A : Gaz comprimé température critique = −12,3 °C D1A : Matière très toxique ayant des effets immédiats graves Transport des marchandises dangereuses : classe 2.3 E : Matière corrosive Transport des marchandises dangereuses : classe 8
Divulgation à 1,0% selon la liste de divulgation des ingrédients
Code Kemler : 268 : gaz toxique et corrosif Numéro ONU : 1008 : TRIFLUORURE DE BORE COMPRIMÉ Classe : 2.3 Code de classification : 2TC : Gaz liquéfié, toxique, corrosif ; Étiquettes : 2.3 : Gaz toxiques (correspond aux groupes désignés par un T majuscule, c'est-à-dire T, TF, TC, TO, TFC et TOC). 8 : Matières corrosives
La configuration spatiale adoptée par cette molécule est conforme à la théorie VSEPR. Elle minimise les interactions entre doublet d'électrons autour de l'atome central. Elle correspond à une structure dans laquelle les quatre atomes sont coplanaires avec des angles de valence égaux à 120°. La molécule est plane, trigonale et trois atomes de fluor forme un triangle équilatéral.
Force de la liaison chimique
Les liaisons chimiques B-F sont des liaisons simples. Leur force (646 kJ/mol) est supérieure à celle de toutes les liaisons simples connues[9]. L'origine de cette force ne peut pas être interprétée par une forme de résonance qui mettrait en jeu le caractère donneur des doublets de l'atome de fluor. Son électronégativité (4) très supérieure à celle du bore (2) ne le permet pas. Deux interprétations complémentaires permettent de comprendre la très grande force de liaison.
Interprétations
Une première interprétation est d'ordre orbitalaire. Le système des quatre orbitales pz (z axe perpendiculaire au plan de la molécule) donne lieu à des recouvrements qui stabilisent l'interaction B-F. Cela indique que cette liaison possède en fait un caractère de double liaison, ce qui justifie sa force.
Une seconde interprétation est due à l'examen simultané de la grande densité électronique entre B et F (la quantité de recouvrement des OA) et de la charge partielle exceptionnellement élevée portée par B (+2,58) et celle de F (-0,86). Ces valeurs ont été trouvées dans le cadre de la théorie AIM (Atoms in Molecules). Souvent, ces deux propriétés sont exclusives, le caractère ionique d'une liaison ne permettant pas un fort recouvrement orbitalaire. Dans le cas du triflurorure de bore, les deux sont simultanément importants, ce qui rend compte de la force importante de la liaison simple B-F[10].
Synthèse
Il existe une synthèse industrielle et une synthèse de laboratoire bien différentes.
Dans l'industrie
La synthèse industrielle du trifluorure de bore met en jeu des composés facilement accessibles et peut de ce fait se réaliser à l'échelle des milliers de tonnes.
Les réactifs sont en effet le borax (extrait directement du sol, c'est la source d'élément chimique bore), le flurorure de calcium (fluorite) également présent dans la nature, et l'acide sulfurique produit industriellement en grande quantité.
Au laboratoire
Au laboratoire, la synthèse de petite quantité de trifluorure de bore se fait par décomposition d'un sel de diazonium.
C6H5N2BF4 → C6H5F + N2 + BF3
Propriétés
Acide de Lewis
Le caractère hypovalent du bore (il ne respecte pas la règle de l'octet) confère au trifluorure de bore un caractère d'acide de Lewis fort. Une partie importante de sa réactivité s'explique ainsi. Il peut facilement fixer une base de Lewis telle que les ions halogénures F−, Cl−, etc. les solvants oxygénés comme l'éther éthylique, etc.
Le trifluore de bore est ainsi commercialisé en solution dans l'éther sous forme de BF3 éthérate OEt2-BF3. Le caractère d'acide de Lewis de BF3 est alors fortement diminué car la fixation d'une base de Lewis doit être précédée du départ de l'éther.
Hydrolyse
L'hydrolyse est la destruction des liaisons B-F et à la formation de liaison B-OH. L'hydrolyse du trifluorure de bore conduit à l'acide borique B(OH)3.
L'hydrolyse s'explique également avec la propriété d'acide de Lewis du trifluorure de bore. La première étape est la fixation par BF3 d'une molécule d'eau.
BF3 + H2O → H2O-BF3
Le caractère attracteur de B active un hydrogène de l'eau ainsi fixée, ce qui conduit à
H2O + H2O-BF3 → H3O+ + HOBF3−
puis
HOBF3− → HOBF2
et une deuxième addition élimination peut intervenir.
Alcoolyse
L'alcoolyse est une réaction proche de l'hydrolyse, mais avec les alcools. Elle conduit aux esters boriques B(OR)3 ou aux alkylborates B(OR)4−.
Alkylation
La liaison B-F peut être alkylée, par exemple avec un organomagnésien. C'est la voie habituelle pour préparer des alkyl(aryl)borate. Par exemple l'ion tétraphénylborate se prépare ainsi, à partir de BF3 ou de BF4−.
Utilisation
La principale utilisation du trifluorure de bore met en jeu son caractère d'acide de Lewis fort. Les synthèses industrielles utilisant la réaction de Friedel-Crafts en sont grosses consommatrices car il faut l'utiliser en quantité stœchiométrique (et non catalytique).
RX + ArH + BF3 = Ar-R + BF3 + HX
Bien que BF3 semble ne pas intervenir dans le bilan, la présence d'ion X− le transforme en ions BF4− ce qui lui supprime entièrement son caractère d'acide de Lewis.
Le trifluorure de bore est un composé corrosif. Une inhalation prolongée peut occasionner un œdèmepulmonaire. Il réagit violemment avec l'eau. Il doit être manipulé avec précautions.
La valeur limite d'exposition est fixée en France à 1 ppm (2,77mg·m-3).
↑« Trifluorure de bore » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009