De disposition d'essieux 030T, elles sont dotées de roues de faible diamètre (1 170 mm) en raison de leur affectation aux manœuvres, ce qui explique l'absence d'indicateur de vitesse sur toute la série. De conception allemande, leur architecture devait permettre une bonne visibilité et une grande facilité d'entretien. Elles avaient toutes une distribution externe par « coulisses d'Allan » avec un moteur à simple expansion à deux cylindres extérieurs, des caisses à eau installées entre les longerons, un foyer de type « Crampton » et une réserve de charbon disposée devant la cabine du côté gauche pour les T3 2054 à 2072, les T3 6101 à 6144 ayant quant à elles la soute sur l'arrière. La bielle motrice attaquait le 3e essieu, contrairement aux T3 des Chemins de fer royaux de Prusse (KPEV) qui s'appuyaient sur le 2e essieu.
Les premières T3 furent mises en service en 1871 et les dernières le furent en 1913. Les T3 2045 à 2051, 2052 et 2053 formaient un ensemble assez disparate du fait de la précipitation de fournir du matériel moteur à l'AL qui avait été cédé à l'Allemagne en 1871 sans machines. Les T3 suivantes étaient plus ressemblantes entre elles et se divisaient en deux sous-catégories avec les T3 2054 à 2072 qui présentaient des différences de détails entre groupes et les T3 2073 à 2113 et 6142 à 6144 qui elles étaient toutes identiques.
T3 2045 à 2051
Elles ont été construites en Belgique à Tubize par les Ateliers de Tubize en 1871. Elles constituaient dans la numérotation d'origine la série D1 n° 165 à 172. Lors du passage à la numérotation T3 en 1906 il ne restait plus que 7 machines du fait de la radiation de la n° 171 qui prirent les n° 2045 à 2051 et elles ne reçurent pas la numérotation T3 de 1912, puisqu'elles furent radiées entre 1907 pour la 2046 et 1909 pour les dernières, les 2048, 2049 et 2051. Après avoir été affectées aux dépôts de Metz et de Thionville, leur carrière se poursuivit à Mulhouse où elles assurèrent des liaisons vers les embranchements vosgiens.
T3 2052 et 2053
Construites par l'EMBG à Graffenstaden en 1871 pour une autre administration, elles ont été réquisitionnées alors pour servir sur les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine. Elles constituaient la série D2 n° 173 à 175. Lors du passage à la numérotation T3 en 1906 il ne restait plus que 2 machines du fait de la radiation de la n° 175 qui prirent les n° 2052 et 2053. La première fut réformée en 1907 et la seconde en 1909. Leur service s'effectua au dépôt de Strasbourg.
T3 2054
Elle a été construite par l'EMBG à Graffenstaden en 1880. Elle était proche dans sa conception, mais à trois essieux, des séries D8 et D9 (futures T1 2001 à 2006). Classée à l'origine série D11 n° 459, lors du passage à la numérotation T3 en 1906, elle reçut le n° 2054. Elle fut réformée en 1910.
T3 2055
Légèrement plus puissante que la précédente, elle a été construite à Munich par la société Krauss-Maffei en 1881. Immatriculée à l'origine série D15 n° 465, elle reçut le n° 2055 lors du passage à la numérotation T3 en 1906. Elle fut réformée en 1913.
T3 2056 à 2069
Ces quatorze machines sont issues de trois séries différentes, construites également par trois constructeurs différents. Malgré cela, elles n'en constituent pas moins un groupe cohérent sur le plan technique constitué à l'origine de vingt-trois locomotives :
Ces machines avaient un poids variant de 30,2 t à 31,3 t en ordre de marche. Elles possédaient des cylindres extérieurs avec une distribution « Allan » intérieure. L'ensemble de ces locomotives (excepté les D16 n°468 à 476 réformées apparemment avant) fut immatriculé dans la série T3 avec un ordre de numéros plus logique de 2056 à 2069 en 1906. Elles furent réformées en 1911 pour les 2058 à 2063, en 1914 pour les 2056, 2057 et 2068, en 1915 pour la 2065 et en 1921 pour la 2064. Étrangement, on trouve la présence de la 2066 en 1925 et cette machine sera incorporée au parc de la SNCF en 1938 sous le numéro 1-030 TA 66. Elle ne sera réformée qu'en 1941, après 55 années de service, ce qui n'est pas mal pour une machine de manœuvre complètement dépassée dès 1930, et dont on ne s'explique pas la présence en 1938 alors que le reste de la série avait disparu depuis longtemps.
T3 2070 à 2072
Elles ont été construites par l'EMBG à Graffenstaden en 1888 selon la même conception que les D22. Elles n'en diffèrent simplement que par un abri plus fermé et une répartition des charges différente. La numérotation d'origine les classait dans la série D25 n° 538 à 540. Lors du passage à la numérotation T3 en 1906 elle reçurent les n° 2070 à 2072. Elles furent réformées en avril 1921 pour la 2070, en septembre 1920 pour la 2071 et en janvier 1933 pour la 2072.
T3 2073 à 2113
Elles ont toutes été construites entre 1891 et 1900 par l'EMBG de Graffenstaden et se divisaient comme suit :
D26 n° 551 à 564 puis T3 2073 à 2086 en 1906 puis T3 6101 à 6114 en 1912
D27 n° 619 à 629 puis T3 2087 à 2097 en 1906 puis T3 6115 à 6125 en 1912
D29 n° 674 à 677 puis T3 2098 à 2101 en 1906 puis T3 6126 à 6129 en 1912
D30 n° 682 à 693 puis T3 2102 à 2113 en 1906 puis T3 6130 à 6141 en 1912
La SNCF récupéra trois survivantes, à savoir les T3 n° 6125, 6130 et 6134 et les immatricula 1-030-TB 125, 130 et 134. Si la 1-030 TB 125 fut réformée en 1950 les deux dernières ne le furent qu'en 1958. La 130 fut notamment affectée à la manœuvre des wagons de charbon en gare de Strasbourg. Elle est ensuite transférée au dépôt de Sarrebourg où elle retrouve la 134.
Après leur réforme, les 1-030-TB 130 et 134 sont vendues au Forges d'Audincourt. En 1970, à la suite de la fermeture des forges, elles sont acquises par le ferrailleur Vernerey.
La T3 no 6114 (EMBG no 4324 de 1891) est aujourd'hui préservée en état de marche par l'association Train 1900 à Pétange.
Ce sont aujourd'hui les trois seules locomotives de l'ex-EL conservées en état de marche.
T3 6142 à 6144
Cette petite série de machines a été construite par les ateliers EMBG de Graffenstaden en 1913 sur la base des T3 2073 à 2113 et en y plaçant un chargement automatique en charbon de la grille.