La dexmédétomidine, ou D-médétomidine, est un médicament sédatifα2-agoniste utilisé en anesthésiologie humaine et vétérinaire. Il s'agit de l'énantiomère dextrogyre de la médétomidine. Son énantiomère lévogyre, appelé L-médétomidine ou lévomédétomidine, ne semble avoir aucune propriété pharmacologique, c'est pourquoi la dexmédétomidine est environ deux fois plus puissante que le racémique (mélange des énantiomères) que constitue la médétomidine.
Mode d'action
La dexmédétomidine agit sur les récepteurs adrénergiques α2 localisés dans le système nerveux central et le cœur. Elle diminue la libération de noradrénaline et provoque une inhibition du système nerveux sympathique. Ainsi, la médétomidine est responsable d'une diminution de la vigilance, de la nociception et du tonus musculaire.
À l'étage cardiaque, elle provoque une bradycardie par un double mécanisme d'inhibition sympathique et d'activation parasympathique.
La dexmédétomidine agit également, mais dans une moindre mesure, sur les récepteurs adrénergiques α1, ce qui provoque une vasoconstriction périphérique et une hypertension. Cette action est observée aux concentrations élevées obtenues par exemple par une administration en bolus ou en perfusion sur une courte durée.
Elle fait également diminuer la production de cytokines en cas de sepsis[2].
La molécule est beaucoup plus spécifique des récepteurs α2 que des α1 que la clonidine[3].
Sur des modèles animaux, la molécule protégerait la micro-circulation au niveau du tube digestif[4], les poumons[5], les reins[6] et le cœur[7] lors de différents stress.
Utilisation / Posologie
Médecine humaine
Il est utilisé, en anesthésie, en tant que sédatif[8]. Il peut être utilisé également en perfusion en réanimation, comme alternative au midazolam ou aux dérivés morphiniques[9].
La dexmédétomidine est commercialisée en France sous le nom de spécialité de Dexdor 100 microgrammes/ml, solution à diluer pour perfusion depuis le par le laboratoire Baxter. Cette spécialité bénéficie d'une AMM européenne en date du accordé à Orion Corporation Finlande. L'indication d'AMM est la sédation des malades sous respiration mécanique en unité de soins intensifs[12]. Il y a quelques avantages de confort par rapport au traitement de référence qu'est le propofol ou le midazolam, avec une diminution du risque de survenue d'une syndrome délirant[13],[14]. Elle améliore également la qualité du sommeil durant la sédation[15].
Une forme sublinguale a été testée avec succès sur états d'agitation chez le patient bipolaire[16].
L'administration en intranasal peut aider la réalisation de certains actes chez l'enfant[17] ou peut calmer l'agitation des personnes âgées en péri-opératoire[18].
Médecine vétérinaire
La dexmédétomidine possède une activité sympatholytique. Elle est utilisée en médecine vétérinaire comme sédatif, analgésique et myorelaxant.
En anesthésiologie, elle est indiquée pour la prémédication et la sédanalgésie. Elle potentialise la narcose et la myorelaxation des anesthésiques halogénés volatils (halothane, isoflurane...)[19].
La dexmédétomidine provoque une dépression cardio-respiratoire importante à l'origine d'une bradycardie sinusale, de blocs auriculo-ventriculaires et d'une bradypnée dose-dépendantes. Elle induit également une vasoconstriction et une hypertension au début de l'injection, avec diminution des chiffres tensionnels par la suite[20].
Elle diminue les contractions des muscles lisses : elle freine ainsi la motricité gastro-intestinale et provoque des vomissements et une incontinence urinaire passagère.
En outre, la dexmédétomidine est hypoinsulinémiante et ainsi, secondairement hyperglycémiante, à l'origine d'une glycosurie, surtout chez le chat.
Les α2-agonistes peuvent être utilisés chez le chat comme vomitifs lors d'intoxication aiguë par des toxiques non caustiques.
Obstacles mécaniques au péristaltisme, urolithiase
Interactions médicamenteuses
Il est déconseillé d'administrer des anticholinergiques (atropine, glycopyrrolate) pour lutter contre la bradycardie car il existe d'importants risques d'hypertension sévère et d'arythmie[réf. souhaitée].
Certains opioïdes (fentanyl, butorphanol et péthidine) potentialisent les effets secondaires de la médétomidine[réf. souhaitée].
L'administration de propofol après la médétomidine est susceptible d'induire une hypoxémie[réf. souhaitée]. Chez le chat, la dexmédétomidine ne doit pas être administrée en cas d'anesthésie générale à l'enflurane[réf. souhaitée].
Antagonisation
La dexmédétomidine est antagonisée par des α2-antagonistes, préférentiellement l'atipamézole.