Vermandovillers est un village rural picard du Santerre situé à 15 km au sud-est de Péronne, 50,7 km d'Amiens et 4 km de Chaulnes, aisément accessible par les autoroutes A1 et A29, ainsi que par l'ancienne route nationale 29 (actuelle RD 1029).
Le sol et le sous-sol de la commune sont de formation tertiaire à dominante argileuse. Une couche de marne se situe à plusieurs mètres de profondeur[1].
Relief, paysage, végétation
Le relief de la commune est presque uniformément plat exceptées deux légères ondulations. Le point culminant de la commune s'élève à 92 m d'altitude[1].
Un espace boisé dénommé bois à Femmes est situé au nord-ouest de la commune.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,6 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 717 mm, avec 11,2 jours de précipitations en janvier et 8,8 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Rouvroy-en-Santerre à 10 km à vol d'oiseau[4], est de 10,8 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 635,8 mm[5],[6]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[7].
Urbanisme
Typologie
Au , Vermandovillers est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[8].
Elle est située hors unité urbaine[9] et hors attraction des villes[10],[11].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (95,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (100 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (95,6 %), forêts (4,4 %)[12]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Le village de Vermandovillers a été totalement détruit pendant la Grande Guerre. Il a été reconstruit dans l'entre-deux-guerres.
Voies de communication et transports
La localité est desservie par les autocars du réseau inter-urbain Trans'80, Hauts-de-France (ligne no 59, Harbonnières - Péronne)[13].
Toponymie
On trouve plusieurs formes pour désigner Vermandovillers dans les textes anciens : Vermandois Viler (1108), Viromandum Vilare (1296), Vermandovillers-la-Tombe au XVIIIe siècle[14]. Il signifie village des Viromanduens, le peuple gaulois qui a laissé son nom au Vermandois.
Histoire
Antiquité
On a retrouvé à l'est de la commune au lieu-dit Sole des Tombeaux, des tombes et des restes de constructions[1].
Des traces d'une villa gallo-romaine ont été retrouvées dans la commune[15].
Au XIVe siècle, le seigneur de Vermandovillers était Colard de Paira[1].
Époque moderne
En 1559, Nicolas de Witasse était seigneur de Hauteloge et de Vermandovillers[16].
Vers 1750, la paroisse de Vermandovillers avait un clerc laïc ou maître d'école, un certain Parvillers, qui signait comme témoin sur les actes d'état-civil.
Époque contemporaine de la Révolution française à 1914
En 1793, le seigneur de Vermandovillers résidait dans la commune.
À la fin de la guerre franco-allemande de 1870, pendant l'occupation prussienne de 1870-1871, la population de Vermandovillers dut verser un tribut et subir des réquisitions[1].
Première Guerre mondiale
Vermandovillers fut durement touchée par la Première Guerre mondiale :
Une première attaque se produisit le , qui fut en partie stoppée par le 75e RI au Bois Étoilé à l'entrée d'Herleville. Le front fut stabilisé durant deux ans jusqu'au .
Bataille de Vermandovillers (1916)
La bataille de Vermandovillers se déroula en septembre 1916 dans le cadre de la bataille de la Somme. Elle opposa l'armée française à l'armée allemande.
L'attaque du de Vermandovillers au départ du Bois Étoilé, fut confiée à la 132e division (35e CA - 10e Armée) vers un point d'appui, abondamment pourvu d'abris bétonnés pour mitrailleuses, organisé par les Allemands, depuis près de deux ans[17]. Le , de nombreuses divisions (13e - 43e - 51e) et le 120e RI participèrent à la bataille dite de Vermandovillers[réf. nécessaire]. Elle prit fin le faute de combattants[réf. nécessaire].
Le 86e RI s'embarque en chemin de fer le . Le , le régiment est alerté, enlevé dans l'après-midi, en camions automobiles. Après un voyage rapide, il est débarqué à proximité de la zone de la bataille à la sortie sud d'Harbonnières, vers 22 heures. C'est la nuit dans une région inconnue. Et cependant, il faut marcher de suite. Deux bataillons vont alors passer la nuit à Vauvillers et à Frameville. Un bataillon se rend directement en réserve à proximité des premières lignes, au bois Étoilé, à 1 km de Vermandovillers où viennent de se dérouler des combats acharnés depuis le [18]. Le régiment doit relever le 8 au soir des éléments épuisés qui viennent de soutenir une lutte sanglante de plusieurs jours.
C'est ainsi que le 86e entre en ligne au nord-ouest de Vermandovillers avec 2 bataillons en 1re ligne et 1 en réserve. Le terrain récemment conquis, est complètement bouleversé. Le Bois Étoilé ne présente plus qu'une série de troncs sectionnés. Les boyaux et les tranchées sont à moitié remplis d'une boue liquide, la terrible boue de la Somme. Et, presque sans interruption, un violent duel d'artillerie remplit l'air de sons monstrueux, de trajectoires mortelles. Le village ne présente plus que quelques amas de décombres disséminés sur le terrain incessamment défoncé par les obus. Vermandovillers a été attaquée le ; mais énergiquement défendue, elle est restée presque entièrement aux mains de l'ennemi. L'attaque de ce village peut être reprise par les vaillantes troupes de la 49e brigade. À partir du , le 86e se met au travail avec ardeur pour préparer les parallèles d'où il s'élancera au jour et à l'heure fixés. Le travail s'effectue dans des conditions très difficiles, sous des feux d'artillerie et d'infanterie violents. Les pertes augmentent de jour en jour ; le travail continue. Durant les trois jours qui précèdent l'attaque, notre artillerie donne avec toute sa puissance. Les derniers vestiges de Vermandovillers disparaissent dans une poussière blanchâtre, projetés bien haut par nos énormes obus de 240, 340 et 370. Ceux qui ont assisté à cette préparation d'artillerie se souviennent du travail fait sur la tranchée du Chien fortement organisée par l'ennemi. Nos avions tiennent l'air sans arrêt. Les appareils ennemis restent loin à l'intérieur de leur secteur et dès qu'ils semblent s'approcher, ils sont immédiatement pris à partie par les nôtres qui leur interdisent nos lignes.
Les Allemands ne réagissent qu'assez faiblement par leur artillerie durant les journées des 15 et . Enfin le jour et l'heure de l'attaque, tenus secrets jusqu'alors, le jour et l'heure H, sont fixés.
C'est le que le 86e va s'élancer à l'assaut de Vermandovillers. L'attaque principale du régiment sera menée par le 1er bataillon, sous les ordres du commandant Peyre, encadrés, à droite et à gauche par des fractions du 2e bataillon. Le 3e bataillon doit assurer à la grenade, le nettoyage d'importants abris établis dans l'ancien groupe de maisons de la partie nord du village. Mais dès le 17 au matin, l'artillerie ennemie augmente considérablement son activité. De nombreuses mitrailleuses allemandes que notre artillerie n'a pu atteindre, restent intactes et actives, particulièrement dans la région du bois du Cerisier et nous causent des pertes déjà sérieuses. L'ennemi connaît nos projets : il nous attend[19].
Ces chiffres expliquent le fait que reposent 1 261 Français et 22 665 Allemands dans les cimetières situés dans un rayon de 5 km autour de Vermandovillers. Les Britanniques ne sont pas comptabilisés car, bien que tués sur ce sol, ils reposent en majeure partie à Villers-Bretonneux (Somme) dans le cimetière militaire contenant des tombes australiennes et britanniques, à environ 20 km.
Les combats détruisirent totalement le village de Vermandovillers[20],[21],[22].
le , l'ordre de « tenir coûte que coûte » entraîna des travaux de fortification du village : tranchées profondes, barricades, créneaux, le village devint un « hérisson » ;
: attaque allemande ;
le , l'ordre de repli général derrière l'Avre à 30 km du village fut donné. Le lieutenant-colonel Loichot ne put qu'en ordonner l'exécution. L'armée française quitta Vermandovillers entre 4 h 30 min et 5 h du matin.
Le , Vermandovillers fut libérée par l'armée américaine[24].
La commune était adhérente de la communauté de communes de Haute-Picardie créée en 1994 sous le nom de communauté de communes de Chaulnes et environs, et qui a pris sa dénomination de communauté de communes de Haute-Picardie en 1999.
Dans le cadre des dispositions de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République du , qui prévoit que les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre doivent avoir un minimum de 15 000 habitants, la préfète de la Somme propose en un projet de nouveau schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI) qui prévoit la réduction de 28 à 16 du nombre des intercommunalités à fiscalité propre du département[26].
Le projet préfectoral prévoit la « fusion des communautés de communes de Haute Picardie et du Santerre », le nouvel ensemble de 17 954 habitants regroupant 46 communes[27],[28],[29]. À la suite de l'avis favorable de la commission départementale de coopération intercommunale en [30], la préfecture sollicite l'avis formel des conseils municipaux et communautaires concernés en vue de la mise en œuvre de la fusion le [31].
Micheline Andrejak, maire élue en mars/ annonce mi-, sa démission, entraînant une élection municipale partielle en juin pour compléter le conseil et élire le nouveau maire[33].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[42]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[43].
En 2021, la commune comptait 153 habitants[Note 2], en évolution de +4,79 % par rapport à 2015 (Somme : −0,98 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La nécropole allemande de Vermandovillers est la plus vaste du département. Édifiée par la France en 1920, elle contient 22 632 corps (9 455 tombes individuelles dont 379 non-identifiées et 13 200 corps dans quinze ossuaires).
Abbé Paul Decagny, Histoire de l'arrondissement de Péronne et de plusieurs localités circonvoisines, 1865 - réédition partielle, Paul Decagny, Chaulnes et ses environs, Paris, Res Universis, coll. « Monographies des villes et villages de France », , 213 p. (ISBN978-2-877-60916-6, OCLC32157411)
Francine François-Dejuine, 1914-1924, 26 communes dans la tourmente, Inval-Boiron, La Vague verte, coll. « Souvenance », , 187 p. (ISBN978-2-913-92499-4, OCLC300037780)
(en) Francine François-Dejuine, 1935-1955, mémoires de 28 communes du Santerre, Inval-Boiron, Éd. la Vague verte, coll. « Souvenance », , 340 p. (ISBN978-2-356-37035-8, OCLC762828965)
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ abcde et fNotice géographique et historique sur la commune de Vermandovillers, rédigée par E. Dumeige, instituteur, 1899, Archives départementales de la Somme.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Abbé Paul Decagny, Histoire de l'arrondissement de Péronne et de plusieurs localités circonvoisines, 1865 - réédition partielle, Paul Decagny, Chaulnes et ses environs, Paris, Res Universis, coll. « Monographies des villes et villages de France », , 213 p. (ISBN978-2-877-60916-6, OCLC32157411).
↑Capitaine A. Bonnet, Historique des opérations pendant la guerre de 1914-1918 : 13e corps d'armée, 86e régiment d'infanterie, Le Puy, Impr. de Peyriller, Rouchon et Gamon, , 90 p. (lire en ligne), p. 31-35.
↑Section photographique de l'armée, « Photo : Vermandovillers. L'église », Fonds des Albums Valois - Département de la Somme - Volume 39, Argonnaute - Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, (consulté le ).
↑commandant Fessard, Section photographique de l'armée, « Photo : Vermandovillers. L'entrée du village », Fonds des Albums Valois - Département de la Somme - Volume 39, Argonnaute - Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, (consulté le ).
↑Vincent Fouquet, « Vers un mariage de la communauté de communes de Haute-Picardie avec celle de Rosières ? : Le conseil communautaire, qui s'est déroulé jeudi soir à Soyécourt, a été l'occasion d'annoncer la volonté de l'intercommunalité de fusionner avec celle de Rosières-en-Santerre », Le Courrier picard, (lire en ligne).
↑Vincent Fouquet et Cécile Latinovic, « Haute-Somme : La nouvelle carte du territoire fait réagir les présidents : La révélation de la nouvelle carte du département, et des découpages des intercommunalités fait réagir les présidents, qui sont majoritairement satisfaits », Le Courrier picard, (lire en ligne).
↑« Un mariage entre Chaulnes et Rosières-en-Santerre est prévu pour 2017 : L'annonce a été faite jeudi 1er octobre à Rosières-en-Santerre : les communautés de communes de Haute Picardie (CCHP) et du Santerre (CCS) souhaitent fusionner. Voici leurs arguments », Le Courrier picard, édition du Santerre, (lire en ligne).
↑« Somme, la CDCI valide des projets de fusion d'ECPI », Décideurs en région, (lire en ligne).
↑« Arrêté préfectoral du 15 avril 2016 portant projet de périmètre de la communauté de communes issue de la fusion de la communauté de communes de haute Picardie avec la communauté de communes du Santerre », Recueil des actes administratifs de la préfecture de la Somme, nos 2016-031, , p. 78-79 (lire en ligne [PDF]).
↑« VERMANDOVILLERS (80) Le maire démissionne, les habitants doivent retourner aux urnes », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le ).
↑Annuaire administratif du département de la Somme, 1933
↑Annuaire administratif du département de la Somme, 1936-1945
↑Isabelle Boidanghein, « Les habitants sont écœurés » », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )« Sans attendre l'annonce officielle du gouvernement, les 116 habitants de Vermandovillers, village qui risque d'être rasé si le site de Chaulnes est choisi pour abriter le troisième aéroport, étaient sous le choc dès hier. « C'était prémédité, je sentais le vent venir », fulmine Raphaël Poupard, maire de Vermandovillers depuis six mois ».
↑« Vermandovillers (80) Le maire démissionne, les habitants doivent retourner aux urnes », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le )« Les habitants de Vermandovillers (près de Péronne, à l'est de la Somme) vont devoir élire un nouveau conseiller municipal, après la démission de Micheline Andrejak, le maire, mi-mai. L'élue a souhaité stopper son mandat pour « raisons personnelles ».
↑« Christian Beaufils annonce se représenter aux Municipales de Vermandovillers », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le )« Christian Beaufils, 64 ans, est maire de Vermandovillers depuis juin 2016 et la démission de Micheline Andrejak. ».
↑Section photographique de l'armée, « Photo : Vermandovillers. L'église », Fonds des Albums Valois - Département de la Somme - Volume 39, Argonnaute - Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, (consulté le ).