Le mode de scrutin à Grenoble est celui des villes de plus de 1 000 habitants : la liste arrivée en tête obtient la moitié des 59 sièges du conseil municipal. Le reste est réparti à la proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Un deuxième tour est organisé si aucune liste n'atteint la majorité absolue et au moins 25 % des inscrits au premier tour. Seules les listes ayant obtenu aux moins 10 % des suffrages exprimés peuvent s'y présenter. Les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés peuvent fusionner avec une liste présente au second tour. 31 des 59 conseillers municipaux élus siègent au sein du conseil de Grenoble Alpes Métropole.
Les élections de 2008 sont marquées par la volonté d'inflexion vers le centre du maire sortant qui constitue une liste dans laquelle le MoDem est, après le PS, le parti le plus représenté. Trois élus ayant siégé dans l'opposition de droite entre 2001 et 2008 figurent également sur la liste de Michel Destot, dont Bernard Betto, ancien adjoint de son prédécesseur, Alain Carignon. Ce choix conduit à la fin de l'alliance entre le PS et l'ADES (association locale regroupant des sympathisants de gauche écologistes, antilibéraux, altermondialistes, etc. ), qui présente une liste autonome soutenue par les Verts et les Alternatifs. À droite, l'hypothèse d'une candidature d'Alain Carignon est écartée à la suite de sa lourde défaite aux législatives de 2007 face à Geneviève Fioraso et c'est Fabien de Sans Nicolas qui est désigné candidat.
À l'issue du premier tour, la liste conduite par Michel Destot arrive en tête et fusionne avec la liste Divers gauche GO Citoyenneté menée par Jean-Philippe Motte. Les listes de la droite et de l'ADES sont également qualifiées pour le second tour. À ce dernier, la liste d'union de la gauche arrive en tête avec une majorité relative ce qui permet à Michel Destot, maire depuis 1995, d'être réélu pour un troisième mandat. La liste de l'ADES obtient un bon résultat mais se retrouve dans l'opposition tandis que la liste de droite est à un niveau historiquement bas.
Contexte
Droite
À droite, Matthieu Chamussy, devenu chef de file de l'opposition municipale à la suite du retrait progressif de Fabien de Sans Nicolas, qui ne siège plus au conseil municipal, ne cache pas ses ambitions mais l'absence d'un leadership fort et les divisions internes à l'UMP conduisent la fédération UMP de l'Isère à prévoir d'organiser des primaires ouvertes[1]. Dans ce cadre des débats ont lieu au printemps 2013. Ils réunissent plusieurs candidats potentiels dont Denis Bonzy, ancien maire de Saint-Paul-de-Varces, ancien conseiller général et régional apparenté RPR[2], candidat UMP malheureux aux cantonales de 2008[3], Alain Carignon, Matthieu Chamussy et Benjamin Piton, responsable adjoint des Jeunes Actifs en Isère.
Alors que le premier tour de la primaire est prévu le 6 octobre 2013, le président de l'UMP 38, Jean-Claude Peyrin, décide, fin août, à la surprise générale, de suspendre le processus et transmet le dossier aux instances nationales[4],[5],[6]. Denis Bonzy prend alors la décision de mener une liste indépendante de l'UMP[7], décision qu'avait déjà prise l'ancien président de la CCI, Gilles Dumolard, qui avait pris sa carte à l'UMP en 2008[8],[9].
Le 7 octobre le Dauphiné libéré publie un sondage Ifop commandé par Richard Cazenave et Matthieu Chamussy, qui montre un net rejet d'Alain Carignon par les électeurs[10]. Les proches d'Alain Carignon dénoncent un sondage orienté[11]. Le 8 octobre, la commission nationale d'investiture de l'UMP désigne Matthieu Chamussy pour conduire la liste et lui impose trois colistiers : Alain Carignon en 3e position, Benjamin Piton en 5e et Richard Cazenave en 7e[12],[13]. Le 12 octobre, Matthieu Chamussy annonce qu'il accepte l'investiture mais qu'il compte placer Alain Carignon et Richard Cazenave à des places éligibles uniquement en cas de victoire[14],[15]. Dans la journée Richard Cazenave accepte tandis qu'Alain Carignon refuse et réclame que l'investiture soit retirée à Matthieu Chamussy[16],[17]. Dans la soirée Jean-Claude Peyrin déclare que la « décision irresponsable » de Matthieu Chamussy va lui faire perdre l'investiture[18],[19], ce qui est confirmé par Jean-François Copé le 15 octobre[20] et contesté par Matthieu Chamussy, lequel annonce qu'il sera candidat quoi qu'il arrive, et par des proches de François Fillon[21],[22]. Chamussy reçoit en novembre le soutien de la fédération iséroise de l'UDI[23]. Le 27 novembre, la CNI confirme l'investiture de Matthieu Chamussy en échange de sa promesse de proposer la 9e place à Alain Carignon[24].
Au cours de l'automne, plusieurs membres de la liste de Gilles Dumolard quittent celle-ci en raison de sa ligne jugée trop droitière. Les colistiers restant accusent Denis Bonzy, qui a annoncé que sa propre liste est complète[25], d'être à l'origine de ces départs, ce qu'il dément[26]. Le 5 décembre, Gilles Dumolard officialise sa décision de ne pas conduire de liste et affirme négocier son ralliement avec Denis Bonzy[27]. Il annonce finalement le 7 février qu'il ne sera présent sur aucune liste[28].
Majorité sortante
Au sein de la majorité municipale sortante, Michel Destot, après plusieurs mois de suspense[29],[30], annonce en septembre 2013 qu'il ne brigue pas un quatrième mandat de maire et qu'il soutient son premier adjoint, Jérôme Safar[31].
Philippe de Longevialle, adjoint à l'urbanisme, affirme pendant l'été 2013 qu'il conduira une liste de rassemblement centriste au nom du MoDem, alors qu'il est en délicatesse avec ce parti depuis les régionales de 2010[32],[33]. Il annonce par la suite qu'il conduira une liste « centriste » à l'écart des partis mais indique avoir le soutien du MoDem sur ses bulletins de vote et professions de foi.
GO Citoyenneté annonce le 21 novembre son choix de figurer dans la liste de Jérôme Safar dès le premier tour[34]. Le MRC et le PRG confirment également soutenir le candidat socialiste.
Après avoir appelé dans un premier temps à constituer une liste Front de gauche[35], la section locale du PCF se prononce le 10 décembre en faveur d'une alliance avec le PS[36].
EELV, PG et alliés
A Grenoble, les Verts, puis Europe Écologie Les Verts, ont une tradition d'alliance avec divers groupements locaux écologistes et de la gauche radicale. Après avoir soutenu le PS en 1995 pour gagner la ville, face au maire RPR sortant Alain Carignon, impliqué dans l'affaire Dauphiné News et qui sera ultérieurement condamné à une peine de prison ferme, l'association locale ADES, regroupant écologistes et anticapitalistes, a présenté une liste autonome en 2008. Celle-ci avait obtenu 15 puis 22 % des suffrages exprimés après s'être maintenue au second tour face aux listes PS et UMP. Forts de leurs résultats aux européennes, aux régionales et aux cantonales, les écologistes sont confiants dans leur capacité à rassembler largement à gauche pour représenter une alternative au PS[37].
Le Parti de gauche intègre le processus de constitution d'une alliance plus large le 21 novembre[34]. Le 7 décembre, le conseiller régional EELV Éric Piolle prend la tête de la liste « Grenoble, une ville pour tous » dans le cadre de « Grenoble, une ville pour tous. Le rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes » réunissant EELV, l'ADES, trois composantes du Front de gauche : le PG, la Gauche anticapitaliste et Les Alternatifs, ainsi que des citoyens engagés au sein du collectif Réseau citoyen[38].
Front national
Mireille d'Ornano, candidate du FN, déclare en septembre 2013 que sa liste est complète[39].
Catherine Brun Liste « Faites entendre le camp des travailleurs » (LO)
Maurice Colliat Liste « Unité pour la défense des droits ouvriers et des services publics » (POI)
Campagne
À partir du mois d'octobre les listes conduites par Gilles Dumolard et Jérôme Safar organisent des réunions publiques, de même que la liste écologiste, qui n'a pas encore de tête de liste[40].
La fédération iséroise de l'UMP, soutenue par Alain Carignon et Benjamin Piton, ouvre une permanence de campagne le 12 novembre alors que le candidat soutenu par le parti n'est pas encore officiellement connu, la CNI devant se réunir de nouveau le 27 novembre[41].
À partir du mois de novembre, les listes conduites par Matthieu Chamussy, Eric Piolle et Jérôme Safar commencent à distribuer des tracts sur les marchés et dans les boites aux lettres. Fin novembre, la gauche réagit vivement à la décision de l'UMP d'imposer la présence d'Alain Carignon sur la liste conduite par Matthieu Chamussy, rappelant les lourdes condamnations pénales de l'ancien maire[42],[43].
Fin décembre, Jérôme Safar publie sur son site de campagne les comptes-rendus de ses réunions de l'automne.
Début janvier 2014, Matthieu Chamussy, qui fait face au refus de plusieurs proches d'Alain Carignon de figurer sur sa liste, tels Michel Tavelle[44], Benjamin Piton[45] et Adrien Fodil[46], ce dernier rejoignant la liste de Denis Bonzy[47], dévoile les premières mesures qu'il mettrait en place après son élection et annonce que son programme complet sera publié le 16 janvier[48]. Denis Bonzy avait déjà rendu public l'intégralité de son programme dès l'été 2013.
Le 8 janvier, Matthieu Chamussy et Éric Piolle inaugurent leurs permanences de campagne[49],[50].
Le 10 janvier Jean-Marie Le Pen vient soutenir Mireille d'Ornano[51] ce qui provoque un rassemblement anti-FN qui réunit 300 personnes[52].
Le 13 janvier Jérôme Safar annonce le lancement de son site de campagne. Le même jour, Matthieu Chamussy annonce un recours devant la CNCCFP à la suite de propos de Michel Destot lors des vœux de la ville[53].
Au cours du mois de janvier la liste de Jérôme Safar annonce qu'elle distribuera 100 000 tracts pour mettre en avant le bilan de la municipalité sortante tandis que l'équipe de Matthieu Chamussy évoque la distribution de 85 000 exemplaires de son programme[54].
Le 24 janvier, la composition de la liste « Grenoble, une ville pour tous » est dévoilée[55]. La liste « Aimer Grenoble pour vous » est présentée le lendemain[56]. La liste « Croire en Grenoble » de Mathieu Chamussy est présentée à la presse le 1er février[57]. Le même jour Jérôme Safar dénonce la présence sur cette liste d'un colistier qui aurait publié un tweet raciste à l'encontre de Christiane Taubira, ce que celui-ci dément tout en se retirant de la liste[58].
Début février, Éric Piolle et ses colistiers, qui bénéficient d'une couverture médiatique nationale significative[59],[60], dénoncent, comme Matthieu Chamussy et Mireille d'Ornano, la politique d'urbanisme menée par la majorité sortante[61].
Le 12 février, Matthieu Chamussy reçoit la visite de soutien de François Fillon[62].
Le 15 février, Jérôme Safar présente son programme[63]. Najat Vallaud-Belkacem vient soutenir Jérôme Safar le 20 février[64], suivie le lendemain par Jean-François Copé pour Matthieu Chamussy[65].
Le 21 février, Éric Piolle détaille son programme, d'Ornano le fait le lendemain[66],[67].
Le 1er mars, Philippe de Longevialle rend publique la liste qu'il conduit[72]. Le 8 mars un débat réunit six des neuf candidats sur France 3 Alpes[73]. Les échanges concernent essentiellement l'urbanisation, la sécurité, la fiscalité, la démocratie locale et les déplacements. Le 10 mars, Éric Piolle présente un contre-projet pour la ZAC Esplanade[74]. Le même jour, Lahcen Benmaza présente sa liste et son programme à la presse[75]. Le 12 mars Hervé Morin vient soutenir la liste de Matthieu Chamussy[76]. Le 14 mars Éric Piolle reçoit la visite de Cécile Duflot[77]. Le même jour, les candidats (à l'exception de Lahcen Benmaza, Catherine Brun et Maurice Colliat), débattent sur téléGrenoble Isère. Les sujets abordés sont la pollution, les transports, l'aménagement urbain (urbanisme, logements sociaux, équipements publics), la foire des Rameaux, la Métropole, la fiscalité et la sécurité. Pendant la dernière semaine avant le 1er tour, la liste de Matthieu Chamussy distribue un tract dénonçant une possible future alliance entre les listes d'Éric Piolle et Jérôme Safar[78]. Le 19 mars, la liste Aimer Grenoble pour vous organise un concert gratuit au parc Paul-Mistral, la liste Grenoble une ville pour tous un meeting festif à la Bastille, en présence d'Éric Coquerel, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou et Philippe Meirieu, tandis que Croire en Grenoble tient sa dernière réunion de campagne à la Maison du tourisme[79]. Le 20 mars, Manuel Valls vient soutenir la candidature de Jérôme Safar[80]. Le matin du 21 mars les militants de Matthieu Chamussy accrochent 10 000 tracts aux rétroviseurs des voitures[81].
Après les résultats du premier tour qui le placent en tête, Éric Piolle propose, le 24 mars, à Jérôme Safar de le rejoindre en fusionnant leurs deux listes à proportion des pourcentages de ce tour[82]. Ces résultats sont analysés par les médias comme un désaveu pour la droite, le parti socialiste et les instituts de sondages[83],[84]. Le 25 mars Jérôme Safar reçoit le soutien de Philippe de Longevialle, éliminé à l'issue du premier tour[85], et maintient sa liste[86]. Les instances nationales du PS lui retirent en conséquence l'investiture du parti[87]. Matthieu Chamussy, qui annonce le même jour le soutien de Gilles Dumolard à sa liste, invite Éric Piolle à un débat face à face, considérant que la droite a une chance historique de gagner Grenoble et que Jérôme Safar et Mireille d'Ornano sont hors course[85]. Le 26 mars, la liste Nous Citoyens se divise entre Denis Bonzy, qui rejoint Jérôme Safar, et la majorité de ses colistiers, qui se rangent derrière Matthieu Chamussy[88]. Le même jour, les quatre candidats encore en lice débattent sur France Bleu Isère et Radio Campus Grenoble et abordent les discussions de l'entre-deux-tours, la fiscalité, la présidence de la Métro, les partenariats public-privé, l'élargissement de l'A480 et la sécurité[89]. Le 27 mars Christiane Taubira annule un déplacement de soutien à Éric Piolle[90]. Ce même jour, un débat télévisé réunit les quatre candidats sur France 3 Alpes[91]. Le lendemain, dernier jour de la campagne électorale, le passager d'une camionnette fait chuter Éric Piolle d'un coup de pied alors que celui-ci circule à vélo[92]. Il n'est pas blessé mais l'acte est condamné par ses concurrents et par des personnalités politiques nationales[93].
Unite pour la defense des droits ouvriers et des services publics
Inscrits
84 816
100,0
84 819
100,0
Abstentions
40 369
47,60
34 730
40,95
Votants
44 447
52,40
50 089
59,05
Blancs et nuls
1 062
1,25
928
1,09
Exprimés
43 385
51,15
49 161
57,96
La liste menée par Éric Piolle remporte le scrutin en progressant de manière significative entre les deux tours. Au contraire, la liste de Mireille d'Ornano perd des voix entre le premier et le second tour mais sa présence à ce dernier permet au FN de revenir au conseil municipal de Grenoble pour la première fois depuis 1995. La liste d'union UMP - UDI, en troisième position, réalise un moins bon résultat qu'en 2008 et ne parvient pas à devancer la liste de la majorité sortante qui s'effondre par rapport au précédent scrutin.
Conseil municipal élu
Groupes politiques
Les groupes politiques formés au début de la mandature 2014-2020
Nom
Effectif
Président(s)
Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes
42
Laurence Comparat - Claus Habfast
Rassemblement de gauche et de progrès
8
Jérôme Safar
UMP - UDI et société civile
7
Mathieu Chamussy
Front national
2
Mirelle d'Ornano
Liste Grenoble une ville pour tous
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