Thierry Alix est né en 1530[1],[2] ou en 1531[2]. Il est fils de Nicolas Colin Alix, prévôt et receveur de Deneuvre[3],[4].
Carrière juridique
Nommé le tabellion des bailliages de Nancy et de Vosges, Thierry Alix a attiré l'attention de Christine de Danemark, qui réside souvent à Deneuvre, et de Nicolas de Mercœur (alors régents du duché de Lorraine)[4],[5],[3]. Le de la même année, il est nommé greffier ordinaire de la Chambre des comptes de Lorraine sur recommandation de Christine de Danemark[4],[2]. L'année suivante, il est nommé secrétaire ordinaire de Charles III, duc de Lorraine, le . Le , il reçoit l'espéré poste de conseiller et auditeur de la Chambre des comptes ; cinq ans plus tard, le , il remplace Jean de Widrange comme conseiller ; et, enfin, il en devient président le , poste qu'il occupe jusqu'en 1593[4],[2].
Proche confident et conseiller de Charles III, il est envoyé à Paris en 1569 pour défendre les intérêts du duc[4]. À l'occasion des États généraux de la Ligue convoqués à Paris en 1593, il rédige un mémoire finalement non diffusé pour soutenir les droits de la Lorraine à la couronne de France : Qualités et conditions d'un légitime roy de France. À messieurs des Estatz électeurs d'Icelluy[1].
Carrière d’historien et de géographe
À l'origine d'une des plus anciennes cartes du Grand-Pâturage des Hautes-Chaumes, Thierry est considéré comme l'un des premiers géographes lorrains[5]. Il met en ordre les archives ducales et est également à l'origine du classement du trésor des Chartes de Lorraine, en triant par ordre des prévôtés et par sujets[1],[4]. Charles III le récompense avec argent et terres[4]. Il dresse aussi dans un ordre similaire le Cartulaire de Lorraine, un cartulaire de 89 volumes, qui copie une grande partie des titres du trésor des Chartes[2],[4]. Par ce travail reconnu comme soigné, Thierry Alix est aussi considéré comme l'un des plus anciens historiens lorrains[4].
Le , malade, il adresse à Charles III une lettre de démission[3]. Le , il offre au duc le manuscrit de son Dénombrement du duché de Lorraine[1]. Thierry Alix y fait l'inventaire des terres, fiefs, partagées ou possédées par le clergé, le domaine ducal et les possesseurs de fiefs ; ce qui en fait une trace des anciennes divisions et subdivisions du duché de Lorraine[6].
De son mariage le avec Marthe Janin[4],[3], il a eu trois fils et une fille :
François, qui a reçu le titre de « garde du trésor des Chartes de Lorraine » le [7],[3].
Claude, prévôt de Deneuvre, nommé conseiller et auditeur à la Chambre des comptes le [4],[3].
Thierry, au service du cardinal de Lorraine, nommé conseiller et auditeur à la Chambre des comptes le [4].
Marie, mariée en 1574 à Nicolas (ou Claude[3]) Champenois, président de la Chambre des comptes de 1593 à 1595[8]. Thierry Alix a obtenu la succession héréditaire de cette charge pour son gendre par reconnaissance du duc Charles III[3].
Ouvrages
Traité sur la Lorraine et le Barrois ; Discours sur la souveraineté du Duché de Lorraine[4].
Mémoire présenté par Charles III de Lorraine aux États de la Ligue[4], ou Qualités et conditions d'un légitime roy de France. À messieurs des Estatz électeurs d'Icelluy[1].
Dénombrement du Duché de Lorraine en 1594, Nancy, L. Wiener, (lire en ligne)[4].
Postérité
Les nombreux écrits de Thierry Alix ont eu un impact notoire sur la politique intérieure et les relations du duché de Lorraine avec la France[3].
Une rue particulière à Nancy, créée en 1892 et classée en 1904, est baptisée à son nom par délibération municipale du 17 novembre 1908[9] et célèbre son travail de géographe[10],[5],[3].
Une épitaphe de bronze se trouvait sur le mur de la chapelle aujourd'hui détruite[11] de Notre-Dame-de-Consolation à l'église des Cordeliers de Nancy, jouxtant celle dédiée à son fils François et à l'épouse de ce dernier[12]. L'épitaphe de Thierry Alix figure retranscrite dans sa version originale dans l'ouvrage de Lionnois[12] et traduite en français dans celui de l'abbé Guillaume[13].
Commentaires : Un autre blasonnement donne « D'azur à trois massacres de cerfs accornés et cornettés de six pièces d'or »[4].
Ce blasonnement fait usage de termes non définis héraldiquement pour le cerf :
accorné (les cervidés ont des bois et non des cornes - qui plus est les bannes n'ont pas de couleur particulière dans ce blasonnement, or l'usage du terme accorné permet de spécifier une couleur des cornes différente du reste du corps, ce qui n'est évidemment pas le cas ici)
cornetté (non défini - peut être envisagé comme muni d'une cornette, or une cornette est une bannière, une coiffure, des lambrequins courts ou un gobelet multilobé, mais rien en relation directe avec le cerf).
Il est également à noter que la représentation fournie par l'ouvrage citant ce blasonnement, montre des rencontres de cerfs (tête entière vue de face comme coupée juste derrière les oreilles) et non des massacres (bannes d'un cerf reliées par la partie supérieure du crâne).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Ouvrages anciens (avant 1900)
Jean-Jacques Lionnois, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, depuis leur fondation, jusqu'en 1788, 200 ans après la fondation de la Ville-Neuve, t. 1, Nancy, (lire en ligne).
M. l'abbé Guillaume, Cordeliers et chapelle ducale de Nancy, Nancy, Peiffer, (lire en ligne).
Henri Lepage, « Le trésor des chartes de Lorraine », Bulletin de la Société d'Archéologie lorraine, vol. VII, , p. 99-280 not. p. 111-138.
Paul d'Arbois de Jubainville, Dictionnaire biographique lorrain : Publié et augmenté par des auteurs de la Société Thierry Alix, Metz, Éditions Serpenoise, , 414 p. (ISBN2-87692-551-6, BNF39065359)..
Stefano Simiz, « Thierry Alix de Véroncourt », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, p. 32-33.