Les Bisontins l'appellent de préférence église de la Madeleine.
Historique
Cette église est édifiée à la sortie du centre-ville historique (La Boucle) par le pont Battant, à l'entrée du quartier Battant (quartier historique des anciens vignerons de la cité), et a été construite, détruite et restaurée plusieurs fois.
Le , l'archevêque Antoine-Pierre II de Grammont pose la première pierre de la reconstruction de l'édifice, pour remplacer la vieille collégiale gothique qui menace de tomber en ruines. Les travaux, dirigés par l'architecte Nicolas Nicole (dont ce sera l'œuvre maîtresse), durent jusqu'en 1766 avec 66 m de longueur pour 39 m de largeur, une triple nef, de nombreuses chapelles latérales, des voûtes élancées, des statues du XVIe siècle, de riches collections de tableaux des écoles flamande et comtoise des XVIIe siècles et XVIIIe siècles, ainsi qu'une importante toiture en tuile vernissée de Bourgogne[1].
Entre 1828 et 1830, deux tours sont ajoutées pour finir l'ouvrage, avec au sommet de la tour de gauche, un automatecarillonneurJacquemard[4]. Au XVIIIe siècle, une méridienne / cadran solaire de Jean-Louis Bisot (ou Bizot 1702-1781)[5] est installée dans l'édifice, avec un œilleton placé au centre d'un carreau opaque sur le vitrail du font[1]. Les rayons solaires qui passent par ce trou pointent vers des lignes horaires indiquant les heures (Les lignes gravées en éventail, sur les dalles du sol de l'église, portent les heures en chiffres romains).
Cette église-halle est bâtie sur un plan en forme de croix latine, avec une grande façade classique constituée de colonnes d'ordre dorique et d'ordre ionique, flanquée de deux tours bâties sans les couronnements par Nicolas Nicole. Le bâtiment dispose d'une grande nef à trois travées, séparées de celles des bas côtés par des colonnes ioniques jumelées, ainsi qu'un transept non saillant, et un chœur clos par un chevet polygonal[1]. Les bas côtés, qui ont la particularité d'être voûtés d'arêtes, s'ouvrent sur des chapelles. L'éclairage de la nef, quoique parfois insuffisant, est assuré grâce à des vitraux situés dans les chapelles ainsi qu'à des rosaces situées sous la voûte. De 1982 à 1989, l'édifice est revêtu d'une nouvelle charpente recouverte de tuile vernissée de Bourgogne, avec des motifs en chevrons[1].
Pendant la Révolution française, le bâtiment est confisqué à titre de Bien national et utilisé en magasin à fourrage, avant d'être rendu au culte en 1795. Durant cette période, un grand nombre de biens mobiliers furent détruits ou disparurent[1]. Malgré tout, l'église Sainte-Madeleine possède encore à ce jour un grand nombre d'œuvres d'art chrétien, notamment des sculptures et des peintures remarquables. Outre ces dernières, on peut citer les fonts baptismaux du XVIe siècle, le maître-autel datant de 1834, la chaire datant du roi Louis XVI édifiée par Antoine Munier et provenant de l'Abbaye Saint-Paul de Besançon, ou encore la tribune de l'orgue franchissant la nef grâce à un remarquable appareillage de claveaux[1].
Au sommet de la tour de gauche de l'église est accroché devant les abat-sons un automatecarillonneurJacquemard. Le personnage siège sur une cloche en bois qu'il mime de faire sonner avec son marteau qu'il rabat entre ses jambes. Il est installé entre deux plus petites cloches qui sonnent les quarts d'heure. L'automate mesure 1m80 et est constitué de bois et de métal peints.
Histoire
La première mention du Jacquemard de l'église Sainte-Madeleine apparait dans les archives municipales en 1622 où on lit : « Le sculpteur Antoine Millet, de Fertans, est reçu citoyen à la seule condition de faire un nouveau Jacquemard de bois armé de plomb pour l’église Sainte-Madeleine ». Il y avait donc avant cette date [7]un Jacquemard déjà installé sur l'église et, selon toute vraisemblance, suffisamment ancien pour envisager son remplacement[8].
Le deuxième Jacquemard reste suspendu jusqu'en 1745 où il est placé dans une pièce borgne pendant que la nouvelle église se construit. un automate est à nouveau installé en hauteur en 1752.
Entretien et célébrations
Depuis son installation qui remonterait au XVe siècle, le Jacquemard est régulièrement décroché de sa tour (on dit qu'on « fait pisser le Jacquemard») pour être remplacé ou restauré. Après chaque restauration, le jour où il est hissé en haut de la tour de l'église est l'occasion de célébrer l'événement avec une procession de l'automate à travers la ville accompagnée de nombreuses festivités (représentations théâtrales, fanfares, discours du maire, etc).
En 1828, les Bousbots (habitants du quartier) se montrent mécontents de la réfection de l'automate qui vient d'être effectuée. En effet, il est paré de gants verts et d'une culotte grise au lieu d'être affublé des traditionnelles couleurs de la ville de Besançon : rouge, jaune et noir. A la réfection suivante de 1865, l'automate retrouvera ses couleurs d'origine. D'autre restaurations seront effectuées en 1892, 1926, 1977 et, la dernière en date, en 1997[9].
Le Jacquemard actuellement en place serait le 4ème automate construit depuis le début de cette tradition à l'église Sainte-Madeleine.
L'église héberge un musée de trois salles, où sont exposés l'histoire du quartier Battant, de sa vie viticole, et de ses personnalités historiques, ainsi que la vie religieuse de la cité, avec collection de paramentique catholique, objets de culte et documents... (le musée est ouvert uniquement pour les groupes et associations[11]).
Notes et références
↑ abcdefghijk et lBrochure éditée par la ville de Besançon, direction de la culture et du patrimoine, .
↑Richard, Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, librairie ecclesiastique de Cornu, (lire en ligne)
↑L'orthographe avec un t final est celle adoptée pour la cinquantaine de Jacquemarts français. Besançon est l'une des 2 villes à employer un d final, avec Lambesc.
↑On lui doit également des poèmes en patois bisontin dont La Jacquemardade.
↑Etienne MOREL, GENEALOGIE de Jacquemard, son origine sa premiere , sa seconde et sa troisieme descente, besancon, , 12 p. (lire en ligne), p. 12
↑Inconnu, « Jacquemard - Le sonneur automate de l'Eglise de la Madeleine », Le Jura Français du Rhin au Rhône, octobre - décembre 1997, p. 14-22 (lire en ligne)