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Verset du Trône

Récitation ʾĀyat al-Kursī par l'imam Abdul-Rahman Al-Sudais
ʾĀyat al-Kursī calligraphié sous la forme d'un cheval dans un dessin du XVIe siècle provenant de Bijapur en Inde.

Le verset du Trône (en arabe : آية الكرسي, ʾāyatu-l-kursī) est le 255e verset de la 2e sourate (intitulée al-Baqara) du Coran.

Énoncé

Texte en arabe
اللَّهُ لاَ إِلَهَ إِلاَّ هُوَ الْحَيُّ الْقَيُّومُ لاَ تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلاَ نَوْمٌ لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الأَرْضِ مَنْ ذَا الَّذِي يَشْفَعُ عِنْدَهُ إِلاَّ بِإِذْنِهِ يَعْلَمُ مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ وَلاَ يُحِيطُونَ بِشَيْءٍ مِنْ عِلْمِهِ إِلاَّ بِمَا شَاءَ وَسِعَ كُرْسِيُّهُ السَّمَوٰتِ وَالأَرْضَ وَلاَ يَئُودُهُ حِفْظُهُمَا وَهُوَ الْعَلِيُّ الْعَظِيمُ
Translittération
allāhu lā ʾilāha ʾillā huwa l-ḥayyu l-qayyūmu lā taʾḫuḏuhu sinatun wa-lā nawmun lahu mā fī s-samawāti wa-mā fī l-ʾarḍ man ḏā llaḏī yašfaʿu ʿindahu ʾillā bi-ʾiḏnihi yaʿlamu mā bayna ʾaydīhim wa-mā ḫalfahum wa-lā yuḥīṭūna bi-šayʾin min ʿilmihi ʾillā bi-mā shaʾāʾa wa-siʿa kursiyyuhu s-samāwāti wa-l-ʾarḍ. wa-lā yaʾūḏuhu ḥifẓuhuma wa-huwa l-ʿaliyyu l-ʿaẓīmu
Traduction en français de Muhammad Hamidullah
Allah ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même ''(al-Qayyùm)''. Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. À Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Trône ''(Kursiy)'' déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand.

Historique

Pour Imbert, la plus ancienne version épigraphique de ce verset provient d'un palais ommeyade et date de 710. Dans un autre graffito, cette formule est suivie d'une malédiction contre celui qui l’effacerait. « La présence de ces malédictions après des citations coraniques nous rappelle que jusqu’à la fin de l’époque omeyyade, l’unanimité n’était sans doute pas encore faite autour d’une version unifiée et standardisée du texte: des amalgames ou des citations adaptées du Coran étaient encore courantes sur les pierres. Certains, semble-t-il, ne les appréciaient pas. »[1].

Influences

Selon Azaiez, si la méthode d’analyse rhétorique développée par Cuypers est appliquée au verset 255 dit du Trône, on remarque une symétrie concentrique de forme (ABCD / x / D’C’B’A’). L'ensemble converge vers l'idée que « la connaissance de Dieu embrasse toutes choses »[1] Le verset est un hymne de glorification de Dieu. Pour Dye, l'usage de l'expression « vivant et subsistant [...] est le calque d’une formule araméenne (qui reprend Ps 121:4) que l’on rencontre dans le livre de Daniel araméen (6:27) et dans le targum (palestinien) du Pseudo-Jonathan ». El Badawi associe ce verset à l’évangile selon Matthieu dans sa version syriaque tandis que Grodzki y voit des réminiscences d'Isaïe et du psaume 121[1]. Dye y voit un texte probablement liturgique tandis que Hilali confirme l'aspect indépendant de ce verset 255[1].

Interprétation

Pour Poupard, « La conception musulmane de Dieu souligne sa grandeur. Sensible à travers tout le Coran, et singulièrement dans le verset du Trône (2, 255), cette grandeur caractéristique et particulière naît de la solitude absolue propre à Allâh. Le Dieu biblique, au contraire, veut communiquer même sa sainteté : « Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu » (Lv 19, 2). Il a fait l’homme « à son image » et à sa « ressemblance » (Gn 1, 27 ; 5, 1-3). La différence est ici radicale avec Celui dont le Coran affirme : « Rien n’est à Sa ressemblance » (42, 11)[2]. »

Le Coran utilise néanmoins des métaphores et des comparaisons pour évoquer Allah. Il évoque ses mains, sa face... « tandis que le non moins célèbre Verset du trône présente Dieu sur son trône céleste »[3]. Kursî désigne le « Siège ou trône de Dieu ». Il est particulièrement présent dans les inscriptions anciennes. Il désigne aussi, par la suite, le pupitre servant de support au Coran dans les mosquées[4]. Ce terme est aussi utilisé, dans le Coran, pour évoquer le trône de Salomon[5].

Notes et références

  1. a b c et d Azaiez, M. (Ed.), Reynolds, G. (Ed.), Tesei, T. (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. "QS 4 Q 2:255–256"
  2. Poupard P., « La postérité d'Abraham », Les religions. Presses universitaires de France, 2007, p. 93-112.
  3. Déroche Fr., « Chapitre III. L’enseignement du Coran », François Déroche éd., Le Coran. Presses universitaires de France, 2019, p. 47-69.
  4. Sourdel D., Sourdel-Thomine J., Vocabulaire de l'islam. Presses universitaires de France, 2013
  5. « Trône », Dictionnaire du Coran, 2007, p. 878.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • C. A. Segovia, « Sourate 2 », Coran des Historiens, t.2a, 2019, p. 55 et suiv.
  • « Trône », Dictionnaire du Coran, 2007, p. 878.
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