La Société du Mont-Pèlerin a été créée le lors d'une conférence organisée par Friedrich Hayek au Mont Pèlerin, village suisse surplombant Vevey. Cette conférence n'est pas sans rappeler le colloque Walter Lippmann qui en 1938 avait rassemblé vingt-six intellectuels désireux de promouvoir un « nouveau libéralisme » face au fascisme, au communisme et à l'interventionnisme étatique. Son nom originel devait être Acton-Tocqueville Society, mais les Britanniques présents s'opposèrent à ce nom, Tocqueville et Acton étant catholiques[1]. Finalement la société prend le nom du village où elle se tient.
En réaction au keynésianisme de l'après 1945, les membres de la Société du Mont-Pèlerin souhaitent favoriser l'économie de marché et la société ouverte à l'échelle mondiale. Le but officiel de ces rencontres n'est pas de créer une doxa officielle mais d'offrir pendant quelques jours un lieu de discussion et de débats. Les rencontres de la Société continuent de fonctionner ainsi.
Après cette première rencontre, les membres de la Société du Mont-Pèlerin ont continué à se rencontrer, généralement en septembre de chaque année. La Société ne divulgue pas le nom de ses membres mais ceux-ci peuvent le faire. Pour devenir membre, il faut être invité par un adhérent puis être approuvé par le comité d'organisation[3].
Soutenus financièrement par de grandes entreprises[4], de nombreux membres ont créé des think tanks importants. Ainsi Edwin J. Feulner est cofondateur de la Heritage Foundation, dont la MPS reçoit d'ailleurs le soutien financier pour organiser sa réunion annuelle. Pascal Salin, ancien président de la Société estime que plus de 100 instituts libéraux ont été créés par des membres[réf. nécessaire]. Pour Keith Dixon, elle « constitue en quelque sorte la maison mère des think tanks néolibéraux »[5]. L'ancien président tchèque Václav Klaus et l'ancien ministre de la Défense italien Antonio Martino en sont membres[3].
Cette organisation, dont la date de fondation est considérée comme une étape importante dans l'émergence du néolibéralisme, à côté de la tenue du Colloque Walter Lippmann de 1938[6], rassembla des penseurs issus de trois courants libéraux ayant des visions parfois très différentes de l'économie, de l'État et de la société, mais dont l'opposition au réformisme social issu entre autres du New Deal, du social-libéralisme ou du keynésianisme, ainsi que l'adhésion par principe aux mécanismes de marché, la réflexion sur la rénovation du libéralisme et la juridiction nécessaire à sa mise en œuvre, les regrouperont pour de nombreux observateurs universitaires dans le courant du néolibéralisme[7].
Si les deux derniers courants sont usuellement qualifiés de néolibéralisme, il serait discutable pour certains d'y inclure l'école autrichienne qui représente beaucoup plus une version économique du libertarianisme.
Le concours 2004 d'agrégation du supérieur en économie suscite la polémique car quatre des sept membres du jury sont rattachés à la Société du Mont-Pèlerin, dont le président du jury Pascal Salin (les trois autres étant Gérard Bramoullé, Enrico Colombatto et Bertrand Lemennicier), et auraient effectué leurs sélections en fonction de leurs affinités ultralibérales[8],[9].
↑Libéral utilitariste, il a cependant refusé de signer le texte constitutif de la Société à cause, selon lui, de l'importance excessive donnée aux droits de propriété. George Stigler écrit dans ses Mémoires que « Maurice Allais pensait que la possession privée de la terre était injustifiée ».
↑ a et bSylvain Besson, « A Genève, l'extrême gauche hurle au complot face à une candidature libérale - Le Temps », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )
Yves Steiner et Bernhard Walpen. 2005. L'apport de l'ordolibéralisme allemand au renouveau libéral et son éclipse (1930-1960), XIe Colloque de l'Association Charles Gide pour l'Étude de la Pensée économique, 22-, Lille.
Yves Steiner. 2005. « The Mont-Pèlerin Society and the Trade Unions debate during the 1950s », in Philip Mirowski and Dieter Plehwe, The Making of the Neoliberal Thought Collective (à paraître).
Yves Steiner. 2005. « Ce marché qui rassemble et qui divise les Firsthand dealers in ideas de la Mont Pèlerin Society », in Histoire des représentations du marché, Guy Bensimon éd. Paris, Michel Houdiard, p. 476-494.
Yves Steiner. 2005. « Louis Rougier et la Mont Pèlerin Society : une contribution en demi-teinte », Cahiers d'épistémologie, GREC, Département de philosophie, Université de Québec (Montréal), 2005-10, 42 p.