Le narrateur, Paul Blick, est (comme l'auteur) né à Toulouse en 1950. Il raconte son parcours et sa vie depuis l'âge de huit ans (1958) jusqu'à celui de cinquante-quatre ans (2004). Le livre est découpé en chapitres portant les noms des présidents de la Ve République, de « Charles de Gaulle » à « Jacques Chirac (II) », avec même deux très courts chapitres intitulés « Alain Poher ».
Le roman commence par le cri de la mère du narrateur, apprenant la mort de son fils aîné Vincent. Cette mort qui ouvre le roman planera sur toute la vie de Paul Blick, comme une absence et presque comme un reproche. Les chapitres qui se succèdent racontent cette « vie française » de manière très factuelle, sans grands effets et dans toute sa banalité : morosité du cocon familial, études, mariage, mésentente et éloignement entre conjoints, naissance des enfants, deuils et petites joies, travail et chômage, parsèment l'existence de Paul Blick. Photographe (c'est un des hobbies de son père, et il a hérité de l'appareil de Vincent), le narrateur se spécialise dans la photographie d'arbres et d'insectes, connaît un temps le succès puis perd tout à la suite des difficultés (aux malversations ?) financières de l'entreprise de sa femme Anna : il se reconvertit alors, à cinquante ans, en jardinier paysagiste.
L'actualité politique nationale et internationale, et en particulier les présidents de la République, s'insèrent régulièrement dans la vie de Paul Blick : parfois de très loin (le narrateur ne sait plus ce qu'il faisait le jour de l'assassinat de John F. Kennedy, manière de retourner un poncif bien connu), parfois de très près (François Mitterrand lui-même l'appelle pour demander au narrateur de faire son portrait), parfois de manière terriblement intime (comme quand le Général de Gaulle semble habiter le téléviseur familial dans les années qui suivent la mort de Vincent).