À la fin du XVIIIe siècle, la Russie commença activement à contester l'hégémonie iranienne dans le Caucase. Après les guerres russo-persanes de 1804-1813 et 1826-1828, des données sur les Tats ont été recueillies par les autorités tsaristes. La ville de Bakou fut occupée au début du 19e siècle pendant la guerre russo-persane (1804-1813). Toute la population de la ville (environ 8 000 personnes) était constituée de Tats.
Selon le Golestan-e-Eram du XIXe siècle, écrit par Abbasqulu Bakikhanov, le tati était répandu dans de nombreuses régions de Shamakhi, Bakou, Darband et Guba.
Selon le calendrier du Caucase de 1894, il y avait 124 693 Tats dans le Caucase du Sud, mais en raison de la propagation progressive du turc azéri, le tati était de moins en moins utilisé. Pendant la période soviétique, après l'introduction du terme officiel azerbaïdjanais à la fin des années 1930, la conscience de soi de l'ethnie tate a considérablement changé et beaucoup ont commencé à se présenter comme azerbaïdjanais. Alors qu'en 1926, environ 28 443 personnes se reconnaissaient comme Tats, en 1989, seulement 10 239 personnes se sont reconnues comme telles.
En 2005, des chercheurs américains ont mené des enquêtes dans plusieurs villages des districts de Guba, Devechi, Khizi, Siyazan, Ismailli et Shemakha de la République d'Azerbaïdjan, dénombrant 15 553 Tats dans ces villages.
Sort des Tats durant la Seconde Guerre mondiale
Selon l'essayiste suisse Eric Hoesli, à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, les Tats font surgir une brève polémique entre les théories libératrices de Theodor Oberländer et celles des forces armées allemandes agissant sur place dans le Caucase. À Berlin, l'application des résolutions de la conférence de Wannsee () a expressément mis sur la liste des populations juives à exterminer les Juifs des montagnes ou Bergjüden qui suivent le rite israélite. Sur place, dans le Caucase, le Sturmbannführer Pertsterer prie Oberländer de mettre une compagnie à sa disposition au moins pour exécuter les quelque deux mille Tates de la région où il veut mener ses actions. Théodor Oberländer tente de dissuader Persterer de réaliser son projet. Pour Oberländer, ces populations de Tates ne sont pas juives du fait qu'elles sont polygames et qu'ils n'ont jamais été persécutés par une législation antisémite des tsars russes. En , Persterer fait une rapide visite des vilages Tates et décide à son retour de les désigner dans ses listes de service non plus par la mention Juifs des montagnes mais par celle de Tribu des Tates[5]. Le peuple des Tats échappe ainsi à la disparition totale[6].
(en) Bernhard Geiger (et al.), « Tat », in Peoples and languages of the Caucasus : a synopsis, Mouton, s'Gravenhage, 1959, p. 48-49
(en) James Minahan, « Tat », in Miniature Empires: A Historical Dictionary of the Newly Independent States, Routledge, 2013, p. 225 (ISBN9781135940102)
(en) James Minahan, « Tat », in Ethnic Groups of North, East, and Central Asia: An Encyclopedia, ABC-CLIO, 2014, p. 260-262 (ISBN9781610690188)
↑(en) V. Minorsky, "Tat" in M. Th. Houtsma et al., eds., The Encyclopædia of Islam: A Dictionary of the Geography, Ethnography and Biography of the Muhammadan Peoples, 4 vols. and Suppl., Leiden: Late E.J. Brill and London: Luzac, 1913–38.
↑(en) V. Minorsky, "Tat" in M. Th. Houtsma et al., eds., The Encyclopædia of Islam: A Dictionary of the Geography, Ethnography and Biography of the Muhammadan Peoples, 4 vols. and Suppl., Leiden: Late E.J. Brill and London: Luzac, 1913–38. Excerpt: Like most Persian dialects, Tati is not very regular in its characteristic features"
↑(en) C Kerslake, Journal of Islamic Studies (2010) 21 (1): 147-151. excerpt:"It is a comparison of the verbal systems of three varieties of Persian—standard Persian, Tat, and Tajik—in terms of the 'innovations' that the latter two have developed for expressing finer differentiations of tense, aspect and modality..." [1]
↑(en) Borjian, Habib, "Tabari Language Materials from Il'ya Berezin's Recherches sur les dialectes persans", Iran and the Caucasus, Volume 10, Number 2, 2006, pp. 243-258(16). Excerpt:"It embraces Gilani, Ta- lysh, Tabari, Kurdish, Gabri, and the Tati Persian of the Caucasus, all but the last belonging to the north-western group of Iranian language."
↑Eric Hoesli indique en note p. 378 que l'on trouve un écrit détaillé et documenté des activités de l'Einsatzgruppe D dans le Caucase dans la thèse de Andrej Angric et notamment dans le chapitre 6 Opération Blau, Hitler's « zweiter Feldzug » oder das deutsche Heer in Kaukasus. Thèse non publiée, 2003
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger, National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004 (ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1, p. 11f.