
La plupart des populations de singes non-humains sont en forte régression ou ont déjà disparu d'une grande partie de leur aire de répartition naturelle. Les causes de cette régression sont notamment :
↑(en) P. Perelman, W. E. Johnson, C. Roos, H. N. Seuánez, J. E. Horvath, M. A. M. Moreira, B. Kessing, J. Pontius, M. Roelke, Y. Rumpler, M. P. Schneider, A. Silva, S. J. O'Brien et J. Pecon-Slattery, « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3, , e1001342 (PMID21436896, PMCID3060065, DOI10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne)
↑K.C. Beard et al., « Earliest complete dentition of an anthropoid primate from the late Middle Eocene of Shanxi Province », China Science, 272 (1996), pp. 82-85
↑Dernières nouvelles d'Alsace en date du dimanche 3 novembre 2019; voir page 17 article intitulé « Jean-Jacques Jaeger, sur les traces asiatiques de l'humanité ».
↑Michel Brunet, Jean-Jacques Jaeger, « De l’origine des anthropoïdes à l’émergence de la famille humaine », Comptes Rendus Palevol, vol. 16, no 2, mars–avril 2017, p. 189-195 (DOI10.1016/j.crpv.2016.04.007).
↑M. Bond et al., « Eocene eprimates of South America and the African origins of New World monkeys », Nature, 520 (2015), pp. 538-541
↑(en) P.P. Skorupa (éd.), « Responses of rain forest primates to selective logging in Kibale Forest, Uganda. A summary report », dans K. Benirschke, Primates – the road to self-sustaining populations, New York, Springer Verlag,