Peu avant la signature du traité de San Francisco, il proclame une délimitation unilatérale de la zone maritime coréenne appelée « ligne Syngman Rhee ». Ses trois mandats en tant que président de la république de Corée ont été fortement marqués par les tensions de la guerre froide.
Considéré par les États-Unis comme une caution anti-communiste, il est à la tête de la Corée du Sud pendant la guerre de Corée. Devant faire face à la multiplication des oppositions en raison de sa pratique du pouvoir de plus en plus autoritaire au travers de la politique de l'Ilminisme, sa présidence prend fin dans un contexte de mécontentement généralisé, exprimé par des manifestations violemment réprimées à travers le pays.
Militant nationaliste, il est incarcéré entre 1897 et 1904. En 1919, alors que son pays est sous domination de l'empire du Japon, il devient chef du gouvernement coréen en exil, basé à Shanghai. À ce poste, qu'il occupe au début des années 1920 et au début des années 1940, il mène campagne pour la reconnaissance internationale de l'indépendance de la Corée.
En 1948, le gouvernement de Syngman Rhee nouvellement installé à Séoul par les États-Unis réprime une révolte paysanne sur l'île de Jeju, entraînant un nombre de morts compris entre 30 000 et 60 000 personnes parmi les habitants de l'île[9]. Plus largement, la répression visant les « communistes » (ou supposés tels) fait 200 000 victimes entre 1946 et 1950[10].
Au début de l'année 1950, Rhee fait emprisonner 30 000 communistes. Environ 300 000 autres Coréens, soupçonnés de sympathies communistes, sont envoyés dans un mouvement de « rééducation », la Ligue Bodo, puis exécutés par les forces armées coréennes du Sud lors de leur retraite en juin devant l'armée nord-coréenne[11].
La guerre de Corée, de 1950 à 1953, entérine la partition de la péninsule coréenne. Syngman Rhee est réélu en 1952, 1956 et 1960, mandats pendant lesquels il met en place plusieurs réformes sur l'éducation et la propriété foncière. Il élabore aussi un plan quinquennal pour le développement économique, mais ne peut pas le mettre en œuvre, à cause des événements de la révolution d'Avril[12]. il gouverne le pays en utilisant des méthodes de plus en plus autoritaires, mettant en place un régime autocratique, appuyé sur la doctrine de l'Ilminisme ; en raison d'irrégularités commises lors de sa dernière élection, de violentes manifestations éclatent, l'obligeant à démissionner en et à quitter le pays. Il vécut à Hawaii jusqu'à sa mort.
Notes et références
↑La graphie adoptée ne correspond pas aux normes de transcription du coréen, Syngman Rhee ayant vécu aux États-Unis avant qu'un système de transcription soit mis en place. Néanmoins cette dénomination est la plus courante et elle est donc généralement conservée. De même, l'ordre du nom suit le système américain, Rhee est son nom de famille.
↑(en) Bruce Cumings, The Korean War: a History, Modern Library Edition, 2010, p. 106.
↑(en) « South Korea owns up to brutal past - World - smh.com.au », sur www.smh.com.au, : « One of the worst incidents preceded the Korean War, in 1948, when the new Syngman Rhee government installed in Seoul by the United States ordered its army to suppress a leftist revolt on Cheju Island. About 30,000 local people were gunned down. ».
↑(en) « South Korea owns up to brutal past - World - smh.com.au », sur www.smh.com.au, : « By early 1950 Rhee had about 30,000 alleged communists in his jails, and had about 300,000 suspected sympathisers enrolled in an official "re-education" movement known as the Bodo League. When Kim Il-sung's communist army attacked from the North in June that year, retreating South Korean forces executed the prisoners, along with many Bodo League members. ».
↑Laurent Quisefit, « Autoritarismes civils et militaires en Corée du Sud: 1948-1979 », Diacronie. Studi di Storia Contemporanea, no N° 24, 4, (ISSN2038-0925, DOI10.4000/diacronie.3854, lire en ligne, consulté le ).