La tour des Vents, appelée aussi horloge d'Andronicos, est une horloge hydraulique antique monumentale d’Athènes, située sur l'agora romaine. Elle est remarquable pour les vestiges du mécanisme de l'horloge, mais plus encore pour les figures en haut-relief des divinités des Vents qui ornent chacune de ses huit faces.
Historique
Sur la base des témoignages de Vitruve[note 1] et Varron[note 2], cette tour octogonale est présumée avoir été construite au Ier siècle av. J.-C. par l'ingénieur Andronicus Cyrrhestès[1],[2] (originaire de Cyrrhus en Macédoine[3] ou de Cyrrhus en Syrie[4]). Cependant, elle a aussi pu précéder dans sa construction l'ensemble de l'agora romaine et remonterait alors au IIe siècle av. J.-C., du temps d'Attale III, son probable commanditaire[5]. Elle était réputée pour être un lieu de rencontre entre les citoyens antiques et les prostituées[réf. nécessaire].
Plus tard, à l'époque paléochrétienne, l'édifice fit office de baptistère ou d'église. Un témoignage du XVe siècle mentionna le monument comme église, tandis que le voyageur Cyriaque d'Ancône y fit référence comme « temple d'Éole ». La tour servit également de tekke de derviches au cours de la période ottomane[3] et un mihrab fut percé pour l'occasion[6]. Au tournant du XVIIIe siècle, Lord Elgin tenta de faire transférer l'édifice en Angleterre mais le caractère sacré du lieu entraîna le refus des autorités locales[6].
La tour des Vents finit par être largement enfouie au cours du temps et ne fut dégagée qu'entre 1837 et 1845, lors de fouilles menées par la Société archéologique d'Athènes[3]. Entre 2014 et 2016, des travaux de restauration furent conduits par l'Éphorie des antiquités de la ville d'Athènes[6].
Description
Le monument, construit en marbre du Pentélique[6], atteint 13,85 m de hauteur et son diamètre est de 8,40 m. Chaque face a une largeur de 3,20 m[3]. Des vestiges de polychromie furent relevés à l'extérieur de l'édifice, tandis qu'à l'intérieur, des traces de fresques représentant un ange et un saint militaire à cheval furent mises au jour[6]. L'intérieur de la tour a une décoration dorique, tandis que l'extérieur a été traité dans le style corinthien.
L'horloge hydraulique
Deux porches corinthiens, surmontant les entrées au nord-est et au nord-ouest, donnaient accès à l'horloge hydraulique dont on peut voir au sol les traces de la cuve circulaire et des canalisations[1],[note 3]. Celles-ci communiquent avec un réservoir cylindrique extérieur assez bien conservé, visible du côté sud, qui alimentait l'horloge tout au long de la journée. Les détails du mécanisme sont toutefois encore aujourd'hui largement méconnus[6].
Chacune des faces du monument exposées au soleil à un moment de la journée était en outre pourvue d'un cadran solaire situé juste au-dessous des reliefs sculptés[1].
La toiture conique, au sommet d'un entablement caractérisé par trois sculptures de lions sur chaque face[1], était jadis surmontée d'une girouette figurant un Triton pivotant qui pointait son bâton dans la direction où soufflait le vent[7],[note 4].
Chacune des huit faces du monument est dédiée à l'un des huit Vents principaux, représentés dans une attitude de vol. Ces huit figures, portant des ailes à leurs épaules, sont vêtues ; leurs caractères, leurs divers attributs indiquent la nature des Vents qu'elles représentent.
Les huit Vents principaux représentés sur la tour des Vents sont identifiés comme suit[8],[9] :
↑Paul Bernard, « De l'Euphrate à la Chine avec la caravane de Maès Titianos (c. 100 ap. n. è.) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 149, no 3, , p. 929–969 (lire en ligne, consulté le ), p. 935.
↑(en) Sofia Greaves et Andrew Wallace-Hadrill (eds.), Rome and the Colonial City: Rethinking the Grid, Oxford, Oxbow Books, , 432 p. (ISBN978-1-78925-782-3, lire en ligne), p. 46.
↑(en) Graziano Magrini (trad. Victor Beard), « Torre del Marzocco », sur www.brunelleschi.imss.fi.it, Musée Galilée (consulté le ).
↑(en) Efrosyni Boutsikas, Stephen C. McCluskey et John Steele, Advancing Cultural Astronomy: Studies In Honour of Clive Ruggles, Londres, Springer Nature, , 319 p. (ISBN978-3-030-64606-6, lire en ligne), p. 296.
↑(en) Jon Stobart, Travel and the British country house: Cultures, critiques and consumption in the long eighteenth century, Manchester, Manchester University Press, , 264 p. (ISBN978-1-5261-1035-0, lire en ligne), p. 111.
↑(en) Allen B. Robbins, « Chapter Four Rutgers Scientific School (1859-1880) », dans History of Physics and Astronomy at Rutgers, The State University of New Jersey in New Brunswick, New Jersey, 1771–2000, Gateway Press, (lire en ligne), p. 42–43.
↑(de) Hansjörg Küster et Ansgar Hoppe, Das Gartenreich Dessau-Wörlitz: Landschaft und Geschichte, Munich, C.H.Beck, , 224 p. (ISBN978-3-406-59859-3, lire en ligne), p. 172.
Auguste Pelet, Description des monuments grecs et romains exécutés en liège à l'échelle d'un centimètre par mètre, Nîmes, , 393 p. (lire en ligne), p. 3–13.
(en) James Beresford, « A Monument to the Winds », Navigation News, London, Royal Institute of Navigation, , p. 17–19.
(en) Pamela A. Webb, The Tower of the Winds in Athens: Greeks, Romans, Christians, and Muslims; Two Millennia of Continual Use, vol. 270, Philadelphie, American Philosophical Society Press, , 172 p. (ISBN978-0871692702).