Le terme français « château anglais » traduit improprement le terme générique anglais country house (littéralement : maison de campagne). Il s'agit de demeures plus ou moins vastes, entourées d'un parc d'agrément, propriétés ancestrales de grandes familles (titrées ou non) qui possédaient aussi en général un hôtel particulier à Londres (Townhouse(en)). Ces résidences, principales ou secondaires, lieux de pouvoir d'aristocrates ou de grands propriétaires terriens (landed gentry) qui, jusqu'au premier tiers du XIXe siècle, tiraient leurs revenus de leurs terres et régentaient l'Angleterre rurale, sont qualifiées en français, de manoirs, châteaux, gentilhommières.
Historique
Comme dans le reste de l'Europe, la fin du Moyen Âge voit les guerres féodales disparaitre et le pouvoir royal se renforcer, garant d'une certaine stabilité politique. Aussi la fonction résidentielle des châteaux prend-elle désormais le pas sur leur fonction défensive.
La mode du style palladien, florissant jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, puis du style néoclassique entraîne la reconstruction totale de demeures de la grande aristocratie comme Chatsworth House (par William Talman) et l'aménagement coûteux de leur parc par des architectes-paysagistes renommés, comme Capability Brown. Les familles moins puissantes, ou moins riches que le duc de Devonshire, se contentent souvent d'ajouts et de rénovations qui marient plus ou moins harmonieusement les styles et les modes, comme à Lyme Park où la galerie à arcades de style italien (de Giacomo Leoni) masque judicieusement les irrégularités des constructions successives. Ce sont là les authentiques maisons de campagne anglaises.
Le lent déclin du pouvoir politique des grands propriétaires terriens au cours du XIXe siècle, la crise agricole des années 1870, la saignée de la Première Guerre mondiale, la forte augmentation des taxes et les droits de succession élevés ont porté un coup fatal aux revenus et au style de vie très codifié (illustré par Downton Abbey) des propriétaires de ces grandes demeures aristocratiques. Plus d'un millier, et non des moindres, ont été détruites au cours du XXe siècle[1], faute de pouvoir être entretenues, leur contenu (mobilier, tableaux, vaisselle...) vendu aux enchères et les bâtiments transformés en carrière de pierres, longtemps dans l'indifférence générale. Quelques-unes furent achetées par de riches industriels et reconstruites aux États-Unis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un certain nombre furent réquisitionnées et très dégradées ; 300 ont été détruites dans les années 1950[2]. Mais les historiens et l'opinion publique ont peu à peu réalisé la nécessité de protéger ces bâtiments patrimoniaux, survivants vulnérables d'une époque disparue[2].
Certaines, toujours habitées par leurs propriétaires historiques, ont dû s'ouvrir au public. Un certain nombre a été confié au National Trust. Leur contenu est parfois la propriété de musées locaux ou nationaux comme le Victoria and Albert Museum. Une source de revenus est l'organisation de cérémonies, de séminaires ou de mariages, une autre d'être un lieu de tournage.
Notes et références
↑Gilles Worsley, England's lost Houses : From the Archives of Country Life, Londres, Aurum Press, , 192 p. (ISBN1-85410-820-4), p. 7
↑ a et bGiles Worsley, « Country houses: the lost legacy », The Thelegraph, (lire en ligne, consulté le )