Avec quatre médailles d'or remportées, les Éthiopiens Haile Gebrselassie et Kenenisa Bekele sont les athlètes les plus titrés dans cette épreuve. Leur compatriote Tirunesh Dibaba, avec trois titres, détient quant à elle le record de victoires féminines.
Lors des championnats du monde de 1983 à Helsinki, l'Italien Alberto Cova réédite se performance des championnats d'Europe de 1982 en devançant de nouveau au finish l'Est-Allemand Werner Schildhauer. Cova l'emporte en 28 min 1 s 04, devant Schildhauer (28 min 1 s 18) et l'autre Est-allemand Hansjörg Kunze (28 min 1 s 26)[1]. Les Portugais Carlos Lopes et Fernando Mamede, qui figuraient parmi les favoris au titre, se classent respectivement 6e et 14e de la finale.
Quatre ans plus tard, aux mondiaux de Rome, le Kényan Paul Kipkoech surclasse ses adversaires en réalisant une deuxième partie de course en 13 min 25 s pour s'imposer finalement en 27 min 38 s 63, nouveau record des championnats du monde. L'Italien Francesco Panetta, médaillé d'argent, termine à près de dix secondes du Kényan, devant Hansjörg Kunze qui obtient sa deuxième médaille de bronze consécutive. Le champion du monde et champion olympique en titre Alberto Cova ne participe pas à ces championnats[1].
En 1991 à Tokyo, le Kényan Moses Tanui l'emporte dans le temps de 27 min 38 s 74, devançant dans les derniers mètres de la course son compatriote Richard Chelimo (27 min 39 s 41), auteur quelques semaines plus tôt de la meilleure performance mondiale de l'année. Le Marocain Khalid Skah, champion du monde de cross-country cette même année, réduit l'écart sur les deux athlètes échappés mais s'adjuge finalement la médaille de bronze en 27 min 41 s 74[1].
Lors des championnats du monde de 1993, à Stuttgart, Richard Chelimo figure parmi les favoris au titre, et ce en l'absence de son compatriote Yobes Ondieki qui lui a ravi le record du monde quelques jours auparavant. Mais c'est finalement le jeune éthiopien Haile Gebrselassie, champion du monde junior du 5 000 m et du 10 000 m en 1992, qui s'impose au sprint en 27 min 46 s 2, devant le tenant du titre Moses Tanui (27 min 46 s 54), Richard Chelimo obtenant la médaille de bronze en 28 min 6 s 02[1]. À l’entame du dernier tour, Gebrselassie marche sur le talon de Tanui, obligeant le Kényan à courir avec une seule chaussure durant les 400 derniers mètres[2].
En 1995 à Göteborg, le Kényan Josephat Machuka se distingue lors des séries en établissant un nouveau record des championnats du monde en 27 min 29 s 07. Trois jours plus tard, en finale, quatre athlètes sont en tête à 600 m de l'arrivée : le tenant du titre Haile Gebrselassie, nouveau détenteur du record du monde, son compatriote Paul Tergat, champion du monde de cross, et les deux Marocains Khalid Skah et Salah Hissou. À 200 m de l'arrivée, Gebrselassie lance une nouvelle attaque et s'impose en 27 min 12 s 95, signant un nouveau record des championnats du monde et décrochant son deuxième titre mondial consécutif. Khalid Skah est deuxième en 27 min 14 s 53 et Paul Tergat troisième en 27 min 14 s 70, devançant au millième de seconde Salah Hissou[1]. Josephat Machuka termine à la 5e place en 27 min 23 s 72.
1997-2005
Haile Gebrselassie, qui a remporté le titre olympique en 1996 et qui a porté le record du monde à 26 min 31 s 32 quelques jours auparavant à Hengelo, est le grand favori des championnats du monde 1997. À Athènes, l’Éthiopien remporte aisément son troisième titre mondial consécutif en 27 min 24 s 58 après avoir effectué une accélération et s'être détaché de ses concurrents peu avant le dernier tour. Paul Tergat se classe deuxième en 27 min 25 s 62 et Salah Hissou troisième en 27 min 28 s 67, podium identique à celui des Jeux olympiques de 1996[1].
Lors des championnats du monde 1999 à Séville, Haile Gebrselassie réussit l'exploit de décrocher un quatrième titre mondial consécutif sur 10 000 m. Figurant parmi les 5 athlètes en tête de la course à l’entame du dernier tour, il porte une accélération dans la ligne opposée et parvient à devancer progressivement tous ses adversaires. Il franchit la ligne dans le temps de 27 min 57 s 27, devant Paul Tergat, de nouveau médaillé d'argent en 27 min 58 s 56, et son compatriote éthiopien Assefa Mezgebu, troisième en 27 min 59 s 15[1].
Haile Gebrselassie, champion olympique à Sydney un an plus tôt, mais qui revient de blessure après avoir notamment subi une opération du Tendon d'Achille fin 2020, ne figure pas parmi les favoris des championnats du monde 2001. La victoire revient au Kényan Charles Kamathi qui devance de justesse en 27 min 53 s 25Assefa Mezgebu (27 min 53 s 97), Gebrselassie devant se contenter de la médaille de bronze en 27 min 54 s 41[1]. Charles Kamathi décroche le premier titre kényan sur cette distance depuis Moses Tanui, titré en 1991.
Deux ans plus tard, aux championnats du monde 2003 se déroulant au Stade de France, l'Éthiopien Kenenisa Bekele remporte à 21 ans son premier succès international majeur. A la lutte avec Haile Gebrselassie jusqu'aux dernier mètres de la course, il le devance sur la ligne d'arrivée en établissant un nouveau record des championnats du monde en 26 min 49 s 57, devenant le premier athlète à descendre sous les 27 minutes dans cette compétition. Gebrselassie obtient la médaille d'argent en 26 min 50 s 77 et précède le troisième éthiopien de la finale, Sileshi Sihine, médaillé de bronze en 27 min 1 s 44[1]. Le Qatarien Ahmad Hassan Abdullah, qui termine au pied du podium, établit un nouveau record d'Asie en 27 min 18 s 28 alors que le tenant du titre Charles Kamathi se classe 7e en 27 min 45 s 05.
Champion olympique du 10 000 m en 2004 à Athènes, et désormais détenteur du record du monde, Kenenisa Bekele confirme son statut de favori en décrochant son deuxième titre mondial consécutif sur cette distance à l'occasion des mondiaux d'Helsinki de 2005. Après avoir porté une accélération dans les 200 derniers mètres — courus en 25 s 9 —[1], il établit le temps de 27 min 8 s 33 et s'impose devant Sileshi Sihine (27 min 8 s 87) et le Kényan Moses Mosop (27 min 8 s 96). Haile Gebrselassie ne participe pas à l'épreuve, préférant se consacrer désormais aux courses sur route.
2007-2015
En 2007, lors des championnats du monde d'Osaka, Kenenisa Bekele s'adjuge son troisième titre mondial d'affilée en 27 min 5 s 90, devançant de près de quatre secondes Sileshi Sihine (27 min 9 s 03) qui obtient sa deuxième médaille d'argent mondiale consécutive, et de près de sept secondes le Kényan Martin Mathathi (27 min 12 s 17)[3].
Deux ans plus tard, à Berlin à l'occasion des championnats du monde 2009, Kenenisa Bekele confirme son statut de favori après avoir notamment remporté le titre olympique du 10 000 m un an plus tôt à Pékin. Comme à Osaka, il s'impose avec une large avance sur ses adversaires. En 26 min 46 s 31, il établit un nouveau record des championnats du monde et devance de près de quatre secondes l'Érythréen Zersenay Tadesse et de près de onze secondes le Kényan Moses Ndiema Masai, qui descendent également sous les 27 minutes en respectivement 26 min 50 s 12 et 26 min 57 s 39[4]. Avec quatre titres mondiaux consécutifs, il rejoint son compatriote Haile Gebrselassie au palmarès des athlètes les plus titrés dans cette épreuve.
Aux Mondiaux 2011 à Daegu, l'Éthiopien Ibrahim Jeilan décroche la médaille d'or en s'imposant au sprint en 27 min 13 s 81 devant le Britannique Mohamed Farah (27 min 14 s 07) et un l'autre éthiopien Imane Merga (27 min 19 s 14)[5]. Kenenisa Bekele, quadruple champion du monde en titre, abandonne peu avant le 6e kilomètre.
En 2013, lors des championnats du monde de Moscou, Mohamed Farah — titré un an plus tôt aux Jeux olympiques de Londres — remporte le titre mondial du 10 000 m en établissant son meilleur temps de l'année 27 min 21 s 71. Il devance au sprint Ibrahim Jeilan (27 min 22 s 23) qui l'avait dominé sur cette même distance deux ans plus tôt à Daegu, et le Kényan Paul Tanui, troisième en 27 min 2 s 83[6].
Mohamed Farah, champion olympique l'année précédente à Rio de Janeiro, remporte un 3e titre mondial consécutif sur 10 000 m lors des championnats du monde 2017 de Londres, devant son public, où il signe au passage la meilleure performance mondiale de la saison, en 26 min 49 s 51. Il devance l'Ougandais Joshua Cheptegei (26 min 49 s 94) et Paul Tanui (26 min 50 s 60) qui décroche sa troisième médaille de bronze consécutive dans cette épreuve[8]. Il s'agit de la dernière participation du Britannique aux mondiaux d'athlétisme sur piste, Mo Farah préférant se consacrer désormais aux épreuves sur route.
En 2019, Joshua Cheptegei devient champion du monde du 10 000 mètresà Doha en 26 min 48 s 36 (meilleure performance mondiale de l'année) en devançant l'Éthiopien Yomif Kejelcha (26 min 49 s 34, record personnel) et le Kényan Rhonex Kipruto (26 min 50 s 32) dans une course très rapide où six athlètes descendent sous la barre des 27 minutes[9]. Le Canadien Mohammed Ahmed, sixième, établit un nouveau record national, tout comme l'Italien Yemaneberhan Crippa, 8e.
Championne olympique en 2016 et détentrice du record du monde, l'Éthiopienne Almaz Ayana confirme sa domination sur la distance en remportant le titre des championnats du monde 2017, à Londres. Seule en tête après la mi-course, elle creuse progressivement l'écart, prenant même un tour d'avance à plusieurs concurrentes. Elle s'impose dans le temps de 30 min 16 s 32, à un peu moins d'une minute de son record du monde, établissant au passage la meilleure performance de la saison[13] et devançant par une énorme marge de 46 secondes Tirunesh Dibaba, deuxième en 31 min 2 s 69 et la Kényane Agnes Tirop, troisième en 31 min 3 s 50 (record personnel).
Aux championnats du monde 2019 de Doha, la Néerlandaise Sifan Hassan remporte le titre du 10 000 m quelques jours avant de réaliser un doublé inédit sur 1 500 m. Sur la plus longue des distances, elle l'emporte en 30 min 17 s 62[14], améliorant son record de plus d'une minute, et devance de plus de trois secondes l’Éthiopienne Letesenbet Gidey, médaillée d'argent en 30 min 21 s 23, et de plus de six secondes Agnes Tirop, médaillée de bronze une nouvelle fois dans le temps de 30 min 25,2 s[15]. Parmi les huit premières de la course, sept athlètes améliorent leur record personnel. Il s'agit du premier titre d'une athlète européenne dans cette épreuve depuis Fernanda Ribeiro en 1995.
Médaillée d'argent à Doha, Letesenbet Gidey s'impose lors des championnats du monde 2022 à Eugene — son premier titre international majeur — en établissant la meilleure performance mondiale de l'année en 30 min 9 s 94[16], après avoir résisté dans la dernière ligne droite au retour de ses concurrentes, parmi lesquelles la tenante du titre Sifan Hassan[17]. Elle devance sur le podium les Kényanes Hellen Obiri (30 min 10 s 02) et Margaret Chelimo Kipkemboi (30 min 10 s 07) qui battent toutes les deux leur record personnel, Sifan Hassan terminant 4e en 30 min 10 s 56.