Tunisair (arabe : الخطوط التونسية) (code IATA : TU, code OACI : TAR) est le nom commercial de la compagnie aérienne nationale de la Tunisie. Appelée officiellement Société tunisienne de l'air, elle est fondée le .
Histoire
Naissance et premiers développements
Le paraît le décret créant officiellement la Compagnie aérienne tunisienne de l'air, également appelée Tunisair, d'un capital de 60 millions de francs français auquel participent le gouvernement tunisien, Air France et des privés[4]. Le est la date de nomination de M. Pomey à la tête de Tunisair, lors d'une première réunion constitutive à Dar El Bey. Mais c'est le que Tunisair commence l'exploitation des avions qui lui sont affrétés par Air France[5].
En 1954, alors qu'elle réalise des bénéfices de 3,2 millions de francs, la compagnie acquiert son premier DC-4 suivi de deux autres en 1956, année au cours de laquelle une ligne directe reliant Tunis à Paris est ouverte[4]. En 1958 commence la « tunisification » du personnel formé en France et au Maroc et apparaissent les premières hôtesses de l'air tunisiennes[6].
Le , la première Caravelle d'une capacité de 76 sièges, achetée par Tunisair, est livrée alors qu'en 1962 est inauguré l'aéroport de Tunis dont la piste agrandie peut recevoir les Boeing 707[6]. En 1965, la compagnie ouvre ses premiers bureaux à l'étranger (Paris, Genève, Francfort-sur-le-Main et Rome). Dès la fin des années 1960, le quart du trafic passagers de la compagnie est représenté par les vols charters et Tunisair conclut en conséquence un accord avec l'Office national du tourisme et du thermalisme.
Nouvelle flotte et modernisation
En 1971, elle acquiert son premier Boeing 727-200 et, en 1977, retire graduellement les Caravelles du trafic après avoir acquis au total dix Boeing. Dans le même temps, elle dépasse pour la première fois le million de passagers transportés en une seule année[7]. Le est mis en service son premier Boeing 737-200 puis son premier Airbus A300 en [8], deux Airbus A320 en 1990 et un Boeing 737-500 en [9].
Son logo, une gazelle stylisée, est modifié en 1990 pour lui donner un aspect plus dynamique et plus épuré. En , l'État lance une offre publique de vente portant sur 20 % du capital de Tunisair. En 1998, année du cinquantenaire de sa fondation, la compagnie aérienne transporte cinquante millions de passagers. En 2001, Tunisair débute la création de filiales avec Tunisie Catering puis Tunisair Handling (assistance au sol) et Tunisair Technics (assistance technique), créée en partenariat avec Lufthansa, en 2005[10]. Tunisair s'inscrit également dans le processus de modernisation de ses canaux de vente avec l'introduction du e-ticketing en et le lancement de son site web en . La compagnie allemande participe également à la mise en place de la nouvelle stratégie commerciale de la compagnie en 2006[10].
Le , elle obtient la certification ISO 9001, trois ans après l'avoir décrochée une première fois en . La compagnie aérienne s'était faite certifier pour la première fois (ISO 9002) en . En 2009, le groupe Tunisair transporte 10,16 millions de passagers, répartis à 54 % sur les vols charters et 46 % sur le trafic régulier[11]. Tunisair détient par ailleurs 51 % du capital de la compagnie Mauritania Airways créée le et mise en liquidation judiciaire le [12]. Une nouvelle ligne entre Tripoli et l'île de Djerba est ouverte le [13].
Difficultés post-révolutionnaires et ouverture du marché
En 2013, Tunisair emploie 3 711 personnes, soit environ 116 personnes par avion. En , la PDG confirme la poursuite du plan de restructuration avec le licenciement d'environ 1 700 employés[14].
En , Sarra Rejeb est nommée au poste de PDG en remplacement de Salwa Sghaier[15].
En 2016, la PDG doit faire face a des accusations de corruption, d'abus et de favoritisme pour avoir embauché des membres de sa famille au sein de la compagnie[16]. Elle nie les faits et tente de les expliquer[17]. Le , le ministre du Transport, Anis Ghedira, annonce qu'elle est nommée PDG de la Société nationale des chemins de fer tunisiens en remplacement de Sabiha Derbel[18] ; elle se voit remplacée par Elyès Mnakbi, ancien colonel de l'armée de l'air[19] et ancien manager d'une compagnie civile, la SONAPROV[20].
En , la compagnie annonce une croissance de 8,6 % du trafic passager par rapport à , le nombre de passagers passant de 221 452 à 240 555 principalement grâce à l'activité charter. Cependant, malgré ces bons résultats, le coefficient de remplissage diminue de 71,3 % à 70.4 % sur la même période[21]. Le 23 février, Tunisair lance une action tarifaire estivale pour les Tunisiens résidant à l'étranger, Early Purchase[22], et deux nouvelles lignes aériennes vers Constantine et Conakry[23]. Le 3 mars, la compagnie suspend temporairement ses vols[24] en raison de tensions entre deux corps de métiers internes (pilotes et techniciens) qui aboutissent à des heurts entre un commandant de bord et son copilote et des techniciens au départ d'un vol pour Paris[25].
Dans le cadre d'une nouvelle politique de redynamisation de la compagnie, plusieurs décisions sont alors prises. Ainsi, le , la compagnie présente le nouvel uniforme du personnel navigant ainsi que de celui présent au sol. Un uniforme qui se veut « sobre, élégant, moderne, et fonctionnel »[26]. De plus, la direction décide de proposer deux offres tarifaires dont la mission est de relancer l'attractivité et la réputation de la compagnie ; ces deux offres ciblent les voyages en classes affaires et des promotions dans le cadre de l'offre ramadan 2017[27].
En , la direction annonce que le trafic passagers a connu un accroissement de 22,7 % en juillet par rapport à la même période en 2016[28]. En septembre, la compagnie annonce l'ouverture de son premier vol vers Cotonou, la capitale économique du Bénin ; cette ligne doit être opérationnelle à partir du de la même année avec une escale à Abidjan[29]. En octobre, la compagnie inaugure son nouveau système de réservation pour smartphone, le « Site Web Mobile »[30].
La compagnie doit aborder une nouvelle donne avec l'ouverture du ciel tunisien à la concurrence des vols charters européens. En effet, le , l'accord de libéralisation du ciel tunisien est officiellement paraphé avec l'Union européenne[31]. Ce projet obligeant la direction de Tunisair à agir, celle-ci annonce qu'elle va ouvrir en 2018 un vol vers New York mais également, d'ici fin 2020, vers Khartoum, Douala, N'Djaména, Accra, Lagos et Libreville. Elle annonce aussi une modernisation de sa flotte d'avions. Cependant, selon certains experts comme Sami Tahri, secrétaire général-adjoint de l'Union générale tunisienne du travail, cette donne conduira à la privatisation de Tunisair[32],[33].
En , la direction annonce, pour l'activité de 2017, des chiffres à la hausse par rapport à 2016. Elle informe que le trafic passager a augmenté de 17,1 %, passant de 2 991 841 à 3 502 475 passagers. Cela s'accompagne d'une hausse des recettes, ces dernières passant de 995,1 millions de dinars à 1,28 milliard de dinars, avec toutefois une baisse au niveau de la ponctualité des vols qui affiche un taux de 44 % contre 55 % l'année précédente[34]. La presse parle alors d'une « année exceptionnelle »[35].
En , dans le souci d'améliorer ses services et lutter contre les retards, la direction annonce qu'elle va supprimer 200 vols prévus entre les et , ce qui représente 10 % de ses vols mensuels[36].
En [37], Tunisair passe avec la compagnie ukrainienneSkyUp un accord de mise à disposition de trois Boeing 737-800 sous la formule ACMI (aircraft, crew, maintenance, and insurance, c'est-à-dire « aéronef, équipage, entretien et assurance » à la charge de SkyUp) pour absorber les pointes de trafic. Tunisair ajoute généralement à l'équipage ukrainien un personnel de cabine local pour gérer la vente de marchandises détaxées ou toute question nécessitant l'utilisation de l'arabe tunisien. Tunisair loue aussi en ACMI un Boeing à la compagnie Lumiwings[38] en attendant la livraison d'un nouvel Airbus commandé[37]. Tunisair loue aussi des appareils pour l'acheminement des pèlerins musulmans à l'occasion du hajj. En 2023, il s'agit d'un Airbus A330 de la compagnie maltaise Mareth Aero[39].
Le , le PDG Khaled Chelly ainsi que le chef du syndicat interne sont écroués pour des accusations de corruption. Le , la justice ouvre une enquête contre le PDG et sept autres personnes pour abus de pouvoir, faux et usage de faux, sollicitation de pots-de-vin[40].
Alliance
Dès 1999, Tunisair est candidate à une entrée au sein de Skyteam, deuxième alliance du marché aérien, qui comprend notamment Air France-KLM et Delta Air Lines. Finalement, la compagnie tunisienne se désiste face aux prérequis d'une telle adhésion et à la suite des désaccords sur la desserte de Paris. Tunisair adhère en à ARABESK(en), une alliance aérienne pan-arabe composée de sept compagnies aériennes nationales[41].
Le , Tunisair signe avec la compagnie Emirates un accord de partage de code permettant à la compagnie tunisienne de vendre des sièges entre Tunis et Dubaï[42].
Réseau
En , le réseau de Tunisair s'étend sur une quarantaine de destinations[43].
Flotte
Tunisair exploite une flotte d'une moyenne d'âge, en [44], de quinze ans, en tenant compte des deux appareils A320 réceptionnés en 2013 et du retrait de ses quatre Boeing 737-500 ainsi que de tous les appareils de type A300-600[45],[46], la compagnie s'étant en effet engagée à ne plus utiliser d'appareils dépassant vingt ans d'âge pour répondre notamment plus efficacement à l'élargissement de ses activités[47] :
Classe affaire de 12 sièges/Classe économique de 138 sièges
TS-ITD
La compagnie confirme le la commande de 19 Airbus dont seize ferme (trois A350-800, trois A330-200 et dix A320), qui avait été annoncée lors de la visite du président français Nicolas Sarkozy en Tunisie en ; les A320 auront des réacteurs CFM56-5B fabriqués par CFM International. La première livraison a lieu le ; le deuxième avion de la commande, de type Airbus A320-200 et baptisé Dougga, est réceptionné le à Hambourg[53] et le 4e appareil, baptisé Sousse, le [54]. En , le PDG confirme la commande faite en 2008, réduite à treize avions (annulation de la commande de trois A350-800[55]) dont trois ont déjà été réceptionnés.
Après l'entrée en service de son premier A330-200, Tunisair prend possession, le , de son deuxième Airbus A330-200 baptisé Sidi Bou Saïd et immatriculé TS-IFN[56].
En , Tunisair convient, avec Airbus, de la conversion des quatre A320 et du A330 restants de la commande de 2008 en cinq A320Neo, la version remotorisée et améliorée de l'avionneur[57]. Le , Tunisair reçoit le premier des cinq avions commandés, un A320Neo baptisé Carthage et immatriculé TS-IMX ; le deuxième A320Neo, baptisé Sbeïtla et immatriculé TS-IMY, est reçu le , le troisième baptisé El Joumhouria et immatriculé TS-IMZ le et le quatrième immatriculé TS-IMA le , dans l'attente de la livraison du dernier appareil en 2023.
Depuis la fondation de la compagnie, aucun accident n'est à déplorer. Dans le classement 2008 des compagnies les plus sûres au monde établi par l'observatoire de la sécurité aérienne et du tourisme, basé à Genève, Tunisair est la seule compagnie aérienne africaine classée dans la catégorie A aux côtés de transporteurs comme Lufthansa, Qatar Airways, Singapore Airlines et United Airlines[59],[60].
Toutefois, quelques incidents mineurs se sont produits. Ainsi, le , 83 touristes embarquent de Genève pour un vol direct à destination de Djerba. Après une heure de vol, et alors que l'avion se trouve à 10 000 mètres, les masques à oxygène tombent et le Boeing 737-600 entame une descente rapide (ou d'urgence), procédure normale en cas de dépression de la cabine. À 3 000 mètres, l'avion, atteignant l'altitude de sécurité (altitude où l'air est respirable), se stabilise enfin. Un problème de pressurisation est annoncé et l'avion atterrit en urgence à Tunis où des médecins et des psychologues attendent les passagers. Trois heures plus tard, après la remise en place des masques d'oxygène et le remplacement du circuit, ils peuvent repartir pour Djerba. Helmi Hassine, représentant général de Tunisair pour la Suisse, confirme l'alarme due à une dépressurisation de la cabine et déclare que l'équipage a appliqué à la lettre la procédure préconisée par Boeing. Depuis, l'avion a volé à nouveau après un contrôle.
Le , le vol 437 assuré par un Boeing 737-600, immatriculé TS-IOK, reliant Paris-Orly à Tozeur effectue un arrêt-décollage. Alors que l'avion décolle à une vitesse de 114 KIAS, l'empennage racle la piste. Cinq secondes plus tard, l'avion atteignant une hauteur maximale de 12 pieds, le commandant sent la difficulté à maîtriser l'avion et décide d'interrompre le décollage en tirant les manettes des gaz au ralenti. L'avion se repose sur la piste et ralentit en toute sécurité. Le Bureau français d'enquêtes et d'analyses publie son rapport final en concluant que la cause probable de l'incident a été « la rotation prématurée par le commandant à très basse vitesse. Le manque de communication entre le commandant de bord et le copilote, qui n'a pas permis à l'équipage de prendre conscience de l'action inappropriée à une phase critique du vol, a contribué à la rotation prématurée »[61].
Le , le vol 722 assuré par un AirbusA300-600, reliant Tunis à Paris et dont le pilote ne répondait pas à la radio, est escorté par des avions de chasse et se pose sans encombre à l'aéroport d'Orly. C'est en raison d'un souci de communication et d'une altitude de vol un peu basse que l'alerte aurait été déclenchée selon l'AFP. La compagnie nie le problème de communication et justifie l'altitude de l'avion par la demande des contrôleurs d'Ajaccio[62].
Le , l'Airbus A320 immatriculé TS-IMB, vol 712, reliant Casablanca à Tunis avec 75 passagers et neuf membres d'équipage à bord, vient juste de se poser, vers 14 h 15, lorsque, dans des circonstances encore inexpliquées mais qui pourraient être liées aux conditions atmosphériques et aux vents très forts, la sortie de piste (piste 19) de l'appareil sur plusieurs mètres entraîne la rupture de son train avant[63]. Une évacuation rapide a lieu et aucun des passagers ou des membres de l'équipage n'est blessé. À la suite de son expertise et au vu des coûts de réparation, ce dernier est retiré de la flotte[64].