La famille Lenfant d'Aix est distincte de la famille L'enfant d'Anjou bien qu'elle fit falloir le lien avec celle-ci en indiquant que l’un de ses membres aurait vu tous ses biens et titres détruits pendant les guerres de religion. Rien ne vient toutefois établir ce lien[1].
La filiation connue cette famille remonte à Benoit Lenfant[1], décédé avant 1603 et son fils Edme Lenfant, natif d'Auxerre, hôtelier qui tenait à Aix dans les premières années du XVIIe siècle l'auberge à l'enseigne de la Ville de Paris ou Le Logis de Paris[2].
La famille Lenfant est caractéristique de ces familles qui en deux générations ont intégré la haute bourgeoisie et la noblesse provençale. L’ascension des Lenfant figure, de ce point de vue, parmi les plus remarquables de la bourgeoisie aixoise[1].
Edme Lenfant a notamment quatre fils : Jean, Jean-Louis, Philippe, Simon[2]. L'ainé est rentier du duc de Lesdiguières, Jean-Louis est fermier de l'archevêché mais aussi consul d'Aix en 1661 et acquéreur de l’hôtel particulier des Cormis de Beaurecueil à Aix, Philippe est cuisinier du marquis d'Oraison, son petit fils est Alexandre Lenfant , et Simon est maitre d'hôtel de Louis XIV. Tous leurs enfants entrent comme conseillers au Parlement d'Aix[2].
Biographie
Alexandre Lenfant fait ses études secondaires au collège de la Trinité à Lyon avant d'entrer au noviciat d'Avignon de la compagnie de Jésus le . Il enseigne dans les collèges jésuites d'Aix et de Besançon avant de faire ses études de théologie à Lyon (1751-1754) : il est ordonné prêtre à Lyon en 1754.
Oncle de la châtelaine de Châtillon-sur-Saône, Madame Claude Urguet de Saint-Ouen, il séjourne chez ses neveux à Bulgnéville de 1768 à 1771. Par la suite, il leur rend fréquemment visite à Lironcourt et Châtillon. Un crucifix en ivoire visible à l'église de Châtillon a été donné par lui[3].
Ayant perdu la protection du roi Stanislas, il quitte la Lorraine et se rend à Vienne (Autriche) où il est appelé comme prédicateur à la cour de l’impératrice Marie-Thérèse. Il y reste trois ans avant de revenir à Paris, où il entre à la cour de Louis XVI comme confesseur du roi.
À la chute de la monarchie et comme on le soupçonne d'avoir une grande influence sur le roi déchu, il est recherché par les révolutionnaires. La correspondance du père Lenfant illustre dramatiquement la vie des prêtres réfractaires à Paris. À propos de la constitution civile du clergé (1790), il est clair : « plutôt la pauvreté totale et la mort que faire ce serment impie ». Pour éviter ce serment, il refuse de prêcher le carême de 1791 à la Cour. Mécontent de cet affront, le parti révolutionnaire l'accuse, comme confesseur, d'avoir persuadé le roi d'accomplir ses obligations pascales en secret, avec l'assistance d’un prêtre réfractaire.
Pour soutenir les chrétiens fidèles à l’Église Lenfant reste à Paris, mais il vit de plus en plus dans la clandestinité, changeant fréquemment de logement et de déguisement. Il est malgré tout arrêté et incarcéré à la prison de l'Abbaye, le . Il s’y trouve en compagnie d’un grand nombre de prêtres réfractaires. Ils devaient être déportés en Guyane (via les pontons de Rochefort). Un prêtre assermenté et député, Simon-Edme Monnel, qui a des contacts avec la Commune de Paris tente de le faire échapper, mais il échoue. Lenfant, avec les autres, est finalement victime de la furie révolutionnaire de septembre 1792.
↑ ab et cBernadette Genès, Natif de ce lieu : le village provençal au XVII° et XVIII° siècle, Edisud, , 337 p. (ISBN2-85744-807-4, lire en ligne), p. 51 et suiv.
↑Jean--François Michel (dir.), « Lanfant (Alexandre de) », dans Les Vosgiens célèbres : dictionnaire biographique illustré, Vagney, Gérard Louis, (ISBN2-907016-09-1, lire en ligne), p. 218.
Annexes
Bibliographie
H. Fouqueray: Une victime des journées de septembre, le Père Lenfant, dans Études, vol.105 (1905), p. 50-75 et p. 161-184.
H. Fouqueray: Un groupe de martyrs de . Vingt-trois anciens Jésuites, Paris, 1926, p. 1-62.