Le 7 avril 1967, Nicolas Baby a 16 ans lorsqu'on lui reproche d'avoir brûlé un drapeau américain arraché à la cathédrale américaine de Paris[2],[3],[4][source insuffisante] pour protester contre la guerre au Vietnam, à l’occasion de la visite du vice-président américain Hubert Humphrey à Paris. La photographie de presse l'identifiant sera très largement reprise partout dans le monde[2]. Il est sanctionné par une exclusion temporaire du lycée Henri-IV, mais cette décision est ensuite reportée[2], face à la menace d’une manifestation de soutien à Nicolas Baby[5]
L'Alliance marxiste révolutionnaire
Il se rapproche d'un petit groupe de militants trotskistes regroupés derrière l'un des fondateurs de la IVe Internationale, le Grec Michel Raptis - dit « Pablo »[6], une tendance tiers-mondiste, autogestionnaire dont sortira, en 1968, l'Alliance marxiste révolutionnaire (AMR)[6].
À la suite de la mort de seize mineurs lors du coup de grisou de Fouquières-les-Lens le 4 février 1970, il participe à la rédaction du premier numéro du journal Liberté vaincra, avec Eugénie Camphin, directrice, dans le cadre du Secours rouge (France) et son comité départemental du Pas-de-Calais[7]. Lors du 1er mai 1972, il défile en tête du cortège, des dirigeants d'organisations d'extrême gauche avec Alain Geismar, porte-parole de l'ex-Gauche Prolétarienne, et Arlette Laguiller, porte parole de Lutte ouvrière, lui-même étant porte-parole de l'AMR.
Nicolas Baby est membre du bureau exécutif de l'Alliance marxiste révolutionnaire[9] lorsque son congrès décide de répondre positivement à la proposition de fusion avec le Parti socialiste unifié[9]. Il en explique ici les raisons dans un article du Nouvel Observateur en soulignant que "le fondement premier de cette fusion, c'est une conception commune du socialisme" qui "doit être « débarrassé des déformations bureaucratiques » qui, dans les pays dits «- socialistes », le rabaissent à l'état de monstrueuse caricature[9].
Journalisme
Nicolas Baby devient ensuite journaliste. Il commence à écrire au Monde diplomatique, fait un passage à France Musique, puis à l'AFP, au service étranger, d’abord comme correspondant pour l’Afrique centrale de 1986 à 1988, puis en tant que rédacteur couvrant la France pour la presse étrangère[1].
Après l'expulsion en 1980 de Michel Hermann et la fermeture pendant quatre ans du bureau de l'AFP à Kinshasa, celui-ci est à nouveau ouvert et confié en 1984 à Nicolas Baby qui s'efforce d'établir de bonnes relations avec le gouvernement zaïrois[10]. Très critique envers la politique du dictateur Mobutu Sese Seko, il est arrêté et emprisonné à Kinshasa[1] après avoir publié les déclarations d'un opposant[10] puis, déclaré persona non grata par les autorités zaïroises, expulsé du pays[11],[12] sans qu'aucune raison officielle ne lui soit jamais donnée[10].
Dans l'article qu'il consacre à Jean Roudillon à la mort de l'expert en arts extra-européens, Guy Boyer, directeur de la rédaction du magazine Connaissance des arts, dit de Vincent Noce en 2020 : « Comme toujours lorsqu'il s'agit d'expertise, le journaliste Vincent Noce est le premier au courant de tout, des faux comme des disparitions[18] ».
Il publie aux éditions Jean-Claude Lattès en juillet 2002 Descente aux enchères : les coulisses du marché de l'art[21], un ouvrage de 431 pages dans lequel il présente, « avec une lucidité non dépourvue d'humour[1] », l'univers des ventes aux enchères et les affaires du marché de l'art sur lesquelles il a longuement enquêté, révélant au lecteur non initié le dessous des cartes de ce monde embrouillé[14].
Il révèle par exemple plusieurs controverses amenées par l'expert Bill Pallot au sujet de mobilier historique, quand la marque de « Bagatelle » aurait été ajoutée au XIXe siècle à des chaises du XVIIIe siècle, issues plus probablement d'un travail piémontais ou encore à l'occasion de la vente par Sotheby's à un collectionneur américain du fonds d'un antiquaire italien, Luigi Laura, comportant un des plus beaux fauteuils du XVIIIe siècle, le seul survivant des fauteuils de François II Foliot, petit-fils de Nicolas-Quinibert Foliot, l'État français ayant refusé de le classer trésor national[22]. Affaires qui font chuter l'« expert » en 2016[23].
Il relate encore les débuts de l'affaire Sésostris III dans laquelle le , François et Maryvonne Pinault apprenaient, à la lecture de Libération, qu'au terme de son enquête, une statue du pharaon, considérée comme vieille de 3 800 ans qu'ils avaient achetée une semaine plus tôt pouvait n'être en réalité qu'un faux du XIXe ou du XXe siècle[24],[25],[26].
Cependant, si Vincent Noce, classé dans la « catégorie des moralistes[14] » par Alain Quemin, met en lumière les comportements déviants de certains commissaires-priseurs, experts ou marchands, il ne dérive jamais vers la dénonciation de l'ensemble des professionnels et son « indignation est toujours retenue, mêlée d'humanisme[14] ».
Dissipant le brouillard qui a fini par recouvrir certaines affaires dont les échos se sont répercutés sur de nombreuses années donnant matière à des interprétations contradictoires, il tord en outre le cou aux idées reçues dans des affaires comme celle du Jardin à Auvers de Vincent van Gogh pour laquelle il démontre les faiblesses de la campagne de presse qui a entaché et entache encore parfois l'authenticité du tableau[14].
Pour illustrer l'étonnante rapidité avec laquelle un objet a priori jusque là anodin peut être converti en pièce de maître il évoque l'affaire de la statue de bronze vendue 6 100 euros (400 000 francs de l'époque) le à un brocanteur par Marie Torres, une boulangère de Montpellier, et adjugée 280 000 euros (1 450 000 francs) le lors d'une vente aux enchères où elle est présentée comme un tirage unique de L'Implorante de Camille Claudel[27].
Dans l'autre sens, Bernard Lahire souligne que lorsque Vincent Noce raconte l'histoire d'un faux Johannes Vermeer longtemps considéré comme un tableau du maître hollandais, il le fait en connaissant la fin de l'histoire : l'aveu de Han van Meegeren et la reconnaissance par tout le monde de la « supercherie », ce qui ne permet pas de comprendre le véritable emballement qu'a déclenché la découverte d'une représentation de la Cène attribuée à Vermeer, de comprendre « l'état normal d'hypnose permanent qui saisit les acteurs du monde de l'art »[27].
Dans le chapitre qu'il consacre à la vente aux enchères des vieux millésimes, il relate notamment la vente par Christie's à l'occasion de Vinexpo Bordeaux en 1986 d'une bouteille de margaux 1784 supposée appartenir à la collection de Thomas Jefferson : la bouteille contenait des dépôts datant du XVIIIe siècle mêlés à un vin des années 1960[28].
La collection égoïste
Vincent Noce publie en 2005 un nouvel ouvrage, La collection égoïste : la folle aventure d'un voleur d'art en série et autres histoires édifiantes[29] consacré au trafic d'œuvres d'art, dans lequel il relate nombre d'affaires de ce commerce illégal qui représenterait au niveau mondial plus de sept milliards d'euros par an, « quelque part entre le trafic de drogue, celui des armes ou de la fausse monnaie »[30].
Parmi celles-ci, l'affaire, résolue en 1997, des vols étalés sur une décennie dans la maison de George Sand à Nohant-Vic et dans plusieurs musées par un viticulteur de Fontiès-d'Aude de plus de cinquante-six pièces, essentiellement archéologiques. Celle aussi du recel de six tapisseries dérobées au musée national de la Renaissance à Écouen, retrouvées en 1996 dans un pavillon hollandais avec des vases provenant du château de Fontainebleau[30].
La lecture de l'ouvrage de Vincent Noce conduit le président du Syndicat national des antiquaires à prendre contact avec le collectionneur, un diplomate suisse qui a acquis en toute bonne foi le Saint Jean-Baptiste volé. Il le convainc d'en faire don à la ville de Bordeaux ce qui est chose faite le [32].
Il rédige en 2006 les 660 recettes du Tout Rebuchon[35],[36].
Monet, Odilon Redon, Dali, le MoMA à Paris
À l'occasion de l'exposition Claude Monet (1840-1926), il publie en 2010 dans la collection « L'Inattendu » des éditions de la RMN, Monet, l'œil et l'eau[37], un ouvrage dont le titre reprend les mots de Gaston Bachelard célébrant l'auteur des Nymphéas[38],[39], dans lequel il confronte le regard d'historiens de l'art, de spécialistes en neurosciences, de physiciens, de psychanalystes, à la vision et à la perception du maître de l'impressionnisme[40].
Dans Odilon Redon, dans l'œil de Darwin[41] qu'il publie l'année suivante pour accompagner l'exposition Odilon Redon Prince du Rêve organisée du au dans les Galeries nationales du Grand Palais[42],[43], il évoque l'esthétique darwinienne de la continuité des espèces du peintre affirmant être arrivé, au terme de son étude de l'anatomie, à la conclusion que « l'homme est partout, en tout être vivant réside sous des formes originales l'embryon d'un squelette humain[44] ».
Le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, organisateur de l'exposition Dalí du au [45], publie La raison du fou. Dalí et la science[46], ouvrage dans lequel Vincent Noce révèle le goût de l'artiste pour la science[47], rappelant que Dalí n'a jamais cessé d'emprunter à la science de son époque pour nourrir son œuvre, s'intéressant aux images doubles, aux illusions d'optiques, à la théorie des quanta, à la relativité, aux sciences humaines[48], entretenant des rapports avec les savants dans des domaines aussi variés que la psychanalyse, la physique, la biologie ou les mathématiques, rencontrant Sigmund Freud, Jacques Lacan, James Dewey Watson ou René Thom[49].
Le peintre Lino Frongia, proche de Vittorio Sgarbi, est soupçonné d'être le faussaire mais un même faussaire peut-il à la fois pasticher les maîtres flamands et italiens ? Si l'enquête aboutissait à révéler l'existence d'un tel artiste, capable de peindre des Brueghel, des Vélasquez, des Hals, des Greco, « ce serait sans doute l'un des faussaires les plus brillants qui ait jamais existé[55] ».
La collection égoïste : la folle aventure d'un voleur d'art en série et autres histoires édifiantes, Paris, J.-C. Lattès, , 327 p. (ISBN2-7096-2441-9, BNF39966416)
En collaboration avec Gabriel Bauret et Guillaume Evin, Être moderne : le MoMA à Paris : Fondation Louis Vuitton, Issy-les-Moulineaux, Beaux-arts éditions, , 81 p. (ISBN979-10-204-0386-5, BNF45399717)
↑« L'amertume. 1969 », dans Pierre Journoud (dir.), De Gaulle et le Vietnam. 1945-1969, Paris, Tallandier, coll. « Hors collection », (lire en ligne), p. 367-408
↑« Sanction contre un lycéen à la suite de « l'affaire » du drapeau américain », Le Monde, (lire en ligne)
↑"Jean-Luc Einaudi, parcours d’un homme de colère", Biographie de Jean-Luc Einaudi sous la forme d'un billet de Christian Beuvain, dans la revue Dissidences[2]
↑Alain Quemin, « L'art plus fort que la science? L'affrontement entre expertise stylistique et expertise scientifique dans une querelle sur l'authenticité d'une œuvre d'art : l'affaire Sésostris III », Sociedade e Estado, Brasilia, vol. 20, no 2, (DOI10.1590/S0102-69922005000200007)
↑« Sésostris III, une réputation de chef-d'œuvre usurpée ? L'authenticité de la pièce vendue à Drouot est contestée. », Libération, (lire en ligne)
↑« Sésostris III, pas si pharaonique », Libération, (lire en ligne)
↑ a et bBernard Lahire, « L'extension du domaine du sacré : l'émergence de l'art comme domaine autonome et séparé du profane », dans Ceci n'est pas qu'un tableau : essai sur l'art, la domination, la magie et le sacré, Paris, La Découverte, coll. « Collection Laboratoire des sciences sociales », , 597 p. (ISBN978-2-7071-8521-1, BNF44258411, lire en ligne), p. 207-275
↑ ab et cHarry Bellet, « Un mystérieux collectionneur d'art soupçonné par la justice d’être à la tête d'un réseau de faussaires », Le Monde, (lire en ligne)
↑ ab et c(en) Jean-Louis de La Vaissière, « Charm and negligence behind network of master forgeries », AFP International, Washington,