En cinquante ans de carrière, il a publié plus de mille albums de bande dessinée répartis en vingt-cinq séries et vendus à plus de deux cents millions d'exemplaires[3]. Il a également créé le Studio Vandersteen qui continue aujourd'hui certaines de ses séries.
Il est surtout connu pour être l'auteur de la série Bob et Bobette (en néerlandais Suske en Wiske), dont les albums se vendaient encore en 2005 à cinq millions d'exemplaires chaque année[4]. Ses autres séries majeures sont Le Chevalier rouge (néerlandais : De Rode Ridder) et Bessy, dont il a publié presque un millier d'albums en allemand.
Biographie
Willy Vandersteen est petit-fils de forgeron et fils de sculpteur ornementiste. C'est en lisant un article intitulé Comics in your life (La bande dessinée dans votre vie) dans un magazine américain qu'il décide d'œuvrer dans la bande dessinée. Ses premiers dessins et gags (Brochette et Dick puis Kity Inno) paraissent en 1939 dans Entre Nous, la publication interne des grands magasinsÀ l'Innovation. En 1942, Willy Vandersteen réalise des dessins antisémites durant la Seconde Guerre mondiale sous le pseudonyme Kaproen[5],[6]. Sous le pseudonyme de Wil, il réalise des illustrations en 1943[5]. D' à , Vandersteen est le principal dessinateur de l'hebdomadaire bruxellois francophone Franc Jeu[7].
Il est surtout le créateur de Bob et Bobette dans le journal flamandDe Standaard en 1945 et ultérieurement publié dans Le Journal de Tintin. Malgré la date de la première publication de Bob et Bobette (1945), Vandersteen ne renonce pas à la caricature antisémite qu'il poursuit avec le personnage de Crimson. Le caractère caricatural de ce personnage sera encore renforcé avec la reprise Amphoria, de Marc Legendre et Charel Cambré (Khani Éditions, 2016). À la demande d'Hergé, qui l'a surnommé le « Bruegel de la bande dessinée », et pour mieux s'intégrer au style général du journal, Vandersteen fait évoluer son graphisme vers un style plus proche de la ligne claire. Bob et Bobette survivent à son auteur et la série compte plus de 300 albums.
Thèmes et influences
Le style de Vandersteen se caractérise depuis le début de la carrière par une large diversité de thèmes et de genres. Un grand nombre de ses séries se passent dans le monde contemporain, mais il a écrit également des contes de fées, des bandes dessinées historiques, des westerns ou encore des récits de science-fiction. Alors que certaines de ses séries restent cantonnées à un seul genre, comme Bessy et La Famille Guignon (la première reste concentrée sur une famille pionnière lors de la conquête de l'Ouest, la seconde sur une famille flamande contemporaine quelconque), d'autres s'éloignent de leur époque, lieu ou thème de départ pour explorer de nombreux horizons. Le Chevalier rouge, histoire d'un chevalier du Moyen Âge, se déroule dans une période allant de l'époque des légendes arthuriennes jusqu'aux grandes explorations des XVIe et XVIIe siècles en passant par les croisades. Cette série s'étend donc sur dix siècles. Plus tard, lorsque Vandersteen sera moins impliqué dans la série, celle-ci intègrera beaucoup d'éléments de fantasy[8].
Bob et Bobette est une bande dessinée qui a comme cadre le monde contemporain, mais dont beaucoup d'albums se déroulent à d'autres époques, via une machine à remonter le temps ou par d'autres procédés. Les personnages visiteront un large panel d'époques, bien que le Moyen Âge soit largement l'époque la plus visitée. Willy Vandersteen utilisera également des légendes locales d'Anvers et du Limbourg et parodiera des comics comme Batman ou des émissions de télévision[9]. Il s'inspirera aussi de ses nombreux voyages à travers le monde, comme son long séjour dans l'Extrême-Orient[10].
Les récits de ses débuts montrent une influence très claire des bandes dessinées américaines, comme Tarzan ou Prince Vaillant.
Tous les albums de Bob et Bobette, et de nombreux albums d'autres séries comme La Famille Guignon ont été traduits en français par Erasme. Bessy fut d'abord publié en français dans La Libre Belgique à partir du [11], après quoi il fut traduit en néerlandais[12]. Depuis 1978, on estime que 80 millions d'albums de Bob et Bobette en néerlandais ont été vendus[13].
D'autres pays et d'autres langues ont bientôt suivi. La première traduction en allemand survint en 1954, et dans les années 1960Bessy et dans une moindre mesure Jérôme ont un énorme succès dans cette langue. Les deux séries comptent à eux deux 1 000 albums vendus chacun à 200 000 exemplaires. Suivront plus tard dans les années 1950 des publications au Chili et au Portugal, puis en Espagne dans les années 1960. Les années d'après, les bandes dessinées de Willy Vandersteen, et particulièrement Bob et Bobette, sont publiés dans une douzaine de langues, mais dans la majorité des cas une petite quantité seulement d'albums furent traduits. Plus de 10 albums furent publiés aux États-Unis et 69 le furent en Suède, accompagnés par beaucoup de marchandisage. La traduction en finnois fut également un grand succès[14].
Marchandisage
Dans les années 1950 commence le marchandisage autour de Bob et Bobette. Vandersteen, qui a toujours été un homme d'affaires autant qu'un artiste, fut enthousiasmé quand on lui proposa de faire un spectacle de marionnettes de sa bande dessinée. Les premières poupées furent mis à la vente dès 1947. Elles sont suivies par une série de cinq marionnettes en 1957 et par un jeu d'adresse à l'effigie de Jérôme en 1960. En 1955, deux ans après le début de la télévision en Flandre, un dessin animé de Bob et Bobette est diffusé tous les samedis après-midi[15]. D'autres produits dérivés issus de cette bande dessinée arrivèrent, allant des verres Bob et Bobette en 1954 jusqu'aux 5 larges statues en céramique peintes à la main représentant les personnages principaux faites en 1952. Livres à colorier, puzzles, calendriers, etc. Suivront bientôt deux enregistrements réalisés par Decca en 1956. Willy Vandersteen a aussi créé un certain nombre de bandes dessinées commerciales avec Bob et Bobette comme héros, en commençant par une bande dessinée touristique de la province d'Anvers en 1957[16].
Bibliographie
Toutes ces séries ont été initialement écrites en néerlandais et publiées via De Standaard, sauf mention contraire. Les éditions commerciales et les albums non-réguliers ne sont pas inclus.
Series
Années
Nombre d'albums
Nombre d'albums en français
Remarques
Piwo
1943-1946
3
3
Première bande dessinée de Willy Vandersteen, publiée par Ons Volk.
La numérotation commence au numéro 67 et en est au numéro 326 en ; la série continue depuis 1972 sous la plume de Paul Geerts et d'autres auteurs. Quelques albums ont été traduits en une dizaine de langue.
Ciso réédite des albums classiques de bande dessinée flamande, dont certaines bandes dessinées réalistes que Vandersteen a écrites dans les années 1950 et 1960.
En , une fresque murale de BD dédié à Bob et Bobette est inaugurée rue de Laeken 116[22]. Elle est réalisée par G. Oreopoulos et D. Vandegeerde[22] de l'association Art mural, dans le cadre du parcours BD de Bruxelles. Quatre autres murs de bandes dessinées sont créés dans la Korte Ridderstraat (courte rue du chevalier) 8 à Anvers (), près de la gare de Kalmthout (), dans la Handelsstraat (rue du commerce) à Anvers () et dans l'IJzerlaan (avenue de l'Yser) à Middelkerke ()[22]. En 2002, Monique Mol réalise une autre statue dédiée à Bob et Bobette à Middelkerke[22]. Dans le quartier de la bande dessinée de la ville néerlandaise d'Almere, les rues portent les noms de Wiske, Sidonia, Lambik et Jerom[22]. Le parc à thème couvert Comics Station d'Anvers 2017 s'inspire de six séries de bandes dessinées belges, parmi lesquelles Bob et Bobette[22].
Danny De Laet et Yves Varende, Au-delà du septième art : histoire de la bande dessinée belge, Bruxelles, Ministère des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement, coll. « Chroniques belges » (no 322), , 302 p., ill. ; 23 cm (OCLC301693218, lire en ligne).
Livres
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Jan Baetens, « Langue, rythme, récit », dans Formes et politiques de la bande dessinée, Louvain, Peeters, , p. 93-106.
(nl) Hans Matla, Stripkatalogus de negende dimensie : officiële cumulatieve stripografie van de stripboeken en striptijdschriften in de Nederlandse, Friese, Nedersaksische en Limburgse taal, 's Gravenhage, Panda, , 816 p., ill. (ISBN90-6438-111-9)
(nl) Jan Hoet et Dany Vandenbossche, « Willy Vandersteen », dans De wereld van de strips in originelen [« Le Monde de la bande dessinée en originaux »], Bruxelles, Vlaams Parlement, , 68 p., PDF (OCLC901366732, lire en ligne), p. 52.
Périodiques
Jacques de Lente, « Willy Vandersteen ou la bande dessinée industrialisée », Phénix, no 14, 4e trim. 1970, p. 27-36.
Willy Vandersteen (interviewé par Yves Frémion), « Willy Vandersteen : l'homme au 1000 albums », Zoo le Mag, no 46, , p. 74-76
(en) Gert Meesters, « Willy Vandersteen and His Legacy. Comics Publishing in Antwerp from 1945 to the Present Day », De Gulden Passer. Journal for Book History, numéro 92, 2014, p. 125-141.
Articles
Luc Honorez et Robert Rouyet, « Vandersteen avait construit un empire de fantaisie : était le Breughel de la BD belge "Plus Belges qu'eux..." », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).