Affreux, sales et méchants (Brutti, sporchi e cattivi) est un film italien réalisé par Ettore Scola, sorti en 1976. Le film traite de la banlieue romaine et de ses bidonvilles au début des années 1970, impitoyablement racontés avec tout leurs lots de misère sociale, morale et matérielle.
Une vingtaine de personnes — parents, enfants, leurs conjoints ou amants, petits-enfants et la grand-mère — s'entassent dans un sordide taudis, vivant de larcins et de prostitution, sous l'autorité tyrannique du patriarche borgne, Giacinto Mazzatella, avare et violent. Celui-ci possède une liasse d'un million de lires, reçues en indemnité pour avoir perdu l'usage d'un œil à la suite d'un accident du travail. Il est obsédé par la crainte qu'un de ses proches puisse lui dérober son magot.
C'est alors que Giacinto s'entiche d'une prostituée obèse. Il commence à dépenser son argent avec elle et l'invite même à venir habiter chez lui avec sa famille, ce qui attise évidemment la colère de son épouse. Celle-ci, pour laver l'affront, organise avec toute la famille l'assassinat du mari et père indigne.
Le film fut presque entièrement tourné à Rome, dans le quartier de Monte Ciocci d'où l'on aperçoit la coupole de la basilique Saint-Pierre. Cette zone fut véritablement occupée, jusqu'en 1977, par des taudis habités par des chômeurs et par des ouvriers travaillant dans les chantiers des quartiers voisins. Dans un premier temps, Ettore Scola comptait faire un documentaire sur ces bidonvilles et leurs habitants. Il décida plutôt d'aborder le sujet sous forme d'une comédie de fiction.
Le film devait débuter par une préface écrite et lue par Pier Paolo Pasolini, qui comptait y décrire la transformation du sous-prolétariat au contact de la société de consommation durant la période qui sépare ses films Accattone et Mamma Roma (réalisés en 1962) d'Affreux, sales et méchants. Pasolini fut assassiné avant d'avoir pu écrire cette préface.
Montage
Dans la version éditée en DVD, le film est amputé d'une séquence assez sanguinolente de trois à quatre minutes montrant la famille réunie autour de la mère, en train de découper des abats (cœur, foie, poumons) de bœuf. C'est à ce moment-là que la famille prend la décision d'assassiner Giacinto. Ce passage existe en revanche dans le DVD édité par Carlotta Films en 2011.
Musique
L'un des fils de Giacinto Mazzatella répète le Va, pensiero (Chœur des esclaves hébreux). Célèbre air d'opéra lyrique composé par le compositeur italien Giuseppe Verdi, de son opéra Nabucco de 1842.