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Le Bosphore Cimmérien est un détroit qui n'est navigable qu'en été et qui n'a jamais eu l'importance du Bosphore de Thrace, même si les bateaux grecs remontaient jusqu'à l'embouchure du Tanaïs (Don). Vers l'ouest, depuis le Don, le royaume comprenait presque toute la Crimée et la péninsule de Taman, mais vers l'est ses limites restent encore assez vagues. Il contrôlait aussi le débouché du lac Méotide (actuelle mer d'Azov). Sur la rive occidentale se trouvait la ville de Panticapée (Kertch), fondée vers 575 av. J.-C. par des Milésiens, qui fut la capitale du royaume du Bosphore. Outre Panticapée, d'autres villes furent florissantes : Phanagoria sur l'autre rive, fondée par Téos, qui prospéra grâce à ses pêches en mer d'Azov, Chersonèse (près de l'actuelle Sébastopol), fondée vers 600 av. J.-C. par des ressortissants d'Héraclée du Pont, puis Théodosie (Feodossia), elle aussi fondée par Milet. L'activité principale de ces ports consistait en un approvisionnement en blé des cités grecques, dont Athènes, trop peuplée pour subvenir elle-même à ses besoins. Ce précieux blé, en provenance des riches terres de l'est de la Tauride, était emmené en Grèce par voie de mer, traversant au passage la Chersonèse de Thrace.
La Tauride tire son nom des Taures, peuplade évoquée par Hérodote et Strabon. Selon le mythe, c'est là qu'Iphigénie, la fille d'Agamemnon, est censée avoir été conduite par la déesse Artémis.
L'histoire de ce royaume est assez mal connue avant le Ve siècle av. J.-C. Lors de la fondation des cités, les contacts avec les tribus indigènes sont pacifiques, ce qui permet le développement rapide de ces nouvelles villes avec le reste du monde grec. Les cités vont ensuite être détruites, vers la fin du VIe siècle av. J.-C. par l'expédition de Darius Ier contre les Scythes, à laquelle elles participent. Puis, au début du Ve siècle av. J.-C., plusieurs poleis (cités-États) de la région du Bosphore Cimmérien se regroupent sous la domination de la dynastie des Archéanactides.
Cette dynastie est remplacée par celle des Spartocides en 438/437 av. J.-C., lorsque Spartokos Ier prend le pouvoir et s'installe à Panticapée, qu'il prend pour capitale de son nouveau royaume. Ce dernier entretient des relations commerciales avec les cités grecques, et principalement avec Athènes.
En 115 av. J.-C., Pairisadès V, qui ne peut résister aux attaques des Scythes, demande l'aide du roi du PontMithridate VI. Celui-ci réussit à mettre un terme au conflit et, à la mort de Pairisadès V, récupère le trône du Bosphore, qu'il confie en 82 av. J.-C. à son fils aîné, Macharès, auquel succède son frère Pharnace II. Lorsque celui-ci est battu par Rome à Zéla en 47 av. J.-C., le royaume du Bosphore recouvre son autonomie interne, mais sous protectorat romain; l'influence romaine s’y exerce, de diverses façons selon les régions.
Sous l'Empire russe, la région constitue le gouvernement de Tauride, entre octobre 1802 et octobre 1921. Son centre administratif est Simferopol. Le gouvernement inclut des territoires variables suivant les époques, dont la totalité de la Crimée et son arrière-pays.
Yann Le Bohec, Les provinces danubiennes de l'Empire romain : Celtes, Romains, Germains, Paris, 2002.
Christel Müller, D'Olbia à Tanaïs. Territoires et réseaux d'échanges dans la mer Noire septentrionale aux époques classique et hellénistique, Paris, 2010.