Le nom de la localité est attesté sous les formes Vastavilla vers 1170, Wastevilla en 1165/1172, Guastavilla en 1180, Guastevilla avant 1291[3].
Ce nom est sans doute à rapprocher des nombreux toponymes terminés en -vast du Cotentin. Vast anciennement wast est un appellatif toponymique qui peut faire référence à des défrichements, bien qu'il désigne généralement des terres gâtées, de mauvaises terres. Ici, vast est employé comme adjectif, ce qui donne à Vasteville le sens de « domaine en friches »[4].
À la fin du XIIe siècle, Eudes de Sottevast était seigneur et patron du lieu[Note 2].
En 1521, le seigneur de Vasteville était Jacques Rosette. L'un de ses descendants, Charles-Olivier Rosette de Brucourt, lieutenant aux Gardes françaises, a écrit un Traité de l'éducation de la jeune noblesse et a fondé la bibliothèque de Coutances. La famille Symon a repris par la suite cette seigneurie qui est ensuite passée aux mains de la famille Mesnil-Eury.
La commune est libérée le par le 60e régiment d'infanterie US[7].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans.
Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[10]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[11],[Note 3].
En 2021, la commune comptait 1 158 habitants, en évolution de +3,3 % par rapport à 2015 (Manche : +0,44 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
Le comité des fêtes de la commune organise tous les ans la fête de la Madeleine le premier week-end de juillet.
Le samedi a lieu toute la journée un vide-greniers alors que le dimanche est animé d'un défilé de chars confectionnés par des bénévoles de la commune, d'une fête foraine puis d'un feu d'artifice tiré du stade.
Le feu de la Saint-Jean donne lieu notamment à une procession des fidèles devant l'église pendant que le clergé chante en Coutançais (hymne Ut queant laxis). Les filles sont coiffées du bonnet de triolette. Le prêtre bénit le bûcher, l'allume et passe son cierge au maire qui le passe à son tour au plus généreux donateur de fagots puis aux derniers mariés de la commune. Les participants forment ensuite une ronde jusqu'au petit jour[14].
Économie
La commune est connue pour l'élevage des moutons et connait également une activité agricole. Vasteville a été dans le passé un important centre artisanal et industriel qui comptait notamment quatre moulins à farine, deux huileries et un moulin à foulon dont on peut encore voir les ruines.
Vasteville appartient à la zone bénéficiant des AOC pour les Prés-salés du Mont-Saint-Michel et le Camembert de Normandie.
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Église Notre-Dame des XIIIe, XVe – XIXe siècles. Elle a appartenu à l'abbaye Notre-Dame du Vœu de Cherbourg. Elle comprend un porche avancé, une tour gothique et des piliers à chapiteaux de son époque primitive. Elle est aujourd'hui rattachée à la nouvelle paroisse Bienheureux Thomas Hélye de la Hague du doyenné de Cherbourg-Hague[15].
Construite en grès, l'église avec ses deux nefs, de cinq travées, date du XIIIe siècle[16], avec des remaniements dont une voûte et des lambris moderne refaite en 1922. Le portail nord, du XIIIe siècle, avec une arcade en arc brisé a été muré[17]. Les vitraux, beaucoup plus récents, datent de l'après-guerre. L'église abrite trois œuvres classées au titre objet aux monuments historiques : un groupe sculpté sainte Anne et la Vierge du XVe, cinq bas-reliefs représentent la Cène et les quatre Évangélistes du XVIe et un calice et sa patène du XVIIe[18], ainsi que des fonts baptismaux du XVIIIe, une verrière du XXe, et un cadran solaire du XVIIe.
Sur la clef de voûte du porche, on peut voir deux blasons accolés, surmontés d'une couronne de marquis avec des groupes de trois perles séparées. Sont figurées les armes de Jean Simon de Chauvigny : d'azur à la croix d'argent chargée de cinq croissants de gueules et cantonnée de quatre cygnes d'argent, dont la famille a été anoblie en 1550, et celles de son épouse (1660), Louise Du Chemin (Duchemin) : de gueules au lion rampant d'hermine[19].
Croix de cimetière du XVe siècle, croix du Hameau Jourdan du XVIIe siècle, croix du Grand Hameau du XVIIe siècle et croix du Hameau Gourbesville du XVIIIe siècle.
Manoir de Toutfresville des XVe et XVIe siècles, partiellement inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [20], avec une ancienne chapelle du XVIe désaffectée et une charretterie à six arches. Le colombier qui faisait office de tour de défense domine les communs. Ce manoir aurait fait partie jadis du bailliage de Jersey.
Manoir de la Haye. Au-dessus d'une cheminée, on peut voir un bloc de pierre calcaire sur lequel sont gravées des armoiries à l'écu timbré d'un casque morné (visière abaissée). Elles figurent les armes de la famille Lucas de La Haye : de gueules à trois chevrons d'argent[21]. Estienne d'Aligre reconnut le l'ancienneté de la noblesse de Jean Lucas, écuyer, fils de Jean et de Jeanne Patrix (de Saint-Symphorien), qui habitait alors Vasteville. C'est probablement lui qui fit bâtir au début du XVIIe siècle le manoir de la Haye, où il résidait en 1640.
Vallon de la Néretz et du ruisseau Clairefontaine.
Herquetot.
Ancienne chapelle Sainte-Madelaine du XVIe siècle (désaffectée et transformée en grange). Elle est située à côté du manoir de Toutfresville. Édifiée en 1570, elle conserve une cloche, fondue en 1673, qui indique le nom de la famille Mesnil-Eury dont les armoiries étaient « de sable fretté de Six pièces d'argent ». Selon la légende, une jeune femme nommée Madeleine aurait été retrouvée morte après le naufrage d'un navire. La chapelle à son nom a été érigée là où elle repose[22]. Il s'y tenait une louerie importante (embauche de domestiques).
Personnalités liées à la commune
Jean Fleury (Vasteville, 1816 - 1894), écrivain régionaliste, littérateur et pédagogue. Il a également été lecteur à l'université de Saint-Pétersbourg.
Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN978-2-9159-0709-4), p. 123.
René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 665.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑François de Beaurepaire (préf. Yves Nédélec), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, A. et J. Picard, , 253 p. (ISBN2-7084-0299-4, OCLC15314425), p. 230.
↑Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècles) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 184.
↑Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN978-2-913920-38-5), p. 86.
↑Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf. Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN2-85480-543-7), p. 203.